Chapitre 38

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Mori et Ashikaga : puissants clans de samouraïs. 

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Madara veillait toujours la depouille d'Izuna. Cela faisait déjà un jour qu'il avait succombé, mais il ne parvenait toujours pas à réaliser, la mort de son petit frère et ce qu'il avait fait... Le dernier membre de sa famille directe avait disparu, celui qu'il avait juré de protéger... La honte, le chagrin et la colère le sudmergeait, le vidait de sa substance, le noyait... Et se furent ses pas qui le sauvèrent. De grands pas et le bruit de la porte coulissante qui s'ouvrait.

Il se retourna brusquement, comme soudain réveillé d'un terrible cauchemar pour la voire, elle.

Habillée en bleu et blanc, ses cheveux brillant dans les faibles rayons de lune qui filtraient dans la pièce. Richement parée de nacre et d'argent, on pouvait difficilement faire plus indécent aux yeux d'un endeuillé. Et ses lèvres rouges qui lui donnait l'impression d'un sourire...

- Il est mort, murmura-t-il, comme pour lui-même. 

- Oh, Madara... J'ai fait aussi vite que j'ai pu, fit-elle en écartant les bras.

À ce moment là, il aurait pu prendre une autre décision. Il aurait pu accepter cette étrinte qu'elle avait refusé à tant de grands noms. Il aurait pu se laisser caresser les cheveux alors qu'elle lui promettait que tout irait bien, qu'elle allait tout arranger. Il aurait pu céder à sa faiblesse et chercher un peu de réconfort sur son épaule, se reposer un instant avant d'aller affronter le monde entier. Mais cette fois-ci, c'était trop. Son cœur réclamait vengeance et ce n'était pas les beaux arguments de celle qui l'avait abandonné qui allait l'en dissuader. 

- Nous devons monter une contre-attaque avant qu'ils ne se remettent de la dernière bataille, dit-il en se levant.

- C'est inconcevable, tu as perdu beaucoup s'hommes et ceux qui ne sont pas morts sont blessés, fit-elle doucement. 

Ce tont plein de pitié donnait à Madara envie de lui sauter à la gorge :

- On y arrivera.

- Votre arsenal est en trop mauvais état, il faudra des mois pour le reconstituer.

Une voix un peu plus ferme, qui le mettait encore plus en colère :

- De toute façon, ils n'attendrons pas "ces mois"...

- Alors déplace le camp, gagne du terrain au sud contre les Inuzuka !

C'était définitivement trop.

- Et leur laisser des terres, nos terres ? Et accepter la défaite ? Et laisser la mort d'Izuna impunie ? cria-t-il. Jamais ! 

- Je ne te demande pas de renoncer à ta vangence mais simplement de considérer tes actes ! En l'état des choses, attaquer serait du suicide...

- Ça m'est égal. 

- Alors tu vas faire comme les samouraïs ? La victoire immédiate ou la mort ? C'est pour cette attitude stupide que nous les méprisons !

Il ricana, il avait compris :

- Et c'est pour cette attitude qu'ils te méprise...

- Pardon ? 

- Pour ces manipulations sordides, ces compromis... Et honnêtement, je les comprend maintenant... Maintenant que je te vois telle que tu es.

Elle allait répondre mais il lui coupa la parole. Sa belle voix etrange avait toujours un effet amolisant sur lui, il ne fallait pas qu'il l'écoute :

- Tu essayes de temporiser : tu n'as pas encore le shogun dans ta poche, tu n'as pas encore pu parler à l'empereur, alors tu fais en sorte que les deux seules familles de ninjas pouvant s'opposer à toi restent bien occupées à s'entre-tuer pendant que tu magouille pour ton propre compte. 

- Tu m'accuses de favoriser la guerre entre les Uchiwa et les Senju ? C'est ridicule ! Premièrement, vous n'avez absolument pas besoin qu'on vous encourage pour vous "entre-tuer". Deuxièmement, je n'ai aucun avantage dans ces vendetta en série, elles ne produisent rien : ni richesse ni conflit d'intérêt. Troisièmement, ni vous ni vos ennemis ne peuvent ne serait-ce que me gêner. Et enfin, si je voulais une diversion pour mes affaires, je déclancherais une guerre entre les Mori et les Ashikaga !

- Des mensonges...

- Non, des arguments ! Parce que tu m'oblige à justifier des paroles que je n'ai prononcé que dans l'unique but de te sortir du trou dans lequel tu t'es toi même enterré !

C'était beaucoup trop...

- Je ne suis pas comme toi ! Je n'ai pas tué Izuna pour ses yeux, il me les a donné ! Pour que je venge notre clan, n'en déplaise à une certaine femme dépourvue de sentiments humains au point de massacrer sa propre famille ! 

Un instant ses yeux d'ivoire s'ouvrirent en grand et Madara ne pu que se féliciter de l'avoir touché ainsi, mais là seconde d'après elle fit volte-face et partit par la porte restée ouverte.

- J'en ai assez ! fit-elle en récupérant ses sandales tandis que Madara s'adossait avec décontraction à un poteau de la galerie, content de son effet. 

- De cette discussion ? demanda celui-ci avec un sourire en coin. 

- De cette alliance ! cracha-t-elle. Ne t'avise plus jamais de me demander quoi que se soit !

Kaiten HiugaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant