Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)

Chapitre 13 - LILY EVANS

La pluie était tombée toute la nuit et ne s'était arrêtée qu'au petit matin. A son réveil, un ciel à la fois terne et lumineux couvrait la forêt environnante par la fenêtre du dortoir de Lily. La brume masquait beaucoup d'arbres et de collines et une odeur de terre et de bois humide embaumait l'air lorsqu'elle sortit dans le parc en compagnie de Severus pour une petite balade matinale.

Lorsqu'ils se séparèrent pour entrer dans la Grande Salle, celle-ci était déjà pleine et tous les élèves prenaient leur petit-déjeuner. Lily s'installa, comme à son habitude, à côté de Mary et d'Eugénie et remarqua qu'un parchemin avait été posé à côté de son assiette vide. Un parchemin que ses amies avaient déjà reçu et qu'elles lisaient avec attention.

- McGonagall vient de nous distribuer les emplois du temps de l'année, lui expliqua Mary en mangeant ses œufs brouillés sans quitter le parchemin des yeux, on a un planning plus chargé que l'année dernière.

Intriguée, Lily jeta un œil à l'emploi du temps.

- On a tout de même des heures d'Etude, cette année, constata-t-elle, c'est curieux, on n'en avait pas, l'année dernière.

- Les première année n'en ont jamais, dit Eugénie, ce sont des heures consacrées aux devoirs dans une salle spéciale. On a beau avoir des heures d'Etude, on peut dire au revoir à notre mercredi après-midi de libre. Deux heures de Sortilèges, deux heures de Métamorphose. Super, le mercredi !

- On commence avec la Botanique, aujourd'hui, lut Mary alors que Lily se servait une assiette d'œufs brouillés et de bacon, ensuite, on sera avec McGonagall, Binns et... Oh ! On termine par la Défense contre les forces du mal ! Je me demande ce que cette McBorough-Douglas vaut comme prof. Je ne connais pas vraiment la réputation d'Ilvermorny.

Lily haussa les épaules pour lui faire savoir qu'elle ne pouvait lui être d'aucune aide. En réalité, jusqu'à hier soir, elle avait pensé bien naïvement que Poudlard était la seule école de sorcellerie au monde.

- Demain on ne commence les cours qu'à dix heures trente ! fit Eugénie d'un ton réjoui. Il n'est pas si mauvais, cet emploi du temps.

- Oui, mais on finit à vingt-deux heures à cause du cours d'Astronomie, répliqua Mary d'un ton grinçant.

Après avoir avalé son assiette, une tasse de thé et un jus de citrouille plus tard, les deuxième année de Gryffondor se dirigèrent vers les serres où Mrs Chourave les attendait. Elle leur demanda d'enfiler une cape spéciale faite en cuir de dragon ainsi que leurs gants protecteurs et les réunit devant plusieurs plantes qui attendaient dans leurs pots, répartis sur une longue table centrale.

- Bonjour les enfants, fit le professeur d'un ton énergique.

- Bonjour, Mrs Chourave ! répondirent à l'unisson les élèves.

- Aujourd'hui, nous allons apprendre à rempoter des mandragores, enchaîna l'enseignante en enfilant ses gants, il va falloir être très prudent. J'espère d'ailleurs que vous avez tous vos protections. Mr Pettigrow ? C'est à vous que je pense.

Lily se retourna vers les Maraudeurs. Pettigrow montrait son casque, visiblement inquiet que la protection était autre chose à laquelle il n'avait pas pensé.

- Bien ! C'est ça, Mr Pettigrow, fit le professeur Chourave visiblement soulagée, la mandragore, donc ! La mandragore, ou mandragora, est une plante qui dispose de plusieurs propriétés intéressantes pour les sorciers. Quelqu'un ici serait-il capable de m'énumérer lesquelles ?

Lily leva aussitôt la main, sautillant presque sur place pour compenser sa petite taille.

- Oui, Mr Lupin ?

Elle baissa la main, soupirant et adressant un regard de reproche au garçon qui avait été interrogé à sa place.

- La mandragore possède de puissantes propriétés curatives, expliqua Lupin, ce qui fait qu'elle est souvent utilisée en Potion pour concocter des antidotes. Elle peut aussi rendre leur état d'origine à des personnes victimes de métamorphose ou soigner celles qui sont victimes d'un mauvais sortilège.

- Parfaitement, Mr Lupin ! Je ne l'aurais pas mieux dit. Dix points pour Gryffondor ! Cependant, tout n'est pas rose au paradis, c'est pourquoi je vous au demandé d'apporter des protections. En effet, la mandragore peut se révéler dangereuse. Qui peut me dire pourquoi ?

Encore une fois, les seules mains levées furent celles de Lily et de Lupin. A son grand soulagement, le professeur Chourave l'interrogea, cette fois.

- Le cri de la mandragore peut être mortel pour ceux qui l'entendent, se dépêcha de répondre Lily, persuadée que Lupin allait la devancer.

- C'est exactement ça. Et dix points de plus pour Gryffondor ! Evidemment, les mandragores que nous allons étudier aujourd'hui sont extrêmement jeunes et leurs cris ne seront pas mortels pour nous. Mais elles peuvent tout de même causer des dégâts. Et comme je ne veux pas donner de travail supplémentaire à Mrs Pomfresh dès le premier jour de cours, nous allons utiliser nos cache-oreilles. Pour le moment, écoutez-moi bien.

« Nous allons sortir ces mandragores de leurs pots pour les rempoter dans du compost que vous trouverez dans ces sacs, derrière vous, à côté de la Tentacula vénéneuse ; ne vous souciez pas d'elle, elle est encore jeune et inoffensive. Il lui faudrait encore une bonne quinzaine d'années avant qu'elle ne commence à faire ses dents.

« Bien. Attrapez la plante d'une main ferme, et arrachez-la ! Après, bien sûr, avoir mis vos protections.

Lorsque Lily enfila ses cache-oreilles, le son fut soudainement coupé. Elle n'entendait plus rien, un peu comme un astronaute qui opérait dans le silence du vide de l'espace. Elle attrapa la plante verte qui dépassait du pot et la tira de toutes ses forces. Elle poussa un cri inaudible lorsqu'elle vit à quoi ressemblait la mandragore. Là où il aurait dû y avoir des racines, il y avait une créature qui ressemblait à un affreux bébé qui hurlait à pleins poumons.

Lorsque le corps de la mandragore fuit enfouie sous le compost – taisant des cris dont Lily n'avait aucune idée de ce à quoi ils pouvaient ressembler – le professeur Chourave les autorisa à retirer leurs cache-oreilles. Aussitôt, le son revint aux oreilles de Lily comme si elle venait de sortir la tête de sous l'eau.

Alors qu'ils finissaient le rempotage des mandragores, les voix des Maraudeurs arrivèrent jusqu'à Lily.

- Je manie la batte mieux que personne, disait Black tout en s'occupant de sa plante, je ne vois vraiment pas pourquoi je ne serais pas pris dans l'équipe en tant que batteur.

- Tu ne peux jamais savoir s'il y a meilleur que toi, philosopha Lupin.

- Au pire, tu peux toujours ouvrir le Bassin des Rêves et faire le vœu de devenir le nouveau batteur de l'équipe de Gryffondor, plaisanta Potter.

Les Maraudeurs partirent d'un petit rire.

- Vous avez tort de plaisanter sur ça, leur répliqua Lily, c'est un sujet sérieux. Je vous rappelle que vous avez failli mourir, l'été dernier.

Lupin et Pettigrow lui lancèrent un regard étonné, comme s'ils ne l'avaient pas remarquée.

- Oh, vous entendez ça, les gars ? fit Potter. Lily Evans a un avis ! Ça alors ! On aura tout vu !

- Faites comme vous voulez, marmonna Lily en essayant d'ignorer les rires des amis de Potter.

Pourquoi essayait-elle encore de leur faire comprendre une pensée mature ? Severus avait raison, l'été dernier. Les Maraudeurs avaient tenté d'arrêter Mallory par simple goût du risque. Ils n'étaient que des enfants qui avaient failli mourir par leur stupidité et ils ne s'en rendaient même pas compte.