Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)

Chapitre 96 - LILY EVANS

- Repulso !

Effrayée, Lily vit un éclair de lumière orange sortir de la baguette de Severus et fuser vers Nausicaa. Celle-ci n'avait même pas amorcer un geste pour lever sa baguette magique. Elle se contenta, au dernier moment, de décaler ses épaules, comme pour se mettre de profil. Le sortilège partit dans le vide et la lumière orangée alla se perdre dans la brume.

Alors, avec une rapidité déconcertante, Nausicaa pointa Severus de sa baguette et s'exclama :

- Flippendo !

Pratiquement en même temps, la voix de Severus s'était écriée :

- Protego !

Le maléfice de Nausicaa se heurta à un bouclier invisible, rebondit dessus et alla heurter le sol, arrachant une motte de terre dans un éclat de lumière rose. Severus eut un sourire. Visiblement, il était fier d'avoir réussi à utiliser le charme du Bouclier dans un duel de magie.

Mais cette seconde d'inattention lui coûta cher. Nausicaa, elle, ne s'était pas déconcentrée du duel.

- Expelliarmus !

Le flash de lumière rougeoyante toucha Severus et sa baguette lui fut arrachée des mains. Lily la vit s'envoler dans les airs et retomber dans l'herbe, derrière Nausicaa. Alors, quelque chose de surprenant se produisit. La baguette, en heurtant le sol, fit un ploc ! métallique.

- Vous avez entendu ? s'exclama Lily.

Severus et Nausicaa tournèrent un regard étonné vers elle.

- Entendu quoi ? demandèrent-ils d'une même voix.

- Ta baguette, Severus. Elle a fait un drôle de bruit lorsqu'elle est tombée dans l'herbe.

Ce dernier eut un air troublé, son regard méfiant ne cessait pas de surveiller Nausicaa qui le braquait toujours.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Laisse tomber, Petit Rogue, grogna Nausicaa sans abaisser sa baguette, elle est complètement tarée. Nous avons un petit problème à régler, tous les deux.

Les ignorant totalement, Lily passa entre les deux, consciente que ce n'était pas une très bonne idée de rentrer dans l'espace visé par Nausicaa. Elle s'accroupit là où la baguette de Severus était tombée et fouilla dans l'herbe. Elle était si touffue qu'elle avait des difficultés à la retrouver. Mais lorsqu'elle toucha le sol, ses doigts entrèrent en contact avec quelque chose de métallique.

- C'est de l'acier ! s'exclama-t-elle. Le sol est en acier !

Visiblement troublés, les deux autres s'approchèrent d'elle alors que Lily s'était mise en tête d'arracher toutes les herbes qui camouflaient le sol. Au passage, elle rendit sa baguette à Severus.

Lorsqu'elle eût fini, tous les trois regardèrent avec des yeux ronds le sol à leurs pieds.

- Une trappe, souffla Severus, c'est une trappe.

En effet, creusée dans la terre au milieu de la lande, pratiquement invisible à cause des mauvaises herbes qui avaient poussé partout, une grosse trappe métallique munie d'une petite fenêtre – comme un hublot – se trouvait là, sans explication aucune.

- Et pas n'importe laquelle, dit Lily, vous avez vu ce qui est écrit dessus ?

Elle pointait les onze lettres noires qui étaient peintes sur le métal. « QUARANTAINE ».

Severus et Nausicaa semblaient avoir oublié leur dispute en un clin d'œil.

- Ce doit être là que les monstres se trouvent, dit cette dernière, cette trappe doit mener à quelques souterrains. Il faut l'ouvrir.

- L'ouvrir ? répéta Lily, effrayée. Est-ce que tu veux vraiment ouvrir une trappe sur laquelle le mot « quarantaine » est inscrit ?

Nausicaa refusa obstinément de croiser son regard.

- Je suis sûre que ce n'est rien. C'est la plus vieille ruse du monde pour repousser les curieux. Si les monstres se trouvent là, alors il faut vérifier.

Severus se baissa et colla son œil droit contre le petit hublot.

- Je ne vois rien, dit-il, mais ça a l'air profond.

- On ne peut pas l'ouvrir, reprit Lily, il n'y a pas de poignet. On ne doit pouvoir l'ouvrir que de l'intérieur.

Sans lui accorder la moindre attention, Nausicaa sortit sa baguette et la pointa sur la trappe.

- Alohomora !

C'était comme si elle n'avait rien fait. La trappe métallique restait fermée, scellée dans le sol.

- Lily a raison, dit Severus, on n'y arrivera pas comme ça. Est-ce que tu crois que la découverte de cette trappe est suffisante, comme preuve ?

- Non, dit Nausicaa, ce n'est qu'une trappe. J'ai vu à quoi ressemblent ces monstres. Ils ne pourraient pas l'ouvrir eux-mêmes donc personne ne nous croirait.

- S'ils ne peuvent pas l'ouvrir eux-mêmes, ça veut peut-être dire qu'on fait fausse route et que cette trappe n'a rien à voir avec cette histoire d'agression, supposa Lily.

Nausicaa grimaça, comme si cela lui en coûtait de répondre à sa théorie.

- On sait que les monstres ne sont que des instruments, dit-elle d'un ton froid, c'est ce que ces messages codés nous prouvent : il y a des personnes bien organisées qui contrôlent toutes ces agressions. Et ces personnes doivent venir ouvrir elles-mêmes la trappe lorsqu'ils veulent relâcher ces choses. Si nous voulons que cela cesse, il faut apporter de vraies preuves aux adultes. Et pour ça, il faut ouvrir cette fichue trappe. Quelqu'un a une idée ?

Lily se tut. Pour une fois, elle était d'accord avec le raisonnement de Nausicaa.

- Je connais une potion qui peut faire fondre le métal, dit Severus sans quitter la trappe des yeux, je pense que je pourrais la fabriquer sans trop de mal. Les ingrédients ne sont pas si rares que cela. Il faudrait juste que je pique deux ou trois plantes chez Chourave mais ce ne sera pas difficile.

- Ta potion, elle pourrait nous creuser un trou à travers ce métal ? demanda Nausicaa.

- Si j'en fais assez, elle pourrait même faire disparaître toute la trappe. Il n'en resterait qu'un trou béant dans le sol.

- Alors c'est super. On fait comme ça. Combien de temps est-ce qu'il te faudrait pour la préparer ?

- Quelques semaines. Le temps qu'elle arrive à maturation.

- D'accord. On reviendra ici lorsqu'elle sera prête. Tu me tiendras au courant de tes avancées, Rogue.

Ce dernier jeta un regard à Lily, comme pour la consulter du regard. Celle-ci acquiesça silencieusement.

Après avoir camouflé la trappe, Lily, Severus et Nausicaa repartirent en direction du château dans un silence songeur.