21

34 5 0
                                    

- Je suis en train de gagner !
- Je ne crois pas, non ! réponds-je en lançant la boule.

La journée était passée plutôt vite, mais je l'avais passée à penser à cette soirée et à m'imaginer à quoi elle pourrait ressembler. J'ai passé des heures à penser à ce que je devais dire et ne pas dire, à mes moindres faits et gestes, à mes moindres réactions. Et c'est toujours comme ça quand je dois le voir : je passe des heures à paniquer à l'idée de le voir, à l'idée de me rendre ridicule ou de lui donner une raison de plus de partir. Puis quand il est là, tout devient plus clair, tout devient soudainement plus calme et évident. Quand il est là, je n'ai plus peur de rien.

- Et strike ! crié-je avec un immense sourire aux lèvres.

Je me couvre soudainement la bouche, me rendant compte que j'ai crié bien trop fort.

- Je suis désolée, je n'aurais pas dû...
- Eh eh, ce n'est pas grave, tu n'as rien fait de mal, me rassure-t-il en se rapprochant de moi.

Il pose ses mains sur mes joues et pose son front contre le mien.

- Je te promets, tu n'as pas à t'excuser pour cela. Tu t'amuses, et tu as le droit, cet endroit est fait pour cela, d'accord ?

Il se redresse et me regarde dans les yeux. Un frisson parcourt mon corps, et je peux jurer que mon cœur va me lâcher.

- Mais les gens... réponds-je en n'osant pas regarder autour de moi.
- Les gens on s'en fout, dit-il en observant la salle, personne ne nous regarde.

Je prends une grande inspiration.

- Merci.
- C'est normal Ambre, et puis tu étais juste en train de vivre, on ne va pas te reprocher ça quand même ?

Je reste figée quelques instants.
S'il savait comme on me l'a tant reproché, et comme on a essayé de m'en empêcher.
Ce n'est pas le moment de penser à cela. Je reprends mes esprits le plus rapidement possible en espérant qu'il n'ait rien remarqué. Je tiens vraiment à ce que ce moment se passe bien, à ce qu'on en garde un souvenir mémorable durant des années. Alors que je le veuille ou non, il va falloir que je passe au-dessus de mes peurs et de mes angoisses ce soir, je me le dois et je le lui dois également.

***

Le reste de la soirée s'est passé sans encombre, à tel point que j'en ai oublié mes propres doutes et mes propres peurs. J'ai remporté les deux parties que nous avions jouées, mais je préfère faire comme si je n'avais pas remarqué qu'il l'avait fait exprès. Posée sur une banquette dans un coin de la salle, je l'observe commander des boissons au bar, et à ce moment précis je réalise qu'auprès de lui tout est possible, que mon passé et les erreurs que j'ai pu faire ne compte plus désormais et que qu'importe les mots que j'emprunterai, il sera là pour m'écouter. Il sera là qu'importe les sujets que j'aurai à aborder, il sera là pour le triste est le plus gai, pour essuyer les larmes et dessiner des sourires sur mon visage.
J'avais tort. Certaines personnes sont faites pour dessiner des sourires et d'autres pour sécher nos larmes. Lui, il est toutes ces personnes à la fois.

- Tout va bien ? Me demande-t-il en me tendant l'un des verres.
- Oui, réponds-je en le regardant dans les yeux, tout va parfaitement bien.

Il ne rajoute rien et s'installe à côté de moi avec un grand sourire. Je reste comme cela un bon moment, les deux mains accrochées à mon verre et les yeux rivés sur ce qu'il contient.

- Il y a quelque chose que tu aimerais me dire ?

Il se rapproche doucement de moi et me cherche du regard, mais je reste figée.

- Il y a plein de choses que j'aimerais te dire, un peu trop je crois.
- Ça tombe bien, on a toute la vie pour cela.

Je décroche un léger sourire.

C'était toi, malgré tout. [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant