Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)

Chapitre 40 - PETER PETTIGROW

Il n'avait qu'une seule envie, à présent que Slughorn, Jenna et Wheeler étaient partis : rentrer à la salle commune des Gryffondor. Peter était certes soulagé de ne pas s'être fait surprendre, mais il ressentait aussi un autre sentiment étrange qui lui donnait pour seule envie de s'enfermer seul dans une pièce pour y ruminer.

James ouvrit le placard dans lequel ils s'étaient cachés et fit quelques pas vers le croisement où Slughorn et les deux élèves étaient quelques minutes plus tôt.

- James ! siffla Peter. Qu'est-ce que tu fais ! Rentrons avant de se faire surprendre.

Il vit, dans le noir, son ami se baisser pour ramasser quelque chose à quelques mètres de l'armoire renversée avant de revenir vers eux.

- Je n'allais certainement pas laisser ma bonne vieille cape d'invisibilité ici, dit-il, c'est la dernière fois que ma sœur y touche.

- Eh bien tu l'as, maintenant, dit Peter d'un ton sec qui lui était peu habituel, rentrons.

- Peter a raison, intervint Remus, on doit retourner à la salle commune. On y sera plus au calme pour parler de ce qu'on vient de voir.

James hocha la tête, leur fit signe de se rapprocher et jeta la cape sur eux. Collé contre Sirius, Peter évoluait derrière James alors qu'ils remontaient hors des cachots. Ils ne firent aucune mauvaise rencontre. En réalité, à part Miss Teigne qui s'entraînait à faire ses griffes sur l'un des rideaux du couloir du deuxième étage, ils ne rencontrèrent personne sur le chemin du retour. Et ils furent vite revenus au confort de leur salle commune où les attendaient les restes d'un feu de cheminée devant un canapé et deux fauteuils en cuir.

Aussitôt après avoir retiré la cape, ils s'installèrent dessus. Visiblement, les trois autres avaient hâtes de parler de ce à quoi ils venaient d'assister. Ce n'était pas vraiment le cas de Peter.

- Je ne sais pas vous mais je commence à trouver ce Gareth Wheeler de plus en plus louche, dit James.

- Tu dis ça parce qu'il sort avec ta sœur ? demanda Remus.

- Pas du tout. Je dis ça parce qu'on l'a vu rôder dans les couloirs la nuit de l'agression et qu'il a recommencé, pile à l'endroit où Slughorn s'est fait voler quelques jours plus tôt. C'est suspect.

- Il a dit s'être fait attaquer par... Comment c'était, déjà ? Ernest Litmus ? fit Sirius d'un ton songeur. C'est bizarre, ce nom me dit quelque chose.

- Evidemment, qu'il te dit quelque chose, dit Remus, Slughorn a raison : c'est un chercheur en magie expérimentale aussi connu que controversé. Il a fait la une cet été parce qu'on a retrouvé la Marque des Ténèbres au-dessus de sa maison juste après son enlèvement.

- Mon père travaille sur cette affaire, confirma James.

Sirius eut un rire.

- Donc on est d'accord ? Gareth Wheeler ment. Il n'a pas pu voir ce Litmus dans les cachots du château. Ça n'aurait aucun sens. Si ce type a bien été enlevé par les Mangemorts, que ferait-il à Poudlard à se balader dans les couloirs ?

- Oui, je ne vois pas comment c'est possible, dit Remus en se massant les paupières, visiblement prêt à s'endormir, Wheeler a probablement cherché un mensonge à raconter à toute allure et, manque de bol, il a inventé une histoire complètement grotesque.

- Donc il est suspect, dit James sur le ton de l'évidence, il doit avoir un lien avec ces histoires étranges de vols de potion et d'agression.

- Non, on n'a aucune preuve. Même pas d'indice.

- L'année dernière on a accusé Nausicaa de vouloir voler le Bassin des Rêves avec moins d'indice que ça.

- Oui, et on a eu tort. Ecoute, qu'il mente sur cette histoire de Litmus qui lui a sauté dessus pour je ne sais quelle raison, ok, c'est n'importe quoi. Mais ça ne veut pas pour autant dire qu'il a agressée cette fille et qu'il a volées ces potions. Il a dû sortir pour rejoindre ta sœur et... Il n'a pas su comment se justifier devant le prof, voilà tout.

- C'est lui, le coupable.

Tout le monde se retourna vers Peter. Ce dernier venait juste de se rendre compte qu'il avait dit cela à haute voix.

- Tu as l'air bien sûr de toi, dit Sirius avec étonnement.

- Dis-moi quel est ton raisonnement pour que tu puisses affirmer une chose pareille, Peter, fit Remus.

- C'est évident ! Il y a une agression – qui est-ce qu'on voit juste avant ? Gareth Wheeler. Il y a un vol dans la réserve de Slughorn – qui revient rôder précisément dans ce coin-là du château ? Encore Gareth Wheeler.

- Pourquoi aurait-il agressée Alice Hardwell ? Et quel est le rapport entre agresser un élève et voler des potions ou des ingrédients dans la réserve de Slughorn ?

Peter se mordit la lèvre ; pourquoi fallait-il que Remus cherche toujours la petite bête pour démonter leurs théories ?

- Je ne sais pas, dit-il finalement, peut-être que pour commettre ces agressions, Wheeler a besoin de certains ingrédients qu'il ne peut trouver que dans cette réserve. Dumbledore a dit que Hardwell a été victime d'un monstre. Mais si elle avait été victime d'une potion que lui aurait fait boire Wheeler ?

- Ce que dit Peter n'est pas bête, fit remarquer James.

- Ah oui ? fit Remus d'un ton las. S'il a raison, ça voudrait dire que ta sœur est complice de cet acte. Sinon, pourquoi était-elle là, elle aussi ?

Cela calma James dans son enthousiasme. Mais Peter n'en avait pas encore terminé :

- Il s'en sert comme d'une couverture, dit-il, ça crève les yeux ! Jenna croit sortir avec lui mais Wheeler s'en fiche. Il l'a dit lui-même à Emilia, l'autre jour. Vous vous souvenez durant l'Etude ? Il disait qu'il ne sortait pas avec elle.

Peter nota avec une certaine fierté que James et Sirius semblaient suivre son raisonnement avec admiration. Mais, il fallait s'en douter, ce n'était pas le cas de Remus.

- Ecoutez, dit-il, je suis trop fatigué pour réfléchir. J'ai besoin de dormir. Alors si vous le voulez bien, on en reparlera une autre fois, d'accord ?

Peter fut déçu de voir Remus se désintéresser de cette joute verbale.

- Oui, d'accord, fit James d'un ton compréhensif, tu as une mine vraiment fatiguée, mon vieux. Allez, on va se coucher.

Après s'être glissé silencieusement dans le dortoir sans réveiller les dormeurs, Peter se retrouva dans son lit à se tourner et à se retourner sous sa couette. Il était toujours envahi par cette horrible sensation. Un sentiment d'injustice, comme si on lui avait volé quelque chose. Il se sentait comme une victime pathétique, inintéressante et lamentable. Et qu'il haïssait ce type ! Ce stupide Gareth Wheeler.

Une chose était sûre : Dumbledore se trompait. L'agresseur n'était pas un monstre. C'était bel et bien un élève.