15| gentlemen

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                        Sans ne plus rien contrôler du tout, nos respirations s'emmêlent l'une à l'autre, nous sommes proches... trop proches. Je sens ses doigts faire des mouvements de vas et viens au creux de mes reins, comme s'il s'assurait que je ne me transforme pas en statue de glace, comme pour me garder éveillée. Quant à moi, je suis partagée entre plusieurs émotions qui se battent à l'intérieur de moi pour savoir laquelle gagnera mon esprit. Mes bras demeurent ballants, je suis sur la pointe des pieds tant le brun me soutient et m'a rapproché de lui au vu de sa taille. Je sens son regard s'attarder sur mon décolleté où il doit apercevoir la dentelle blanche que j'ai enfilé ce matin. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je remplis bien mes sous-vêtements malgré le fait que je sois en guerre froide avec la nourriture. Une chose de plus qui m'a fait vivre un enfer à l'opéra, mes courbes... Je le fixe avec insistance pour lui faire comprendre que je suis encore là. Il relève les yeux rapidement, prenant conscience de ce qu'il est en train de faire, désolé de s'être laissé distraire.

- On dirait que mon toucher ne te dérange plus autant que tout à l'heure, souffle-t-il avec un rictus aux lèvres.

C'est vrai que je suis en train de lui donner ce plaisir, me toucher, c'est ce qu'il cherche à faire depuis plusieurs jours. Etablir un contact avec moi, c'est comme essayer de toucher le feu. J'ai tout fait pour que plus personne ne me touche, depuis ma sortie de l'opéra, le seul qui y était autorisé c'était Léon. Mais la vie a fait que la seule personne en qui j'avais une confiance absolue m'a quittée brusquement, qui plus est par ma faute. Je crois que je suis encore sonnée par ce qu'il vient de se passer, cette journée était sonnante mais le fait qu'Isaac établisse un tel contact avec moi, rapidement, me perturbe au plus haut point.

- Je cherche juste comment me débarrasser de tes sales mains en évitant le plus de dégâts possibles pour ta gueule d'ange.

- C'est trop bon de ta part, fais attention Laurel, je pourrais penser que tu m'aimes bien.

Je ricane sèchement face à sa réponse, il est ridicule, on se supporte difficilement et le type pense qu'il peut y avoir une quelconque appréciation entre nous. Pathétique. Je secoue la tête sans pour autant me dégager de ses mains. J'ai l'impression d'être un petit oiseau blessé, j'ai peur de ce qu'il pourrait me faire mais je trouve un certain réconfort dans la chaleur et la poigne de ses mains. Quitte à passer une journée pourrie jusqu'au bout, pourquoi ne me laisserai-je pas tenter par lui. Je passe mes mains autour de ses bras pour remonter lentement jusqu'à sa nuque, le silence nous berce, je sens sa garde baisser et sans le forcer il baisse de lui-même la tête pour rapprocher nos visages jusqu'à effleurer mes lèvres.

- Tu ne me feras pas ce plaisir, n'est-ce pas ? demande-t-il soudainement comme s'il pressentait déjà ce que je prévoyais de faire. C'est à mon tour d'avoir un rictus plaqué sur les lèvres.

- Tu commences à me connaître, c'est bien.

- Tu ne crois pas si bien dire Laurel, dit-il avant de rapidement toucher mes lèvres avec le bout de sa langue. Sûrement un autre affront à mon égo, pourtant mon rythme cardiaque s'accélère soudainement, si bien que j'ai un mouvement de recul.

Au même moment, la porte d'entrée s'ouvre laissant apparaître Robin, Elvire, Nathan ainsi que Manon. Je me dégage des mains de Isaac avant de débouler dans l'escalier de peur qu'ils nous voient mais également pour me libérer.

- Vous en avez mis du temps, annoncé-je. Le brun descend, toujours son sourire effronté aux lèvres.

- Mais non ! Isaac sait sourire, s'étonne Nathan en faisant mine de sauter partout.

- Incroyable mais vrai, ajoute Elvire en croisant les bras sur sa poitrine, on est juste venu te faire un petit coucou avant de rentrer à l'hôtel. Remets toi en forme pour demain, le tournage s'annonce intensif, Foster nous a prévenu qu'on allait presque camper sur les lieux maintenant.

Accorde moi cette danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant