Chapitre 31 : Découverte

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Je le regarde d'une manière assez anormale. D'où me connaît-il, et surtout mon père ? Il finit par se reprendre en s'excusant, il semble gêné. Le reste de mes camarades commencent à me regarder et je commence à mon tour à me sentir mal à l'aise.

« Tu connais le professeur ? »

« Non, je ne le connais pas du tout ! »

Le professeur nous demande de nous dépêcher de rentrer dans la salle de cours, on se presse alors.

« Bonjour à tous ! Je suis votre nouveau professeur d'anglais. Veuillez vous asseoir. Avant de commencer les cours, je vais vous donner un mini-devoir pour tester vos connaissances concernant la langue anglaise ! Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas noté. C'est juste pour savoir où est ce que vous en êtes. »

Après avoir énoncé la consigne de ce matin, le professeur s'est mis à me regarder encore une fois. Cette situation commence vraiment à me peser. Il me tend la feuille puis je me lance. Il donne peu à peu les documents à tout le monde et leurs visages se décomposent, un peu comme moi d'ailleurs. Ils se regardent tous entre eux. Après notre réaction est assez logique étant donné que ça faisait longtemps, je pense qu'on devrait effectuer ces exercices sans aucun stress.

« Je vous laisse dix minutes, après on corrige. »

J'essaye de faire ce que je peux, mais en voyant les exercices petit à petit, je me rends compte que ce n'est pas si compliqué que ça.

« Vous avez fini ? On corrige ? »

C'est parti pour trente minutes de corrigé. Je n'ai jamais vu autant de personnes gommer leurs feuilles. Les bouts de gommes envahissent les devoirs de quasi-tout le monde. Les visages sont surpris après la correction des phrases.

« Ah ça s'écrit comme ça ? » C'est la phrase d'un gars de ma classe, qui m'a totalement définie.

J'ai plus l'impression que tout le monde joue le jeu avec le professeur parce qu'il est nouveau. Pendant les autres cours, personne n'effectuait les exercices, ils attendaient que le temps passe. J'espère que l'arrivée de ce professeur donne un nouveau souffle à tout le monde. Je pourrais d'ailleurs passer des heures à l'observer parler. Je me répète mais il est d'une beauté. Ces quelques cheveux bruns tombent sur son front, puis sa chevelure ondulée brille de mille feux. Il aurait pu être mannequin. Dire qu'il me connaît, ça, c'est encore plus étonnant.

« Tu penses qu'il est célibataire ? »

Je ne suis pas la seule à le trouver charmant. Les filles de ma classe chuchotent en se demandant qu'elle aurait aimé être sa dulcinée. Je vois une bague apparente sur son annulaire donc oui, son cœur est pris. La personne qui est fiancée à notre professeur doit être tellement chanceuse.

« Voilà, je pense que vous avez compris. Ce n'est pas si compliqué que ça. Comme je vous l'ai expliqué, la langue anglaise est plus simple que la langue française. »

Ces exercices m'ont tellement fait plaisir. Il explique tellement bien.

« Zyneb, le professeur n'arrête pas de te regarder, c'est trop étonnant. »

Je ne suis pas la seule à le ressentir. Je dois atténuer la situation.

« Non, il ne me regardait pas. Il regardait Loïc. Il est juste devant moi. »

Elle reprend court à ses occupations. Je suis dans une classe et même dans un lycée où tout est mal interprété. Les rumeurs ici peuvent aller très vite. Il est évident que je ne trouve pas ça normal mais je dois faire en sorte de me faire discrète. Je me demande si je ne devrais pas aller le voir à la fin des cours car toute cette situation me met mal à l'aise et ça commence à éveiller des soupçons.

« So can you tell me, if this answer is wrong or «.... » »

Le professeur continue à corriger les exercices qu'on a faits quand tout d'un coup, la sonnerie retentit. C'est la fin du cours.

Évidemment, tous les élèves s'empressent de ranger leurs affaires avant même de laisser le professeur finir sa phrase. Il essaye d'en placer une mais personne n'entend ce qu'il cherche à dire. Les chaises grincent, les bavardages deviennent de plus en plus bruyants. Ça devient assez rapidement un brouhaha. J'essaye de déchiffrer ce qu'il nous demande.

« Taisez-vous ! Le professeur veut parler. »

« Merci. Mademoiselle. Je vous disais depuis tout à l'heure de revoir les exercices qu'on a faits. Vous n'êtes pas très loin. Courage ! Bonne journée ! »

Les camarades partent en vitesse. Je vais pouvoir enfin aller déjeuner.

« Zyneb, je peux te parler deux secondes, s'il te plaît ? »

Je comptais m'évader rapidement, mais le professeur m'interpelle. Je me demande ce qu'il veut. Je voulais aller le voir mais je n'ai pas réellement osé. Ça ne se voit pas à première vue mais il est assez imposant.

« Déjà, je voudrais vraiment m'excuser pour tout à l'heure. Mes émotions ont pris le dessus. »

Dit-il avec une voix assez grave et émue. Je n'arrive vraiment pas à savoir pourquoi il est aussi affolé par ma présence. Je décide de sauter le pas.

« Excusez-moi monsieur, mais vous êtes qui ? »

« Je me doutais bien que tu ne te souvenais pas de moi, c'est pourquoi tu as eu cette réaction mais je vais te dire qui je suis. »

Il sourit puis se lance.

« Je suis le meilleur ami de ton père, j'ai travaillé à la police avant de me réorienter vers le métier de professeur. J'ai déménagé pour reprendre mes études, j'ai dû quitter le quartier. Je me suis réinstallée ici. Je n'ai d'ailleurs plus de nouvelle de ton père. Je m'empresse de le revoir. Je me souviens très bien de toi car quand tu étais petite, on se promenait avec toi dans les parcs. C'est fou comment tu as grandi. »

Alors là, je suis surprise. Je n'ai aucun souvenir de lui. Je ne sais pas comment je vais lui annoncer que mon père est plus là. Mes larmes commencent à monter petit à petit.

« Alors comment va ton père, il travaille toujours à la police ? »

« Euh. Mon père n'est plus. »

Il se met debout, il me regarde assez surpris.

« II est parti en mission ? »

Je hoche la tête de gauche à droite. Mes lèvres tremblent. Mon visage se ferme puis je commence à craquer. Le monde s'écroule comme quand on me l'avait annoncé. C'est trop pour moi, je pleure toutes les larmes de mon corps. Moi qui disais il y a quelques jours que je ne pleurais plus par rapport à mon père. Il a directement compris.

« Je suis désolé. »

Il me tend un mouchoir puis met sa main sur mon épaule. Je regarde sur ma montre l'heure qui défile. J'essuie mes larmes puis je reprends mes esprits. J'oublie que j'ai cours cette après-midi.

« Si tu as besoin de parler où quoi que ce soit, sache que je suis là. »

Je le remercie puis je décide de partir. Mon nez coule d'une manière assez répugnante, je me trouve vraiment affreuse. Je veux que personne ne me voie dans cet état. Je souffle puis je regarde le ciel. Je pense fort à lui.

Je marche en direction de chez Isaac, la tête baissée. Le bus passe sous mon nez, j'aurais peut-être dû attendre mais bon tant pis. Je suis presque arrivée. En marchant, je me rends compte que mes lacets se sont défaits. Je m'arrête quelques secondes pour les faire puis je reprends le chemin. Me voilà enfin. Je sonne, j'attends que quelqu'un m'ouvre. J'attends cinq secondes, personne ne me répond. Je rente ma chance une seconde fois, j'attends encore. Pas de réponse. Je regarde à travers la fenêtre, il n'y a personne.

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