Chapitre 18 : Psychopathologie de la violence (époque : 2021)

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La psychiatre sort de la tente, un cigare à la bouche qu'elle brûle en première intention. Quarante-trois ans, veste en lin, jeans, bottes de cuir, léger surpoids, les cheveux courts grisonnants, voilà comment décrire brièvement le Dr Dadavi.

Les apparences sont parfois de bons guides. Estelle Dadavi vous dirait surement que son apparence n'a aucun intérêt. Pourtant, elle préciserait aussi que l'apparence est un reflet de l'âme.


Fiche historique : Née dans une famille stable d'un père médecin généraliste et d'une mère au foyer, Estelle Dadavi reçoit de ses parents une bonne éducation et des attentes à la même hauteur, peut-être trop selon le psychologue Jeffrey Young. Boulimique, son complexe ne cesse de grandir jusqu'à la faculté. Elle double ses deux premières années de médecine, puis fait une pause d'un an. Une fois en paix avec elle-même, elle reprend ses études jusqu'à l'obtention du titre de médecin-psychiatre.

Si vous lui demandez ce qu'est le bonheur, sans hésitations elle vous répondra « sa vie » : pas de mari, pas d'enfant, de la passion dans le travail, de la liberté. Aimant Fromm et Adler, elle défend avec ferveur la psychanalyse non freudienne, et n'hésite pas à prendre position pour des objets d'études qualifiés parfois de « non-scientifiques ».

« Mais qui a donné à la science le pouvoir de juger ce qui la constitue ou non ? Depuis quand la science est devenue religion d'Etat ? » Aime-t-elle dire à ses détracteurs. Ce que son dernier ouvrage ne manque pas de rappeler : « Comment croire que la science a réponse à tout ».

Identité : Estelle Dadavi

Naissance : 1978 - Décès : 2021

Cause décès : Intervention de la famille d'Eli (Amar de Gama).


- Bonjour, je suis le Dr Stevens. Le commissaire m'a dit que vous étiez la psychiatre en charge des résidents de l'immeuble ?

- Oui, c'est bien moi. Dr Dadavi, répond-elle en lui serrant la main, dans une expiration de la fumée de son cigare. La voix grave brisée par la nicotine lui donne une certaine assurance.

- Je suis chargé de la gestion de l'auteur des violences. J'imagine que vous avez des informations qui pourraient m'être utiles ? Concernant l'agent victime, vous êtes parvenue à en tirer quelque chose ?

Elle émet un signe de négation de la tête.

- L'officier de la brigade d'intervention ne vous a pas dit ce qui s'est passé, même un détail sans importance ?

Posée contre le poteau porteur de la tente, Estelle Dadavi pointe Jonathan Stevens de son cigare.

- Vous êtes "le Docteur" n'est-ce pas ? Ce psy qui a écrit l'ouvrage sur la plateforme mentale ?

- Peut-être bien.

J. Stevens a appris à se méfier de ce genre de question. On ne sait jamais de qui, et pourquoi, elles interviennent. Mais le Dr Dadavi n'en est plus à justifier ses positions.

- Je l'ai trouvé très intéressant, tant pour ce qui y est écrit que pour celui qui l'a rédigé, ajoute-t-elle d'un sourire. Je me pensais arborescente, mais là, faut être sacrément perché pour tenter un essai de la sorte. Reprenant son souffle, elle ajoute : expliquez-moi de vive voix cette plateforme mentale.

- Je suis en mission, je n'ai pas le temps. Voyant le regard de la psychiatre décidé, il se reprend et propose : un deal dans ce cas. Je sais que vous êtes tenue au secret médical, alors on se répond chacun notre tour.

Dr J. Stevens FACE au NEANT [WATTYS21, 2 Watt'Cheers... -Edité-] (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant