Accorde moi cette danse

10| bouscule mes idéaux

                 Le lendemain, le tournage reprend, nous devons revenir à la réalité après ce jour de repos. Le sommeil que j'ai pu récupérer avant-hier a complètement balancé avec la nuit blanche que je viens de passer. Fort heureusement, Amber me transforme grâce à ses talents.

La perturbation de mon sommeil est principalement dû aux inquiétudes de mes parents et de ma sœur. Bien que je fasse en sorte de toujours paraître en bonne santé, mettre des vêtements larges et manger correctement devant eux, il semble que quelqu'un les ait prévenu que je sois de nouveau au bord de la maladie. Après avoir passé une heure à lire un livre dont je n'ai pas la suite de la saga, avoir regardé deux Disney, avoir fait un brownie à base de compote, le jour se levait enfin et le pire, c'est que je n'étais même pas fatiguée. Maintenant, je suis très stressée. Je dois refaire face à Isaac, depuis la dernière fois, je me demande comment ça va se dérouler.

La costumière pénètre dans notre loge à Elvire et moi afin de nous habiller. La blonde hérite d'un ensemble à carreau jaune et noir, comme dans Clueless. Une partie de ses cheveux sont relevés en un chignon impossible à faire, qui la plupart du temps sont sur pinterest. Quant à moi, je suis habillée d'une robe noir qui m'arrive à mi-mollet, accompagnée d'une ceinture marron et de Doc Martens rouges, je dois avouer que l'ensemble n'est vraiment pas mal. Mes cheveux bruns sont attachés en queue de cheval puis bouclés sur la longueur. Le lieu sur lequel nous tournons aujourd'hui est dans la rue où nous sommes passés l'autre jour, pour aller au restaurant grec. Les gens sont agglutinés les uns contre les autres, ça m'angoisse un peu, j'ai instantanément les images de la petite fille qui me reviennent en tête. Je suis tirée de mes pensées quand Elvire pose sa main sur mon épaule pour m'inciter à la suivre, le tournage doit commencer. Je me redresse et repère les garçons. L'un est habillé d'une chemise noir, l'autre d'un pull avec le logo universitaire.

- Arrête de baver, me souffle Isaac en passant.

- Pas moyen que je bave sur toi en tout cas.

- Et sur moi ? demande une voix derrière moi. Je me retourne pour découvrir Bastian, portant une veste en cuir qui lui va à ravir.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je en m'approchant de lui timidement.

- Je suis juste passé, c'était sur mon chemin. rit le blond en retirant ses mains de ses poches.

- Mais comment tu as su ?

- Dis merci à Nathan.

Evidemment, ça devait être lui. Mes doigts frôlent ceux du blond et pendant un instant, nous sommes très proches l'un de l'autre, prêts à ce qu'il se passe quelque chose. Pour autant, rien ne se passe. Nous restons tous les deux les bras ballants, avec nos mains qui se frôlent et ça semble nous suffire amplement.

- Je... je dois y aller. dis-je soudainement en me rendant compte pourquoi je suis ici.

- Bien sûr, vas-y.

- J'aurais vraiment beaucoup aimé passer plus de temps avec toi, continué-je avec une pointe de regret dans la voix.

- Moi aussi Laurel. Moi aussi.

J'effectue quelques pas afin de sortir de notre lieu d'isolement des paparazzis et au dernier moment je reviens vers Bastian pour déposer un baiser sur sa joue; il ne s'attendait visiblement pas à cela puisque son visage affiche un air étonné. Et moi, je m'empresse de me retourner pour ne pas regretter le premier pas que je viens de franchir; sans pour autant marcher. Estelle me regarde de loin, les bras croisés sur sa poitrine, elle m'attend. Je ne veux pas laisser Bastian attendre plus longtemps. Il a eu la délicatesse de me laisser tranquille depuis le premier jour. Il ne force pas les choses, ne s'empresse pas de me demander quand nous pouvons nous voir, il me demande si je suis bien rentrée chez moi et j'ai apprécié la soirée passée en sa compagnie. Je ne peux pas le laisser filer entre mes doigts. Cet homme me plaît, ça fait des années que je me tiens éloignée de la gente masculine pour ne pas perturber ma carrière, ça fait plus de six mois que je les évite parce que l'un des hommes de ma vie est parti. C'est terminé. Je veux vivre.