Les mots me sont venus seuls, et me voilà à écrire depuis deux bonnes heures déjà. La facilité avec laquelle ils viennent me fascine. Je me laisse porter par les mots et par ce qu'ils ont à exprimer, là, sur les quelques feuilles d'un calepin qui se trouvait là. Je n'en reviens toujours pas. Un léger sourire aux lèvres, je repose mon crayon et m'étale une nouvelle fois sur mon lit, vidée par des émotions à moitié exprimées. Pourtant, il y a des émotions qui restent encore bien présentes, une sorte d'euphorie et de tristesse mélangée, alors je prends mon téléphone et j'écris.
De : Moi, À : Lou
Mes peurs ne prendront plus le contrôle, du moins, je me battrai pour.
Envoyé.
Mais il me reste encore un autre message, qui malgré mes peurs, me semble essentiel. Sur un coup de tête, je décide alors de l'écrire et de l'envoyer, puis je m'empresse de verrouiller mon téléphone et de le poser sur mon bureau. Je ne veux pas savoir ce que la personne compte me répondre. Je m'allonge de nouveau sur mon lit, et malgré ma bataille pour résister, ma fatigue prend le dessus. Exténuée par tant d'émotions en une seule journée, c'est en à peine quelques secondes que je suis tombée dans les bras de Morphée, sans même avoir eu le temps de me changer ou de me mettre sous ma couverture.
Espérons que cette nuit soit meilleure que les précédentes.***
Je descends du bus et me dirige dans la cour intérieure du collège. Les cours commencent dans quelques minutes, je ne devrais pas être en retard. L'entrée du collège est bondée de personnes que je ne connais pas forcément, certaines fument, d'autres discutent, et moi je baisse la tête et m'empresse d'entrer, en priant pour qu'on me fiche la paix. Mon casier n'est qu'à quelques pas, je m'y rend et y dépose les cahiers que j'ai en trop, et prends mon manuel d'anglais. La boule qui se forme dans mon ventre ne signifie rien de bon, pourtant j'en ai pris l'habitude. Respire. Ça va aller. C'est ce que j'aimerais croire. Ici, j'ai l'impression d'être une bête de foire, d'être de trop. Je ne sais même plus pourquoi je suis là, pourquoi je m'efforce à venir. Je referme mon casier et cours me ranger à la place attitrée à ma classe.
La sonnerie retentit, et c'est comme un violent coup de poing qui me retourne l'estomac. J'ai peur. Si peur. Je ne veux pas y aller. Je cherche tant bien que mal une personne qui accepterait de se ranger avec moi, et comme d'habitude, c'est presque au fond que je me retrouve. Les élèves autour de moi rient, discutent, et même si leurs sujets varient, j'ai l'impression que ce n'est que de moi dont ils parlent. La solitude commence à m'envahir, un peu trop, je veux juste partir.
La professeure d'anglais arrive enfin, on se dirige alors à l'intérieur du bâtiment pour rejoindre notre salle, et une fois de plus - ou de trop - je prie pour qu'on me fiche la paix. Pourtant, lorsque l'on monte les escaliers, mes camarades de classes qui se trouvent derrière moi semblent entendre mes prières, et me font l'horrible surprise de ne pas les respecter en me faisant à de multiples reprises des croche-pieds.
Je ne sais pas ce qui est le plus horrible à ce moment précis : les tentatives pour me faire tomber des escaliers, le fait que personne ne réagit, ou ce camarade qui ne cesse de répéter "bon, tu vas la faire tomber celle-là" accompagné d'injures. Les membres de mon corps tremblent et faiblissent sous l'émotion, pourtant je fais de mon mieux pour ne rien montrer à mes camarades. Pourquoi me font-ils cela ?
Alors intérieurement je les supplie d'arrêter. Encore, encore et encore...- Arrêtez ! hurlé-je en me relevant brusquement.
Mes joues sont trempées des larmes qui avaient coulé pendant mon sommeil, mes jambes et mes bras tremblent toujours et me font affreusement mal.
- Arrêtez..., répété-je dans un chuchotement.
Le regard perdu dans le vide, mes pleurs reprennent de plus belle. Ce n'est que trente minutes plus tard que je parviens à me calmer, les yeux gonflés et rougis. Je regarde l'heure sur mon téléphone : il n'est que 6h34. Pourtant je sais que je ne parviendrai pas à me rendormir, alors que suis-je censée faire ? Perturbée par ces flots de larmes et de souvenirs désagréables, j'en ai presque oublié le message que j'avais envoyé plusieurs heures plus tôt.
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C'était toi, malgré tout. [EN REECRITURE]
Teen Fiction"C'est donc ça ma vie désormais ? Ne plus pouvoir rien faire à cause de cette fichue anxiété sociale ? De quoi ai-je l'air ? Je ne peux pas rentrer comme cela de toute façon, qu'est-ce que l'on va bien pouvoir penser de moi ? Je n'ai rien pour plair...