12| crise d'angoisse

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               Le lendemain, le réveil pique comme l'heure à laquelle je me lève: sept heures. Je me redresse et attrape un survêtement pour ensuite filer à la douche. Ma salle de bain se trouvant juste en face de ma chambre, je n'ai qu'un pas à faire. L'eau chaude coule sur ma peau nue et de la musique zen résonne dans la pièce. Je me savonne énergiquement puis le moment de m'habiller arrive, je me confronte à mon reflet dans le miroir, je m'observe dans mes sous-vêtements noirs. Mon corps est fin et mes hanches si larges.

Je me dégoûte. Alors je fais ce que je sais faire de mieux. Ignorer.

Je m'habille en vitesse et bois un cappuccino sur ma terrasse, laissant les fenêtres grandes ouvertes. L'air est froid, octobre approche et cette pensée me réchauffe le cœur. Mes pivoines sont en train de tomber, je vais devoir en faire des bouquets pour que les fleurs ne gèlent pas. Je devrais en amener sur la tombe de Léon. Si seulement je pouvais...

Je reçois un message d'Estelle pour me dire qu'elle m'attend devant, je termine d'une traite mon cappuccino et m'empresse de rejoindre mon amie. Le trajet se fait silencieusement, seule la musique remplit le véhicule. Quand nous arrivons sur le lieu de tournage, je ne peux que m'émerveiller. Nous avons le privilège d'avoir le musée d'histoires naturelles pour réaliser le film du plus grand réalisateur d'hollywood. Le soleil tape à travers les vitres du toit, je ferme les yeux et déguste les derniers rayons de chaleur.

L'automne approche, ce qui signifie que les jours pluvieux, la déprime et la solitude vont faire leur grand retour également. Je déteste ça. Je déteste ces jours et ces souvenirs qui vont revenir me hanter. Pourtant je ne peux pas non plus m'empêcher d'attendre avec impatience ces jours de froid intense où je pourrais rester chez moi sous une couverture avec un bon film réconfortant.

Je sens une main se poser sur mon épaule, qui me fait sortir de mes pensées. C'est Nathan. Il me sourit et me dit qu'on doit commencer à se préparer. Je me dirige dans ma loge et Amber s'occupe à nouveau de moi. Les deux autres femmes qui s'étaient permises de me critiquer la dernière fois sont également là. Je me demande quelles sont leurs fonctions.

Je ne m'en occupe pas et laisse Amber déployer son art sur mon visage. Mes cheveux sont coiffés d'un chignon et je découvre avec horreur la tenue que je vais devoir porter aujourd'hui: un jean en simili-cuir et un body. C'est trop moulant, je sens tous mes membres trembler et la panique me gagne. Ma respiration s'accélère et sans que personne ne s'y attende, je sors précipitamment du van pour fuir.

Je vais faire une crise d'angoisse. Je ne veux pas. Aide moi...

Sous les regards étonnés du personnel du musée, je m'engouffre dans les toilettes et me laisse glisser contre la porte pour me laisser tomber sur le sol. Mes yeux se brouillent à cause des larmes et pour le moment je ne me rappelle même plus des techniques pour me calmer. Pourquoi je n'en fait qu'à ma tête, ma psy m'avait prévenu que j'allais exploser à un moment donné. Est-ce que j'ai explosé ? J'entends des pas s'approcher, je ne peux même pas tenter de me terrer dans le silence tant ma respiration est bruyante. Bien vite, Estelle apparaît accompagnée de Elvire. La rousse s'agenouille à mes côtés, passe une main dans mon dos pour me décoller de la porte et la bouger de haut en bas.

- Qu'est-ce que je peux faire ? demande Elvire d'un ton soucieux.

- Pour le moment rien. Il faut qu'on trouve un moyen de la calmer.

Une douleur indescriptible prend place désormais dans ma poitrine, elle me fait si mal qu'entre deux sanglots un bruit étrange sort de ma gorge, comme si j'étouffais.

Au secours, sortez-moi de là. Pitié laissez-moi.

Je sens deux mains me saisir les épaules et me secouer légèrement, puis j'entends des éclats de voix, une porte claquer et mon être qui quitte le sol. Je suis amenée sur un balcon, on me force à m'asseoir et me fourre quelque chose dans la bouche. Quelque chose qui m'apaise, qui me calme. De l'air en est sorti, plutôt un produit. Je retrouve mes esprits doucement et quand mes yeux s'ouvrent, je découvre Isaac agenouillé à mes côtés, tenant dans sa main une bombe de corticoïde.

Accorde moi cette danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant