Chapitre 7 : Lâcher prise

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J'éclate de rire, elle agit comme si je ne le savais pas ?

Je préfère l'ignorer car elle n'en vaut pas la peine mais elle est bien décidée à ne pas me lâcher aujourd'hui. Elle m'attrape le bras puis continue.

« Être adoptée, c'est vraiment la honte. Ça veut dire que tes vrais parents ne t'aimaient même pas. Ils t'ont abandonnée. La honte. »

Mon sang ne fait qu'un tour et je finis par lui mettre un coup de poing. Elle répond puis ça se finit en bagarre. Pendant cinq minutes, les autres nous regardent en train de s'en mettre plein la tête. Les coups fusent de tous les côtés. Aucune personne ne nous sépare. Aucune. Au contraire, les personnes encouragent à continuer en se mettant en ronde. Comme si c'est ce qu'il attendait. Ils crient en chœur pour soutenir mon autre camarade. Jusqu'au moment où le professeur nous sépare. Il était trop occupé à parler de son week-end à son collègue.

Il nous disperse chacun d'un côté et il nous demande d'aller au coin. Comme des élèves de maternelle. C'est tellement absurde. Je ne vais pas vous mentir, j'ai honte mais j'en peux plus. Il fallait que je réagisse, une bonne droite, ça ne fait pas du mal non plus. Au moment où le professeur nous disperse d'un coin à l'autre, j'en profite discrètement pour aller aux toilettes. Je veux voir quand même à quoi je ressemble. Je me mets un peu d'eau sur le visage pour essayer d'avoir bonne mine mais rien ne change. J'ai une bosse sur le front. Super. Je retourne dans la cour et je me rends compte que le professeur était en train de me chercher.

« Tu étais passée où ? »

« Aux toilettes. Pourquoi ? »

« Je peux savoir pourquoi vous vous êtes battues ? »

« C'est elle qui a commencé ! »

« Elle m'a dit que c'est toi qui as commencé, en lui mettant un coup dans la figure ! »

Je ne suis pas d'humeur à me justifier pour quelque chose que j'ai fait alors que c'est elle qui m'a provoquée. C'est comme ça depuis toujours dans cette classe. Malgré tout, c'est compliqué de garder le silence alors que le professeur semble avoir envie d'une réponse.

« Réponds à ma question ! »

« C'est une menteuse ! Elle vient me provoquer sur le fait que je sois adoptée et que mes parents ne me voulaient pas. »

« Et alors ? Tu n'es pas obligé de lui mettre un coup de poing. Ce n'est rien ce qu'elle t'a dit au fond ! »

« Ce n'est rien ce qu'elle t'a dit au fond. » Je suis outrée. Je ne sais même pas quoi lui dire tellement que la réponse est tellement déplacée mais il se rend finalement compte de sa maladresse.

« Je suis désolé, je n'ai pas à prendre parti dans vos problèmes. »

Je pensais que le professeur présentait sincèrement ses excuses mais à ma gauche, je vois le proviseur en train de regarder la scène de son bureau. C'est dingue à quel point l'influence du proviseur est grande, s'il n'avait pas assisté à la scène, il aurait été du côté de cette garce. Je sais que je peux toujours en parler au proviseur. Je pense que je le ferai.

Le professeur semble tellement mal à l'aise qu'il me demande d'aller rejoindre les autres élèves. Le reste de la séance se passe assez moyennement. Mes pensées sont remplies par cette bagarre. Je n'arrive pas à me concentrer, j'ai juste envie de rentrer à la maison. Je pensais que cette séance de sport allait être géniale mais c'est tout le contraire.

Après les deux heures de sport, je suis déjà la première à quitter le cours. Je me souviens de ce que le proviseur m'avait dit. De le prévenir en cas de problème. Il semble être témoin de la scène, j'hésite à aller le voir. Je prends mon courage à deux mains et j'y vais.

Je me dirige vers son bureau, je toque une première fois, personne ne répond. Je toque une deuxième fois, même résultat. Je me rends compte qu'il est parti. Je n'avais pas fait attention qu'il finît plus tôt aujourd'hui. Je soupire puis je décide de rentrer à la maison, j'ai eu une journée assez chargée.

En quittant le lycée, et en me dirigeant vers la route du chemin qui me dirige vers chez moi, j'entends une voix assez grave.

« ZYNEB, attends-moi ! »

C'est Isaac qui vient vers moi. Tellement essoufflé, que j'ai l'impression qu'il vient de pratiquer du sport avec moi.

« Je suis désolée pour tout à l'heure, mais faut que tu me croies, ton père n'est pas net. »

« Tu ne veux pas me lâcher avec mon père, sérieux ? »

« D'accord. Mais attends, tu t'es fait quoi sur ton front ? »

« Rien, je me suis juste cognée. »

« Ah d'accord. Viens chez moi, j'ai de quoi te soigner. »

« Je n'ai pas envie d'aller chez toi, je préfère le faire toute seule. »

« Ne fais pas ta timide ! Tu découvriras chez moi. Ne t'inquiète pas, ton père doit être au travail à cette heure ! »

Il semble tellement impliqué à ce qu'on voit ma bosse. Je ne sais pas, aujourd'hui, j'ai envie de lâcher prise et de le suivre. J'accepte sa proposition, on continue le chemin ensemble. Il commence à me poser plein de questions. Il semble inquiet, il ne l'a fallu pas beaucoup de temps pour savoir que je m'étais battue. J'ai craqué et je lui ai tout dit. C'est un peu la seule personne de mon âge que j'ai pour me confier.

« J'aurais réagi pareil. Ne t'en fais pas, je ne te jugerai pas. Elle est débile. J'espère que tu lui as refait son portrait. »

J'aurais tellement aimé qu'il soit dans ma classe, au moins, j'aurais eu quelqu'un à qui discuter. Après avoir parlé pendant plusieurs minutes, on arrive enfin chez lui. Et tout est beau. J'ai l'impression de découvrir un autre monde. Il a chez lui, les dernières technologies. Je n'y crois pas, il a un ticket pour aller voir Queen en concert ! J'hallucine, j'aurai tellement aimé les voir. Surtout Freddie Mercury, mon idole ! Isaac me regarde au loin, comme une tarée. Il a le sourire aux lèvres.

« Tu es toute belle quand tu es émerveillée comme ça ! »

Je suis gênée, je ne le réponds pas mais, je le souris.

« J'ai oublié que je devais te soigner, alors, suis moi. »

On se dirige vers la salle de bains, il me met une crème sur le front pour que ma bosse disparaisse. Je souffre un peu, puis je vois la bosse au miroir, elle ne m'a pas raté.

« Tiens ! Je te donne la crème. N'hésite pas à en mettre chaque soir ! »

« Merci ! »

Il me fait un câlin, et me chuchote que je devrais venir plus souvent. Il me dirige vers la porte puis au moment de partir, j'entends des pas assez lourd. Ma curiosité me pousse à me retourner. Je vois un vieil homme. On se regarde droit dans les yeux. Il me regarde de haut en bas et sous le choc, il laisse tomber le verre qu'il a dans sa main par terre, puis crie de toutes ses forces.

« CE N'EST PAS VRAI ! JE N'ARRIVE PAS À Y CROIRE ! JE VIENS DE RETROUVER MA FILLE ! »

Sombres AffairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant