C'était toi, malgré tout. [EN REECRITURE]

11

Nous sommes posés au pied de notre arbre habituel depuis quelques minutes seulement. Ayden n'a pas dit un mot, il semble même concentré, distant. Adossée contre le tronc, j'inspire l'air pur qui caresse ma peau, les yeux fermés et l'esprit détendu. Je jette un coup d'œil furtif à mon ami et l'aperçoit farfouiller dans son sac, toujours aussi attentif envers ce qui pourrait sembler être son devoir. Que prépare-t-il ? Je me tourne alors vers lui et me rapproche légèrement, intriguée par le contenu de son sac.

- Qu'est-ce que tu es en train de faire ? lui demandé-je perplexe.

- Je prépare le Plan.

Mais de quoi parle-t-il ? Cela n'a absolument aucun sens pour moi. Je lui lance un regard inquisiteur mais il ne cède pas, toujours autant concentré sur ses feuilles et ses bibelots désormais étalés devant lui. Je perçois un sourire sur le coin de son visage, est-il seulement en train de se moquer de moi ? Je lui ai peut-être dit que j'étais prête à avancer, mais quand je vois ce qu'il est en train de préparer, je commence à douter de mes envies. Et s'il m'en demande trop ? Que vais-je lui répondre ? Si je refuse, c'est un échec, non ? Je ne peux plus accepter cela. Je ne peux plus accepter d'échouer, de baisser les bras, de lâcher. Je ne peux plus abandonner, plus jamais. Je dois vivre, apprendre à le faire, ressentir ce bonheur et ce bien-être quotidiennement. Je veux guérir et je le dois, coûte que coûte. Je me penche encore un peu plus et tente de regarder ce qu'il a bien pu écrire sur toutes ces feuilles mais il les pose loin de mon regard, dans un mouvement brusque.

Ce qu'il peut m'agacer. 

Je retourne à ma place, à demi-énervée par son comportement. Je croise alors les bras et fais mine de bouder, sachant pourtant que cela ne fonctionne pas avec lui.

- Ce que tu peux être drôle quand tu fais cela, dit-il en riant.

Ouais, je l'avais bien compris, que tu ne me prends pas au sérieux.

- Et mignonne, en passant, ajoute-il en retournant à ses feuilles.

Pardon ?

J'aurais tout entendu avec lui. Je continue pourtant de bouder, ou du moins, de faire comme si j'étais en train de le faire, étant donné mon incapacité à lui résister. Il se rapproche alors à son tour accompagné de ses feuilles et d'un sourire satisfait.

- Je crois que tout est prêt.

Je le regarde, perdue entre la peur et la curiosité.

- Le Plan, tu veux dire ? le questionné-je.

Il acquiesce d'un mouvement de tête et étale les feuilles au sol, juste devant nous. Même comme cela, je ne comprends rien.

Eh bien, tu n'es pas prête de t'en sortir.

Je soupire, agacée par cette voix qui semble ne jamais se taire, et regarde avec attention les schémas qui se présentent à moi. On peut y lire quelques mots mais c'est surtout de nombreuses flèches et beaucoup de cercles qui remplissent l'entièreté de ces dernières. Effectivement, je n'y comprend pas grand-chose, et ce chaos ne fait que réveiller mes angoisses. Je laisse alors mes yeux aller de mot en mot, cherchant à établir un lien entre eux.

- Oser, parler, sortir, dire, être,... je ne comprends absolument rien Ayden, c'est sans queue ni tête, dis-je presque agressive.

- Ne t'inquiète pas, je vais t'expliquer, tout va te sembler plus clair.

- Mais comment veux-tu que je m'y retrouve là-dedans ?

Je sens mon angoisse m'envahir soudainement et mes jambes faillir, bien que je sois assise. Je tente de me calmer mais rien y fait, que m'arrive-t-il ? Pourquoi je tremble autant ? Pourquoi je ne parviens plus à respirer ? Ayden se précipite devant moi et me prends les mains. Je ne l'ai jamais vu aussi inquiet.