Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)

Chapitre 82 - SIRIUS BLACK

Le mois de janvier s'écoula, continuant d'apporter avec lui son lot de neige de plus en plus épaisse. Fréquemment, lorsque l'on regardait par la fenêtre de la salle commune des Gryffondor, on pouvait apercevoir Hagrid qui déblayait à la pelle les petits sentiers tracés dans le parc de Poudlard. Le hall, quant à lui, était constamment souillé de neige fondue et boueuse. On ne pouvait pas manquer d'entendre Rusard s'en plaindre à longueur de journée.

Le concierge s'était mis en tête de surveiller les élèves revenant des entraînements de Quidditch car il les accusait de salir le château lorsque, tout boueux, ils rentraient du terrain.

Mais ces temps-ci, les préoccupations de Rusard étaient devenues le dernier des soucis des sept joueurs de l'équipe de Gryffondor. En cette première semaine de février, Vanya Popplewell semblait obsédée par leur prochain match qui les opposerait à l'équipe de Poufsouffle. Comme elle en parlait, Sirius avait l'impression que ce match allait se disputer demain alors qu'en réalité, il n'était prévu que pour fin avril.

- Fin avril ? répéta Vanya d'un ton scandalisé alors qu'il venait de l'interrompre durant son discours dans les vestiaires. Ce match est prévu pour fin avril et tu trouves qu'on a tout le temps du monde, Sirius ? Fin avril, ce sera là dans un claquement de doigts, mon pauvre.

- Vanya, tu ne trouves pas que tu exagères ? fit Jenna Potter en soupirant. Et puis, il s'agit des Poufsouffle. On peut y aller les yeux fermés.

- Non, je ne veux pas de ça, trancha la capitaine en faisant les cent pas dans sa longue robe rouge, l'année dernière, tout le monde se moquait de l'équipe de Poufsouffle. Résultat ? Ils ont battu l'équipe de Serpentard. Oui, cette même équipe qui nous a donné du fil à retordre en octobre dernier.

Sirius estimait que cela ne voulait rien dire. Ce match avait eu lieu à un moment où Nausicaa – qui était déjà l'attrapeuse des Serpentard l'année dernière – était victime de fréquents sortilèges de confusion et elle n'avait pas tous ses moyens. Mais il se dit que ce n'était pas prudent de le révéler à Vanya.

- Je ne veux pas de cet état d'esprit, poursuivit la capitaine, si on perdait contre Poufsouffle à cause de notre arrogance, ce serait...

- Humiliant ? proposa Joe Docker.

- Catastrophique, répondit Vanya, alors tout le monde attrape son balai et on s'entraîne comme si le match avait lieu demain.

Mrs Bibine, qui assistait à tous les entraînements, désormais, pénétra dans le vestiaire. Ses longs cheveux auburn étaient attachés en un chignon serré et de profonds cernes de fatigue s'étaient creusés sous ses yeux en amende.

- Allez, les Gryffondor, dit-elle avec une certaine impatience, je dois surveiller l'entraînement des Serdaigle juste après vous alors dépêchons.

Ils commencèrent donc par les échauffements sous la surveillance attentive de Mrs Bibine. Sirius trouvait sa présence ridicule ; comment le monstre pouvait-il les attaquer alors qu'ils volaient sur leurs balais ? A moins que cette créature dont ils ignoraient encore tout possédait des ailes...

Vanya faisait faire à James et aux deux autres poursuiveuses, Jenna et Gaïa, des courses d'obstacle. Sirius, Joe et Elliott, le gardien, se faisaient des passes.

L'échauffement dura une bonne demi-heure. A la fin, Sirius ne ressentait même plus le froid glacial qui régnait sur le terrain enneigé. Le ciel était de plus en plus sombre mais il ne faisait pas encore nuit lorsque Vanya mit fin aux échauffements.

- Bien, on va commencer la partie de l'entraînement où on se met en situation de vrai match. Vous êtes prêts ?

- Deux secondes, Vanya ! intervint Elliott. J'ai oublié mes gants dans le vestiaire.

La capitaine poussa un soupir exaspéré.

- Dépêche-toi, tout le monde t'attend !

Sirius vit le gardien fuser vers le sol après avoir demandé l'autorisation à Mrs Bibine. Il y atterrit avec souplesse et courut vers les vestiaires, laissant derrière lui de multiples traces de pas dans la neige. Alors que Vanya se rapprochait de Jenna et de Gaïa pour leur expliquer la dernière stratégie qu'elle avait mise au point, Sirius et James se mirent à faire quelques tours de terrain ensemble.

- Vous n'avez toujours pas commencé l'entraînement ? fit une voix en contrebas.

Sirius et James s'arrêtèrent de tournoyer dans les airs et remarquèrent que Remus et Peter s'étaient assis dans les gradins pour assister à l'entraînement. Par un tel froid, les élèves qui venaient voir ce genre de séance se faisaient rares.

C'était Remus qui leur avait posé cette question, visiblement tremblant malgré l'écharpe nouée autour de son cou.

- On attend Elliott, répondit Sirius, on va commencer bientôt.

- Qu'est-ce que vous faites là ? demanda James. Ce n'est qu'un entraînement. Si Vanya ne nous forçait pas à jouer par ce temps comme si on s'apprêtait à jouer contre l'équipe d'Angleterre, je serais dans la salle commune en train de boire un bon chocolat chaud devant la cheminée.

- Peter voulait voir l'entraînement, grommela Remus.

- On n'avait rien d'autre à faire, de toute façon, ajouta Peter.

- Si, justement ! On devait plancher sur ce devoir que McGonagall nous a donné pour la semaine prochaine et que tu repousses tout le temps.

Il y eut un moment où, à force de rester en vol stationnaire, Sirius commença à ressentir le froid avec plus d'intensité. Un sentiment d'impatience commença à naître en lui et il ne fut pas le seul.

- Bon, qu'est-ce qu'il fait, Elliott ? soupira Vanya.

- Je vais le chercher, proposa Jenna.

Elle descendit vers les vestiaires et Sirius échangea un regard exaspéré avec James ; ils n'avaient déjà pas eu l'envie de sortir pour s'entraîner aujourd'hui, mais si en plus ils passaient plus de temps à attendre qu'à jouer...

Mais cette attente se termina finalement lorsque le cri de Jenna leur parvint depuis les vestiaires :

- ELLIOTT ! MON DIEU, NON ! ELLIOTT !

Sirius, comme le reste de l'équipe, sut aussitôt que quelque chose de grave venait de se passer. Il fusa vers le sol, imité par tous les autres. Ils accoururent tous dans les vestiaires, vers les cris que poussaient Jenna.