Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)

Chapitre 79 - JAMES POTTER

Si les vacances de Noël s'achevèrent trop vite à son goût, James prit tout de même un réel plaisir à être de retour à Poudlard. Dès la veille de la reprise des cours, il s'empressa avec Sirius de raconter ce qu'ils avaient appris de ses parents sur Hagrid à Remus et à Peter, alors qu'ils dînaient à la Grande Salle.

Cela les étonna tellement que, le lendemain, durant le cours de Mrs Chourave, ils en parlaient encore dans la serre numéro 2. Dans l'atmosphère étouffante de cette séance de Botanique, les Maraudeurs purent trouver suffisamment d'espace pour se mettre légèrement en retrait des autres élèves et discuter de ces choses.

- Ça me parait complètement dingue, disait Remus qui ne s'était pas encore remis de cette nouvelle, que Hagrid ait causé une mort à cause de son obsession pour ces créatures dangereuses... Honnêtement, je n'aurais jamais cru ça de lui.

- Mon père ne semblait pas aussi convaincu de sa culpabilité, précisa James pour tempérer le débat, peut-être que c'était une erreur. Dès sa plus tendre enfance, Hagrid semblait déjà en extase devant les bestioles les plus repoussantes et les plus féroces. Tu couples ça à son apparence de géant, il avait dû se faire une réputation assez spéciale. Ça a dû jouer contre lui.

- Un peu comme avec Wheeler et sa stupidité, railla Sirius en jetant un regard moqueur à Peter.

- Ce n'est pas du tout... Oh, laisse tomber, soupira celui-ci.

- Oui, je comprends bien, reprit Remus, mais ta mère semble bien convaincue que le fin mot de l'histoire avait été trouvé, à cette époque-là. Et elle a de bons arguments. Elle a raison : le directeur de l'époque n'aurait pas viré Hagrid de l'école s'il n'était pas sûr de sa culpabilité.

- Comme dit mon père, c'était une époque incertaine, relativisa James, ils étaient à deux doigts de fermer l'école alors il a peut-être dû agir pour agir.

- Et n'oublions pas le plus important dans ce que ta mère dit : les agressions ont cessé après le renvoi d'Hagrid. Ecoute, je suis d'accord avec toi, James. Moi aussi, je pense que jamais Hagrid ne ferait sciemment du mal à quelqu'un gratuitement. Mais on sait aussi qu'il est très imprudent et maladroit. Est-ce que tu veux que je te rappelle ce qu'il garde dans son jardin ?

- Vous croyez que le monstre, ce pourrait être ce serpent à trois têtes ? s'inquiéta Peter. Qui sait ? Peut-être qu'il a le pouvoir de plonger ses victimes dans un cauchemar sans fin ? J'ai entendu parler de serpents capables d'hypnotiser ses victimes, un jour... Je crois...

- J'ai vérifié, Peter, répliqua Remus, les Runespoors n'ont pas ce pouvoir-là. En fait – et ça me fait du mal de l'admettre – Hagrid n'a pas tort à leur sujet : ce ne sont pas des créatures très agressives. Dangereuses, certes. Mais pas agressives.

- Le père de James semble penser que les agressions dont ont été victimes Hardwell et Londubat n'ont rien à voir avec celles qui ont eu lieu dans les années 40, dit Sirius, d'après lui, Dumbledore aurait fait le rapprochement si cela avait été le cas.

- Difficile à dire, marmonna Remus d'un air pensif, si on admet que Hagrid est le responsable – je dis bien « si on admet » – allez savoir de quelle créature il s'était entiché dans les années 40 ? Et de quelle créature il est question aujourd'hui, trente ans plus tard ? Si ce n'est pas la même, Dumbledore aurait bien du mal à voir un rapprochement dans ces deux cas.

- La meilleure chose à faire, ce serait demander à Hagrid ce qu'il en est, dit Peter.

James eut un rire sans joie.

- Oui, j'y ai pensé, moi aussi, ironisa-t-il, on pourrait lui dire quelque chose du genre : « Bonjour, Hagrid ! Dites-moi, vieux cachotier, vous ne nous aviez pas dit que vous étiez le responsable de la mort d'une fille durant votre troisième année ? ».

La cloche sonna à ce moment-là. Le son se propagea dans tout le château pour annoncer la fin de l'heure de cours. Les élèves s'activèrent pour enlever leurs capes protectrices tandis que Mrs Chourave élevait la voix pour leur annoncer les devoirs à faire :

- Je veux ce parchemin sur la Gentiane sanglante pour lundi prochain ! Et je vous rappelle que c'est noté, les enfants !

L'instant d'après, la classe des deuxième année de Gryffondor traversait le hall pour se diriger vers l'escalier menant à leur cours suivant, la Métamorphose. Ils croisèrent la classe de cinquième année de Serdaigle et James repéra aussitôt Emilia qui surveillait ce couloir.

Elle aidait un petit première année de Poufsouffle à ramasser ses affaires qu'il avait fait tomber par terre.

- Salut, les garçons ! dit-elle de sa voix chantante lorsqu'elle les remarqua après s'être redressée. Vous avez passé de joyeuses fêtes ?

- Salut, Emilia, dit James, très bonnes, et toi ?

- Très studieuses, répondit la surveillante, je suis restée à Poudlard durant toutes les vacances, en réalité. Vous avez un nouveau match de Quidditch de prévu, prochainement ? Depuis le dernier contre Serpentard, tout le monde parle de vous deux, les garçons. Vous êtes devenus de véritables stars !

James sourit, sincèrement flatté.

- Notre prochain match est prévu pour avril, répondit Sirius, contre Poufsouffle.

- Oh, ce devrait être facile pour votre équipe, dit Emilia en retirant quelques-unes de ses mèches de cheveux qui s'étaient prises dans la chaîne de son collier en or, au fait, Remus. Tu as trouvé, pour ma maison ?

James jeta un regard curieux à son ami.

- Depuis quelques semaines, je me suis mis en tête de deviner à quelle maison appartenait Emilia quand elle était élève ici, lui expliqua Remus, et je reste sur ma décision : tu étais une Gryffondor. Une Serdaigle en deuxième choix.

Emilia eut un rire. James était d'accord avec Remus.

- Dis-moi au moins si je suis proche ou loin de la vérité, dit celui-ci avec frustration.

Elle allait répondre mais quelque chose l'en empêcha.

Un soudain fracas provenant de l'escalier situé sur leur gauche, celui qui menait vers les cachots, sous le château. Des éclats de voix retentissaient et avaient retenu l'attention de la foule d'élèves qui traversaient le hall pour rejoindre leur deuxième cours de la matinée.

James sentit son cœur s'arrêter. Comme tout le monde autour de lui, une pensée lui traversa l'esprit : y avait-il eu une nouvelle agression ?