12 - Oser tout

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La sonnerie retentit et une boule se forme dans mon ventre. J'aurais tout donné pour que ce cours dure un peu plus longtemps. Je range mes affaires le plus lentement possible afin de sortir la dernière et d'éviter n'importe quelle nouvelle brimade que mes camarades ont pu inventer. Je me relève et sors de la salle en prenant soin de ne pas regarder mon professeur, de peur qu'il ne se doute de quelque chose.
Ne m'interpelle pas, je t'en supplie, il ne faut surtout pas que j'en parle, cela ne fera qu'empirer les choses.

- Ambre ? Vous pouvez venir deux minutes s'il-vous-plaît ?

Raté.
Je reviens sur mes pas, le regard fuyant et les mains tremblotantes.

- Il y a un problème Monsieur ?

- Dans l'exercice de tout à l'heure, je vous ai demandé de me citer trois résolutions pour la nouvelle année.

Il n'a même pas besoin de finir son explication, que je sais déjà où il veut en venir.

- Et disons que les tiennes m'ont interpellé, ajoute-il en consultant mon cahier.

Je ne réponds pas et me contente de fixer le tableau.

- Je cite l'une d'entre elles, si tu me le permets : Je souhaiterais que cela cesse.

Une expression perplexe se dessine sur son visage. Par pitié, qu'il me laisse m'en aller, je n'ai rien à lui dire. Il dirige son regard vers moi et referme mon cahier au passage. Ne trouvant pas de réponse de ma part, il s'installe sur la chaise de son bureau et fait mine de réfléchir.

- Tu es sûre que ça va ? m'interroge-t-il.

- Oui, ça va, réponds-je en continuant de l'éviter.

Je commence à me ronger les ongles.

- Je ne sais pas ce qu'il vous arrive, mais je vois bien qu'il y a quelques désagréments avec vos camarades. Vous êtes sûre que vous ne souhaitez pas en parler ?

Je le regarde furtivement et remarque qu'il me fixe attentivement. Ce qu'il peut mentir, et mal en plus. La curiosité finira par les ronger.

- Tout va bien, me contenté-je de répondre avant de dériver de nouveau mon regard.

- Bon, et bien dans ce cas je vous laisse. Bon appétit mademoiselle.

Je ne réponds pas et m'en vais le plus rapidement possible. Je descends les escaliers et me dirige vers mon casier afin d'y déposer mes affaires et de prendre ce dont je pourrais avoir besoin pour aller manger. Je cherche mes amies du regard mais ne les vois pas. Où peuvent-elles bien être ? Après plusieurs minutes d'attente dans la file de la cantine, je les aperçois au loin, déjà attablées et ne semblant pas se soucier d'où je peux me trouver. Elles n'ont peut-être pas eu le choix. Je les rejoins le plus rapidement possible mais une fois à leur hauteur, je me rends compte qu'il n'y a plus de place à leur table. Je cherche alors en vain une place libre, rongée par la honte d'être seule et de n'avoir nulle part où aller, et finis par m'installer seule sur une table reculée. Ce n'est pas bien grave, enfin je crois. Je me dépêche de manger afin de fuir cet enfer le plus rapidement possible et de rejoindre mes amies déjà sorties.

- Salut les filles, ça va ? demandé-je à mes amies après les avoir rejointes.

Elles ne me répondent pas et éclatent de rire. Je ne comprend pas où elles veulent en venir, alors je les fixe calmement en attendant une explication.

- T'en as pas marre de nous suivre partout comme un chien ? me répond l'une d'entre elles.

- Pardon ?

C'était toi, malgré tout. [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant