𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 24.

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Quelques minutes plus tôt

Je mate le cul de la snobinarde tandis qu'elle retourne dans l'eau de sa démarche assurée. Je constate que son humeur ne s'est pas améliorée d'un poil, elle est toujours en colère parce que j'ai fait le con. Ça ne m'étonne pas.

Je commence à la bien cerner, et j'anticipe de plus en plus facilement ses réactions. Tout comme le fait qu'elle était gênée et en colère quand je l'ai surprise en train de me reluquer. C'est évident que ma nudité la trouble, quand bien même, je ne suis pas le seul à être dans cette tenue.

C'est moi qui lui fais cet effet. Moi et rien que moi. Je ne la quitte pas des yeux pendant qu'elle rentre dans l'eau avec grâce et légèreté. Depuis l'instant ou j'ai compris qu'il s'agissait de sa classe, je n'ai pas arrêté de la chercher du regard.

J'étais curieux de la voir en maillot de bain et je ne suis pas déçu.

Celui qu'elle a choisi lui va super bien. Elle a opté pour un maillot plus sage et moins sexy que le bikini rouge qu'elle portait sur la photo que j'ai vu sur son Facebook, mais il n'en est pas moins joli. Simple, mais joli. Bizarrement, ça me plaît qu'elle n'ait pas mis un maillot de bain plus osé pour impressionner la galerie.

Les poulettes font toujours ça durant les cours de natation : mettre des maillots plus sexy et plus inconvenants les uns que les autres dans l'attente désespérée d'attirer l'attention des garçons. Il n'y a qu'à regarder Fanta, la pote de la snobinarde ne s'est pas gênée. Personnellement, j'ai toujours trouvé ça risible, limite pathétique, et je suis agréablement surpris que la snobinarde n'ait pas fait ce choix. Je ne m'attendais pas à ça de la part de madame-je-sais-tout.

C'est vrai, quoi, cette meuf adore se la péter devant les autres, et je ne doute pas que ses tiroirs de petite fille riche regorgent de maillots plus sexy les uns que les autres J'ouvre le robinet et joins mes mains ensemble pour boire un peu d'eau avant de retourner dans la piscine. Je kiff la natation, c'est relaxant et c'est justement ce dont j'ai besoin en ce moment. De relâcher la pression par n'importe quel moyen.

Hier soir, je suis passé à la maison pour prendre des fringues, et j'ai trouvé ma mère dans un état déplorable. Alicia était dans la cuisine, ivre morte pour ne pas changer, et versait toutes les larmes de son corps, telle une âme en peine.

C'était lamentable. Déchirant. Avachi sur le sol, elle semblait vide de toute énergie. Elle ne pouvait même pas se lever seule, alors je l'ai obligé à lever son cul, et à prendre un long bain avant de la mettre au lit. C'est la deuxième fois qu'elle me fait un coup dans le genre. Samedi dernier, le lendemain de ma nuit chez Ruby après la fusillade, je l'ai trouvé en train de vomir dans le salon alors que je rentrais pour prendre une douche pour aller bosser. A 7h du mat, putain.

C'est officiel, Alicia Fiennes est en train de toucher le fond et il n'y a aucun doute qu'elle m'entraine dans sa chute vertigineuse. C'est trop. Je me sens démuni, largué, paumé. Bref, je me sens comme un père vivant seul et qui doit mener une guerre perdue d'avance : gérer les démons de sa fille ingérable et alcoolique, en plus des siens. Oui, j'ai l'impression de devoir me battre pour nous deux.

Je me bats contre les tourments de ma mère et les miens ; Je me bats contre elle pour qu'elle ne s'abandonne pas elle-même ; Je me bats contre moi-même pour ne pas l'abandonner ; Tant de batailles à livrer, un lourd fardeau à porter, et je suis épuisé.

Je veux me libérer de cette femme qui pèse sur moi, car nous sommes enchainés à notre quotidien misérable, prisonniers de notre lien familial toxique, pourtant la voir dans cet état me plonge dans un abîme dont la noirceur ne m'offre aucune possibilité de sortie. Celui du doute. Qu'adviendra-t-il de ma mère une fois que je ne serais plus là ?

Love Lesson [T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant