2 mois plus tôt...
- On a qu'à faire comme ça alors. Tu es une pauvre fille en détresse et moi je suis un pompier vaillant, qui vient à ta rescousse ! dit-il emporté par l'idée de me faire rire.
- C'est n'importe quoi, réponds-je, en plus ça ne m'attire pas les pompiers vaillants.Il fait une mine déçue et vient s'asseoir à côté de moi.
- Qu'est-ce qui t'attire alors ?
Je le fixe alors, peut-être un peu trop longtemps, puis baisse le regard en lâchant un sourire que je ne peux pas contenir. Il sourit à son tour avant de regarder à l'horizon.
- Tu penses qu'un jour je rencontrerai le véritable amour ? lui demandé-je soudainement.
- Quoi ?
- Je veux dire, l'amour véritable, celui qui te bouleverse, qui te transperce.
- Pourquoi ne le rencontrerais-tu pas ? dit-il surpris.Il replace avec douceur une mèche de cheveux derrière mon oreille, et un frisson parcourt mon corps. J'aimerais lui répondre, mais les mots ne me viennent pas, peut-être sont-ils encore trop douloureux.
- Tu le rencontreras.
Je cherche dans son regard une lueur que je retrouve aussitôt. Ses mots auront donc toujours la force de me réconforter ?
- Je te le promets, ajoute-il avant de se relever et de m'inviter à en faire de même.
J'ai envie de croire que je l'ai déjà rencontré.
***
- Tu sais, tu m'as fait peur tout à l'heure. Quand tu m'as appelé.
- Je sais, je suis désolée, mais je crois qu'il faut vraiment que je te parle, ajouté-je le cœur battant à mille à l'heure.Il me regarde perplexe, puis m'invite à m'asseoir. J'hésite quelques secondes, puis tout me revient.
- Ce banc...
- Oui, c'est bien celui-ci, dit-il en riant légèrement.
- Tu te souviens de tout ? lui demandé-je surprise.
- Je n'oublie jamais rien Ambre.Je reste consternée quelques secondes avant de pouvoir continuer à parler.
- Tu sais, ne te sens pas obligée de me parler de ce qui te pèse, si tu n'en as pas envie. Comme je te l'ai dit, on fait tout...
- À mon rythme, je sais, le coupé-je.Il ne répond pas et se contente de me sourire. Je pourrais le regarder éternellement comme ça.
- Tu crois toujours à ton véritable amour ?
- À vrai dire, je crois que je l'ai déjà rencontré, une fois, réponds-je en me mordant la lèvre inférieure.Intrigué, il se redresse légèrement. Il semble vouloir m'écouter, plus que tout au monde.
- Il était le plus bel amour que j'ai connu, tu sais. Il était présent, puissant, presque irréel. J'ai aimé d'une force que je n'aurais jamais pu imaginer avoir, et j'ai cru qu'il m'aimait, du moins aussi fort que je le faisais. J'ai volé en éclats un matin d'hiver, quand j'ai compris que cet amour s'était évaporé. Je me suis vue, m'écrouler, hurler, me briser en un millier de morceaux.
Je m'arrête quelques secondes pour reprendre mon souffle, et l'aperçois une larme au coin de l'œil.
- Je n'ai jamais été capable d'aimer depuis, ajouté-je avant de laisser mes larmes couler.
Nous restons comme cela un bon moment, le silence entre nous. Un silence apaisant, dont on avait sûrement besoin tous les deux.
- Tu mérites d'être aimée comme il se doit Ambre.
Je le regarde les yeux baignés de larmes. Il pose sa main avec douceur sur ma joue, en prenant soin d'essuyer les larmes qui coulaient encore. Alors que je croyais qu'il allait ajouter quelque chose, il s'approche doucement de moi, et dépose un baiser sur mon front.
- Il y a ce vide en moi, que je ne pourrai probablement jamais comblé, dis-je la gorge nouée.
- Il y a des vides en nous qui parfois, deviennent nos plus belles sources d'inspiration.La pureté de cette phrase me touche avec tellement de puissance que je ne parviens pas à lui répondre.
- C'était lui, celui qu'on avait vu à l'université la dernière fois ?
Cette fois-ci ce n'est plus ma gorge qui se noue, mais aussi mon ventre. Alors je revois les images, j'entends à nouveau son rire, et à ce moment précis c'est comme si le monde s'était arrêté. Je reste figée sans pouvoir parler, ni réellement entendre, comme si une bulle s'était formée autour de moi. Une larme coule à nouveau, puis une deuxième, et cela ne s'arrête plus. Je tente de parler, mais ma gorge est si douloureuse que je ne parviens pas à le faire. Ayden s'assoit alors en tailleur à côté de moi, et tout en se rapprochant, il pose une nouvelle fois sa main sur ma joue, cherchant mon regard à travers le sien.
- Ambre ? dit-il avec douceur.
- Ce n'était pas lui, réussis-je enfin a dire.Il ne répond pas. Il attend patiemment que je reprenne, si jamais j'en trouve la force nécessaire. Je prends une profonde inspiration et ferme les yeux.
- Lui, c'est une tout autre sort de douleur. C'est la douleur d'un non prononcé, et qui n'a jamais été écouté.
Il me regarde quelques secondes, atterré par ce qu'il venait d'apprendre, avant de me serrer fort contre lui. Il me sert un peu plus fort, et je pourrais jurer l'entendre pleurer.
- Comment ont-ils pu... je ne comprends pas... dit-il toujours sous le choc.
***
Nous sommes restés comme cela un bon moment avant de pouvoir retrouver un calme plus doux. Ayden ne pouvait pas décrocher son regard de mon visage, trempé par les larmes et rougi par la honte.
- Je n'aurais pas dû t'en parler, finis-je par ajouter.
- Non, non, au contraire. Tu as bien fait de m'en parler, pour mille raisons évidentes. Peut-être que d'une certaine façon, tu vas pouvoir avancer maintenant, et puis il y a tant de choses que je comprends mieux maintenant. N'aies pas honte de ce que tu as vécu, s'il te plaît.Je décide alors de venir me blottir contre lui. Le contact de sa peau sur la mienne m'avait tant manqué, que je voudrais ne jamais partir.
- Je t'ai repoussé tant de fois, je t'ai hurlé dessus, je t'ai ignoré, puis je suis revenue et repartie, encore et encore. Comment peux-tu être encore là ?
- La question ne se pose même pas, me répond-t-il en passant son bras autour de moi.Ne comprenant pas où il veut en venir, je ne dis rien de plus. Il semble hésiter, puis se lance malgré tout.
- Tu es mon évidence Ambre. Mais ne t'en fais pas, je t'attendrai autant qu'il le faudra.
À ce moment précis je pourrais jurer sentir mon cœur me lâcher, pourtant il est bien là, et il bat plus fort que jamais.
VOUS LISEZ
C'était toi, malgré tout. [EN REECRITURE]
Ficção Adolescente"C'est donc ça ma vie désormais ? Ne plus pouvoir rien faire à cause de cette fichue anxiété sociale ? De quoi ai-je l'air ? Je ne peux pas rentrer comme cela de toute façon, qu'est-ce que l'on va bien pouvoir penser de moi ? Je n'ai rien pour plair...