Chapitre 44 - REMUS LUPIN

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La première semaine du mois d'octobre fut horrible. Remus avait l'impression que ses transformations devenaient de plus en plus douloureuses. Et les jours qu'il passait à l'infirmerie et qui suivaient ces nuits infernales n'étaient pas meilleurs. Toujours affaibli par la nuit de pleine lune qu'il avait subie, il restait seul dans le lit à se demander si la vie valait réellement la peine d'être vécu avec une telle malédiction. Le fait que Mrs Pomfresh refuse catégoriquement la moindre visite y était pour quelque chose ; Remus était certain qu'il se sentirait mieux si son séjour à l'infirmerie était ponctué de visites de James, Sirius et Peter.

Mais cette fois, l'infirmière de Poudlard n'était pas en cause. C'était, d'après ses dires, un ordre formel de Dumbledore. Celui-ci ne voulait pas courir le risque que ses amis ne découvrent l'horrible vérité à son sujet. Et Remus ne pouvait que le comprendre et il comptait bien lui obéir. Dumbledore avait pris d'énormes risques en acceptant de le prendre comme élève malgré son état et la confiance que le directeur plaçait en lui était précieuse à ses yeux. Il ne voulait pas tout gâcher en faisant en sorte que les parents d'élèves découvrent la vérité à son sujet.

Fort heureusement, cette première semaine d'octobre était à présent passée. La routine reprit dès la deuxième semaine et Remus put rattraper ses cours sur James ; étonnamment, c'était celui de la bande qui était le plus soigneux de tous. Même si, aux yeux de Remus, il lui fallait encore faire des efforts pour que ses cours soient complètement propres, ses notes restaient plus lisibles que l'écriture brouillonne de Sirius ou de celle incertaine de Peter.

Il plut toute la semaine. Mais lors du début de la troisième semaine d'octobre, il y eut une accalmie et le ciel s'éclaira quelque peu. En ce mardi après-midi, un soleil lumineux bien que timide passait par les larges fenêtres de la classe de Métamorphose et McGonagall avait donné un exercice surprise à la classe.

- Nous avons appris que le sortilège Revelio servait à révéler les objets cachés, leur dit-elle dès le début du cours, nous avons vu ses propriétés et son fonctionnement ensemble. Nous avons aussi découvert que ce sort permet aussi de nous montrer la forme d'origine d'un objet métamorphosé. A présent, nous allons faire quelques exercices théoriques sur ce chapitre afin de savoir si vous êtes prêts pour un éventuel contrôle qui pourrait tomber dans les semaines prochaines.

Remus avait vu Lily se redresser sur sa chaise, comme si elle se tenait prête à affronter un dragon. Le reste de la classe avait poussé un soupir. Ils savaient tous que « exercice théorique » voulait dire « écrit ». Et effectivement, la pratique ne fut pas mise à l'honneur, aujourd'hui, car McGonagall leur distribua un parchemin chacun sur lequel plusieurs exercices d'entraînement figuraient.

Assis comme à son habitude tout au fond de la classe avec James, Sirius et Peter, Remus se mit à plancher sur ces travaux théoriques dès que le parchemin lui fut donné par McGonagall. Cependant, peu de temps après le début de l'heure, la conversation entre les Maraudeurs dériva vite vers Gareth Wheeler.

- Je ne dis pas que Wheeler n'est pas coupable, se défendit Remus après avoir terminé un nouvel exercice, je dis juste que tout ce que tu dis n'est pas une preuve, Peter. Ce sont des soupçons, au mieux.

- Pourquoi es-tu si convaincu de la culpabilité de Wheeler ? demanda Sirius d'un ton curieux.

Pourquoi Peter accusait-il Wheeler ? Remus se doutait de la raison. Mais si son ami n'avait rien dit, c'était probablement parce qu'il voulait garder ça secret.

- Je croyais que tu étais de mon avis, répondit Peter visiblement de mauvaise humeur, tu as dit que tu me croyais.

- J'ai dit que je trouvais ta théorie probable.

- Remus a raison, Peter, dit James, Wheeler est un suspect parce qu'il est louche. Être louche ne signifie pas être coupable.

- Je ne vois pas où est la différence, reprit Peter avec mauvaise foi, l'année dernière, quand on a accusé Nausicaa, vous étiez tous les deux convaincus que c'était elle et toi, Remus, tu la suspectais aussi.

- On avait le mobile, pour Nausicaa, expliqua Remus avec patience, on pensait qu'elle voulait servir Tu-Sais-Qui pour devenir une Mangemort. Et même avec le mobile, on s'est trompé, je te rappelle. Ce qu'il manque à Wheeler, c'est justement un mobile. Pourquoi voudrait-il agresser cette Alice Hardwell ? Que gagne-t-il à faire une telle chose ?

- Tu as entendu Flitwick, cette nuit-là ? répliqua Peter avec véhémence. Il a dit que cette fille sortait souvent la nuit pour voir des garçons. Et qui est un véritable dragueur qui court après les filles ?

- Là, tu marques un point, Peter, dit Sirius.

- Non, il ne marque rien du tout, asséna Remus sans cesser de surveiller McGonagall qui aidait Hugo dans ses exercices, Flitwick a dit qu'Hardwell quittait le dortoir justement pour voir un garçon qui n'est pas de Serdaigle. Pourquoi quitter sa salle commune et prendre le risque de se faire surprendre par Rusard ou par un surveillant si c'est pour flirter avec Wheeler qui est un Serdaigle, comme elle ?

De nouveau, Peter allait revenir à la charge mais il fut interrompu par la voix claquante de McGonagall, à l'autre bout de la salle de classe.

- Combien de fois faudra-t-il que je le dise ? Cessez vos bavardages, tous les quatre !

Remus se remit au travail mais il vit que le mal était fait. McGonagall semblait bien décidée à voir où ils en étaient dans leur travail. Elle regarda par-dessus les épaules de James et Sirius et poussa un soupir agacé. Remus savait ce que cela voulait dire. Cela frustrait légèrement le professeur de voir que, malgré leurs bavardages, James et Sirius fournissaient un travail très satisfaisant, comme si la compréhension de ses cours se faisaient sans aucun effort pour eux.

Quand elle passa derrière lui, Remus ne l'entendit pas faire de commentaire ; elle avait saisi qu'il était le plus travailleur des quatre et ses résultats étaient toujours bons, avec elle.

En revanche, quand McGonagall regarda la copie de Peter, les choses ne se passèrent pas comme avec les trois autres.

- J'espère que c'est une plaisanterie, Mr Pettigrow, dit-elle d'une voix qui laissait entendre qu'elle était très en colère, vous n'êtes même pas fichu de faire les deux premiers exercices qui ne sont pourtant qu'un rappel de ce que nous avons fait en première année ! Non ! Ça ne se passera pas comme ça ! Hors de question de vous laisser à côté de ses trois-là.

Remus la vit balayer du regard la salle de classe et son regard s'arrêta inévitablement sur la seule place libre qu'il restait.

- Miss Evans ? Il n'y a personne à côté de vous, n'est-ce pas ?

- Non, professeur, répondit Lily d'une petite voix perplexe.

- Veuillez laisser Mr Pettigrow s'asseoir à cette place, alors. Avec vous, je sais qu'il ne se risquera pas à bavarder. Et qui plus est, je pourrai surveiller ses efforts puisqu'il sera juste devant mon bureau. Allez, Mr Pettigrow ! Cela prend effet immédiatement et ce jusqu'à la fin de l'année.

Remus remarqua clairement que cette décision n'enchantait pas du tout Lily Evans. Il fallait dire qu'elle avait pris la mauvaise place. Trop au-devant de la classe pour que Mary ou Eugénie n'acceptent de s'y installer.

Ainsi, un Peter aussi gêné qu'irrité, se leva, rassembla maladroitement ses affaires et alla s'installer à sa nouvelle place.

Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant