Paradis de Mensonges

Chapitre 3

Il y a 11 ans

6 mai 2008
Quartier de Brixton, Londres

Un petit bruit me sortit de mon sommeil. Je n'ouvris pas les paupières immédiatement, la lumière étant trop forte. J'étais bien, je n'avais pas froid. Quelque chose me chatouillait le cou.

Je ne savais plus où je me trouvais. Pas dans mon lit, c'était certain. Le drap qui me couvrait était doux et léger. Je pris une grande inspiration.

Ambrée.

Je sus où je me trouvais à la seconde où cette odeur me parvient.

Alors, les événements de la veille me revinrent peu à peu. Jasper qui s'était drogué, nous l'avions emmené dans sa chambre puis moi qui m'étais couchée pas longtemps après lui.

Un souffle régulier sur ma droite me soulevait quelques petites mèches de cheveux. J'ouvris lentement les yeux tout en papillonnant des paupières afin de m'habituer à la chaude lumière du soleil.

Je ne m'étais pas trompée, je me trouvais effectivement dans la chambre de Jasper. Mon regard tomba sur Eden qui était assis sur un tabouret dans un coin de la pièce. Il avait les coudes posés sur ses genoux et tenait sa tête entre les mains. Il nous observait en silence.

— Tu sais que c'est impoli de fixer les gens dans leur sommeil, demandai-je d'une voix plus grave qu'à l'ordinaire due à mon réveil récent. En plus, c'est super flippant. T'aimerais moi que je te regarde le soir dormir ?

Un rire très discret franchit ses lèvres. Il ignora ma remarque et me sourit, il rétorqua.

— Bien dormis, belle-sœur ?

J'ignorai également sa question et dis.

— Il est quelle heure ?

— Réveille-le, on vous attend en bas.

— "Vous" ?

Il ne répondit pas et se leva afin de sortir de la chambre. Sérieux, nous devions avoir un don pour faire une discussion, sans discussion. Toutefois, je m'y étais habituée. Cependant, avant d'avoir franchi le seuil de la porte, il ajouta :

— Tu devrais vérifier qu'il ne t'ait pas déshabillé dans son sommeil, dit-il en désignant du menton Jasper, un petit sourire en coin. Putain, il est vraiment en manque.

Puis il sortit. Je ne compris pas immédiatement ce qu'il venait de dire jusqu'à ce que je tournai la tête vers mon meilleur ami. Un rire silencieux secoua mes épaules.

Jasper était littéralement collé à moi. Sa tête contre le creux de mon cou, ses cheveux me chatouillaient l'épiderme. Il était positionné sur son côté gauche, ses jambes s'emmêlant dans les miennes. Son bras gauche était dans mon dos, j'étais appuyé dessus et son autre bras...

Mon sourire disparut immédiatement remplacé par la gêne. Sa main s'était glissée sous le long tee-shirt qu'Eden m'avait donné avant d'aller me coucher. Elle reposait sur mon ventre nu et suivait les mouvements de mes respirations.

Je pestai, honteuse et retirai subitement sa main en ajoutant :

— Dégage tes sales pattes de moi, connard !

Un grognement me répondit.

— Quoi ? Tu n'es pas un chien, hein, tu n'es pas censé grogner. Mais va s'y, je t'en prie, si c'est ton nouveau moyen de communication.

Je me redressai, assise et continuais à parler sans marquer de pause, jusqu'à ce qu'il daigna enfin à m'arrêter.

— Putain, mais qu'est-ce qui te prend, ronchonna-t-il de sa voix grave encore ensommeillée.