Chapitre 33 : La réponse

33 6 1
                                    

Je ne connais pas cette personne. Sa remarque me met hors de moi car comment peut-il juger sans savoir. J'essaye d'en savoir un peu sur elle et surtout savoir d'où elle connaît Ruth. Au moment où j'essaye de l'interpeller, cette personne décide de partir. Je le regarde au loin, s'éloigner du lycée. Comme s'il était venu juste pour ça. J'ai horreur de ce genre de réaction, c'est tellement irrespectueux et puéril. Ce qui me met en rogne c'est le fait qu'elle le dise tellement fort que même les responsables l'ont entendu. Je devrais m'estimer heureuse que la plupart des personnes du lycée étaient à l'intérieur.

« Allez rentrer mademoiselle, on n'a rien entendu, ne vous inquiétez pas. »

D'ailleurs les potes à Isaac, me regardent tellement mal. Ils ont encore cette histoire dans leurs têtes, faudrait vraiment qu'il arrête de penser que j'ai voulu retourner Isaac contre eux. C'est juste qu'il y a une certaine chose qui ne se fait pas. Pour eux, tout est permis et on ne doit rien leur dire, ils sont ridicules.

Tous ces évènements me rendent mal à la tête. J'ai l'impression que mon cerveau va exploser, c'est trop pour moi. Je me mets les mains sur mon visage puis je secoue la tête comme pour me réveiller de ce cauchemar. La réalité me fait face, je dois confronter tout ça seule. Je soupire puis je m'avance vers la salle de cours, j'ai déjà dix minutes de retard.

Les cours vont sûrement me faire changer les idées, je n'aurais jamais pensé dire ça un jour.

« Zyneb, qu'est-ce que tu fous ? Tu traînes trop ! »

Je me retourne et je croise une camarade. Elle se met à courir, je fais de même. On se dirige vers la salle de mathématiques. La matière que j'affectionne moyennement.

« Tu n'as pas l'air d'aller bien. Quand je t'ai croisée, tu regardais par terre, tu ne savais pas où tu allais. »

Elle me lance ça en rentrant dans les couloirs du lycée en chuchotant. Je préfère ne pas lui répondre.

« Zyneb, attention aux retards. »

Je décide de m'asseoir complètement essoufflée. Ce professeur m'étonnera toujours, je me demande pourquoi il n'a pas eu la même réaction concernant ma camarade, je ne suis pas la seule finalement à être arrivée en retard.

« J'espère que les chiottes n'étaient pas bouchées quand tu étais partie. »

« Non et heureusement d'ailleurs. Tu imagines si c'était le cas ? »

« Colette et Nathalie, vous discuterez plus tard. »

J'entends cette conversation sur ma chaise au loin, je comprends que ma camarade était partie aux toilettes. Je sais enfin comment s'appelle cette camarade qui était super sympa avec moi, c'est donc Nathalie.

« Zyneb, puisque vous êtes arrivée, voici votre devoir corrigé. »

Je découvre sans étonnement que j'ai eu un joli cinq sur vingt. Je ne suis pas étonnée, je n'avais pas vraiment révisé, les mathématiques n'ont jamais été mon fort. Plus on avance, plus je me perds.

Actuellement, on est sur les algèbres et je ne pense pas que ce cours arrivera à me faire changer les idées comme je le pensais tout à l'heure. En y pensant, Ruth me manque vraiment beaucoup. Si je pouvais faire en sorte d'avoir un seul contacte avec elle, ça serait vraiment incroyable mais je ne peux pas. J'espère vraiment qu'elle ne pense pas que je l'ai laissé tomber, ça me fera de la peine.

Pour ne pas penser négativement, je me décide à me motiver, j'essaye de participer. Je me dis que si je laisse le temps passer, la durée du cours me semblera interminable. Avant de lever la main, il faudrait déjà savoir la réponse et surtout savoir de quoi il parle puis je me lance.

« C'est la réponse B, Monsieur. »

« Ce n'est pas ça mais j'apprécie ton effort. Continue comme ça ! »

Je décide de prendre note de la réponse puis j'essaye de comprendre où est ce que j'ai eu faux. Il me faut du temps à analyser la réponse mais ça commence à rentrer. Ce qui me fatigue c'est qu'a chaque fois je pense avoir compris, je me retrouve face à l'évaluation à ne pas réussir. J'ai vraiment de très grosses difficultés en mathématiques mais pour la prochaine évaluation, je suis prête à faire des efforts pour au moins avoir la moyenne.

« Bon, Zyneb, tu as bien commencé mais tu rêvasses encore ! »

Il me fait rire ce professeur. Est-il justement au courant que je pense à son cours ? Je préfère ne pas répondre, ce n'est pas vraiment utile.

« Zyneb, ça va tu t'en sors ? »

« Ça va aller ! »

« Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas ! »

Nathalie est d'une gentillesse folle. Il y a des moments où je me dis que je devrai plus m'ouvrir à elle. Tout le monde n'est pas contre moi.

« Pour la semaine prochaine, n'hésitez pas à revenir sur les notions qu'on vient de voir. »

L'horloge s'approche de l'heure de la fin des cours. Le professeur nous donne les instructions à faire pour la prochaine fois. Une minute après la sonnerie retentit, comme une libération de cette journée qui semblait sans fin. Les chaises grincent, les bavardages reprennent petit à petit, on sent que les personnes sont perdues par le cours mais heureux de rentrer chez soi.

D'ailleurs c'est l'avant-dernier jour avant le week-end, je n'ai jamais été aussi à la fois contente car je vais me reposer mais aussi triste par rapport à l'enterrement à mon père. À ce moment précis, je vais sûrement sangloter un peu comme d'habitude pour pas changer. Je pense que mes larmes seront beaucoup plus abondantes compte tenu de la situation. Quand on m'a appris sa mort, j'en ai pleuré mais je ne me rendais pas vraiment compte. Demain, je vais commencer à assimiler le fait qu'il soit plus là et ça me tue.

Je pense à mon avenir, la perspective de ma vie sans lui. C'est compliqué. En pensant à tout ça, je me demande comment je fais pour tenir. Ce sont sûrement mes interrogations qui me font tenir debout. Toutes ces choses étranges que j'ai envie d'élucider comme ces personnes qui pleuraient devant chez moi qui ne sont d'ailleurs plus jamais revenus, je me demande s'ils ne m'ont pas répondu.

Je m'approche de mon ancienne maison, je jette un coup d'œil et je me rends compte qu'une lettre est à l'intérieur. Avec la clef que j'ai gardée, je me précipite pour ouvrir cette boîte. C'est la même adresse à qui j'ai envoyé, ça me conforte plus dans le fait que ce soit ces personnes.

Je prends l'enveloppe, je l'ouvre puis un message ressort.

« On est très contente que tu nous réponds depuis le temps, rejoins-nous demain devant le parc, tu sauras qui nous sommes. »

Sombres AffairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant