Chap6

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La neurasthénie de Moësha était telle qu'elle n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. Ted et son père devraient s'inquiéter, peut-être même que la police était à ses trousses.

-La fouineuse a bien dormi?

Elle sursauta quand elle entendit la voix de l'homme, trop perdu dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu rentrer.

Elle l'ignora complètement, il la traina jusqu'au salon qui ferait trois fois la taille de sa chambre. Alors que le regard gris de l'homme était posé sur elle, elle examinait la pièce bien ordonnée.

-Quant à moi j'ai dormi comme un bébé, c'est pour la première fois que j'avais de la compagnie. Triste hironie!

C'était pour la première qu'une femme à part la femme de chambre, sa secrétaire et Nana avait pénétré chez lui. Stéphane a connu de nombreuses conquêtes mais pour les parties de jambes en l'air, ils se voyaient la plupart du temps à l'hôtel. Croyait-il en l'amour? Pas vraiment ou du moins pas encore puisque la flèche de Cupidon n'avait pas encore percé son coeur en plus les femmes qu'il fréquentait s'intéressaient uniquement à la vie de luxe qu'il pouvait leurs offrir.

Sur la petite table, elle aperçut plusieurs photos de son père et de Ted, il n'avait pas vraiment dormi comme il l'avait si bien dit mais enquêtait sur eux et sur elle aussi apparemment.

-J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous.

Fallait se l'avouer, jusque là c'était l'homme le plus séduisant sur terre. Il devait être d'humeur ce matin là car il était moins énervé que la veille. Revêtu d'un pull noir associé à un pantalon gris qui lui allait divinement bien, il était très élégant.

-La bonne nouvelle c'est qu'à l'heure qu'il est, votre père a lancé un avis de recherche, Ted aussi est sur le coup. Au moins ça prouve qu'il tienne vraiment à vous.

Debout au milieu de la pièce, Moësha ne disait rien mais ne cessait pour autant de le fixer. Il poursuit son soliloque.

-La mauvaise nouvelle c'est que mon petit frère est le principal suspect et ça ne plaît guère donc, vous allez gentillement les appeler et leur dire que vous avez quitté la ville ou un truc du genre.

Il contemplait la pureté du profil de Moësha. Contrite, cette dernière baissa la tête. D'un doigt tendre, il releva le menton de la jeune femme et elle posa sur lui ses grands yeux bruns, purs et innocents.

-Ils ne me croiront pas, je n'ai pas d'amis et où pourrais-je bien aller? Vous pouvez encore vous rendre, il n'est jamais trop tard.

-Puis quoi encore? Me repentir pour sauver mon âme? Je suis le diable incarné alors écoutez moi bien, vous allez foutre vos fesses sur le divan, je vais lancer l'appel et vous avez intérêt à être convaincante avant que je ne me mette en colère, je n'ai pas pour habitude d'être aussi patient avec mes ennemis.

Elle s'exécuta, en faites elle obéissait uniquement pour ne pas mettre la vie des personnes qui comptaient pour elle en danger.

Il s'accroupit près d'elle et lança l'appel téléphonique. Moësha se demandait comment il a eu son numéro, à croire que rien ne leur était impossible.

-Allô. Entendit-elle au bout du fil.

À cet instant précis, elle faisait de son mieux pour retenir les larmes qui menaçaient de couler. Qui sait? C'était peut-être la dernière fois qu'elle l'écoutait.

-Mon amour, c'est Moësha.

-Moësha, tu es où? On s'inquiète ici, dis-moi, tu es avec eux? Les frères Melnikov t'ont fait du mal?

Stéphane lui lança un regard haineux, c'était un avertissement, elle le savait et fit donc semblant de rire. Un rire jaune.

-Non quelle idée, j'ai quitté la ville, j'en ai pas pour longtemps. Préviens mon père s'il te plaît et cessez de vous inquiétez car je vais bien.

-Tu aurais pu me prévenir, je t'aurais accompagné. Je n'ai pas cessé de te téléphoner. Dis-moi où tu es et je viendrai te chercher.

Il la contempla de ses yeux énigmatiques, impatient à écouter son prochain mensonge.

-Ce n'est pas la peine, j'ai besoin d'être seul pour penser à certaines choses, je reviens bientôt c'est promis. J'ai égaré mon portable donc je ne sais pas quand je vais pouvoir te rappeler. Je dois te laisser, sache que je t'aime beaucoup.

-Je t'aime aussi mon ange, revient-moi vite.

Il alla chercher du thé dans la cuisine et revint quelques minutes après.

-Ah! L'amour! Et dire que si je disparais il n'y aura aucunes femmes qui s'inquièteront, à part Nana évidemment. Heureusement que j'ai des frères merveilleux qui remueraient ciel et terre pour moi.

-Vous n'allez pas, vous en tirez comme ça. Vous pensez que mon père va gober cette histoire?

-On s'en fou, à la minute que Pedro s'en sort. De toute façon, il ne pourra pas localiser le téléphone donc on va pouvoir papoter encore quelques heures.

Son deuxième portable se mit à sonner, il s'agissait d'Alexander, Stéphane ne décrocha pas mais il insista, il comprit que Pedro avait vendu la mèche.

-Alexander! Répondit-il enfin.

-Je suis au courant de tout, où est la fille?

Stéphane lui jeta un coup d'oeil et remarqua qu'elle essayait de se débarrasser de ses menottes, elle les avait garder trop longtemps et commençait à avoir mal.

-Chez moi. Répondit-il comme si de rien était.

-Tu es fou ou quoi? Je vais envoyer mes hommes la chercher afin qu'ils se débarrassent d'elle.

-Je m'occupe de tout donc ce n'est pas nécessaire.

Il but une gorgée de sa tasse de thé et faillit s'étrangler quand il entendit à l'autre bout du fil:

-Depuis quand tu tuais les femmes?

-Qui te dit que je comptais la tuer?

Peut-être qu'il ne savait pas  quoi faire d'elle mais la tuer ne faisait plus partie de son plan.
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Piégée par un mafieux (SDM. T1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant