Chapitre 51 : prémonition

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Une nuit sans lune. Un petit village plongée dans le silence. Dans la pénombre de la forêt qui l'entourait, un loup hurla. Les feuilles bruissérent dans le vent froid d'automne. 

Un peu à l'écart du hameau était une petite maison misèreuse. Une ombre passa sur les panneaux en papier, une planche grinça.

Une mère et sa fille se seraient sous le même futon rapiécé dans l'unique pièce du taudis, aussi prochent du feux moribond qu'elles l'osaient. Le tissus craque, l'air glisse...

Deux mais s'abattirent sur les gorges de la femme et de la fille. Deux hommes les arrrachérent les paysannes à leur sommeil. Un cris, puis un silence revint.

~●~

On les jeta violemment sur le sol glacée couvert de feuilles mortes, en plein cœur de la forêt. La mère jeta un regard devant elle. Une image fugitive, une idole blanche sur un trône d'ivoire, couronnée dans l'obscurité par l'étoile du nord :

- Baisse la tête, putain ! cria un soldat en lui assénant un lourd coup sur la nuque.

- Laissez donc, fit alors une voix étrange, envoûtante. J'ai bon espoir qu'elle connaisse sa place et que... Dans cette situation, elle ne tente pas de se montrer insolente.

La femme releva la tête avec crainte. Une dure vie et de grands malheurs lui avaient appris la peur et la soumission, en plus de faner prématurément les fleurs de sa beauté. À trente ans elle semblait déjà avoir vécu un demi siècle. La vision lui claqua au visage : elle ne savait que trop bien qui se tenait devant elle :

- Yukan Haruno... Joli nom, approprié... Il en faut, du courage, pour passer de princesse à souillon chez un petit seigneur, puis pour se faire jeter à la rue une fois enceinte et élever une enfant indigne tout en remplaçant le bœuf du seul fermier qui veuille bien s'approcher de vous. À votre place, je me serais tuée il y a longtemps, ne serait-ce que pour préserver mon honneur...

La pauvre femme ne dit rien.

 - Votre grande sœur m'impressione encore plus que vous... Elle est la femme de mon cousin, et sa dévotion d'épouse honore la doctrine confusianiste.  Lorsque la trahison de sa famille n'à plus fait aucun doute, elle l'a totalement rejeté, et elle nous a même aidé à vous anéantir sans demander rien d'autre que la vie sauve pour son petit frère et sa petite sœur... J'ai d'ailleurs pris le thé avec elle juste avant de partir vous chercher dans ce trou perdu. Elle s'est excusée pour les agissements de votre frère...

- C'est donc de lui qu'il s'agit.

- En effet. Ses opérations de gerria sont préjudiciables à mon commerce... J'arriverais sans mal à réduire à nean sa petite bande de fanatiques va-nu-pieds... À force... Mais le temps c'est de l'argent, fit-elle d'un air d'excuse avec une petit sourire et un haussement d'épaules. 

- Je ne trahirais jamais mon frère ! 

- Mais vous l'avez déjà trahi...

La paysanne se figea de terreure devant l'expression de mépris de la dame blanche. La cruauté avec laquelle cette femme se riait de son malheur le visage à demi dissimulé dans sa manche la prenait à la gorge, l'étouffait. Ses yeux vides, son port de dame de coure,sa beauté... Aucune des innombrables insultes qu'elle avait reçu durant toutes ces années ne lui avait fait plus mal. Aucune ne l'avait fait pleurer...

- Vous avez abandonné votre frère à un sort encore moins enviable que le vôtre, vous avez fui...

Les larmes roulèrent sur les joux de la princesse déchue.

- Je ne trahirai pas mon frère. 

Elle s'attendait à des coups, des menaces... Rien.

- Très bien... J'ai trop de respect pour votre sœur pour vous maltraiter...

- Maman ? 

Un éclair foudroya la paysanne.

- ...Mais je vais devoir me dédommager pour ce voyage inutile...

- Maman ? Tu pleures ?

- Tout va bien, fit la chef des Hyuga en arrangeant son châle autour des épaules de la petite fille, avec un beau sourire rassurant.

- Qu'allez-vous lui faire ? cria la femme en se débattant, il fallait à présent la force de deux ninjas pour la tenir à genoux.

- Je vais la vendre... À une maison de geisha, ou à un seigneur... À celui qui m'en donnera le meilleur prix ... elle prit le menton de la fillette entre ses doigts délicats pour montrer le petit visage à la femme. Regarde comme elle est belle, si jeune ! J'en tirerai un bon prix !

- Mais elle n'a que neuf ans !

- Sept, neuf, onze ans... Quelle importance ? Pour ma part j'ai été promise en mariage quelques jours seulement après mes douze ans et...

Kaiten daikyo s'arrêta lorsqu'elle sentit les larmes de l'enfant sur sa main, sa prise trop sévère lui faisait mal.

- Ce n'est pas bien, dit la chef des Hyuga en essuyant les gouttes d'eau salées qui roulaient sur les joues de la petite de sa manche avec une moue de dégoût. Les hommes n'aiment pas les pleurnicheuses...

- Fumuhaji Haruno se cache dans la forêt sur le versant nord de Niji-san !

Kaiten resta un moment interdite, puis... Elle éclata de rire :

- Vous êtes si previsible que ça en devient ridicule ! Je n'ai jamais croisé des être plus pathétiques que les mères... Abandonner le peu d'honneur qu'il vous reste pour une enfant indigne !  Quoi de plus stupide ? 

La femme agenouillé devant ce démon qui riait à la manière du tonnerre garda le visage baissé. 

- Vous n'avez pas d'enfants... Ça ce voit, murmura-t-elle à travers ses larmes.

~●~


Kaiten se reveilla en sursaut. Elle serait un drap contre sa poitrine, Madara ronflait à côté d'elle.

Ce rêve, ce souvenir... De ses yeux surpuissants, elle transperça son propre ventre...

- Je... suis en ceinte...

Kaiten HiugaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant