Chapitre 7

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Chapitre 7

Présent

2 juillet 2019
Birmingham, Royaume-Uni

— Maman !

On me secouait vivement l'épaule depuis maintenant de nombreuses minutes. J'étais réveillée, mais je n'avais pas le courage d'ouvrir les yeux. Avec un peu de chance, il passerait à son père. Je m'étais couchée assez tard, ruminant sans cesse les sombres pensées qui se baladaient dans un coin de ma tête.

— Maman, réveille-toi s'il te plaît !

Un sanglot franchit ses lèvres, c'était à ce moment-là que je sus qu'une chose n'allait pas. Isaac pleurait rarement, c'était même plutôt étonnant pour son âge. Les quelques fois où cela était arrivé n'étaient pas anodines. Lorsqu'il s'était cassé le coude en escaladant un petit muret, cette fois-là, il avait pleuré. Un soir, il s'était trop éloigné alors que nous observions un feu d'artifices, nous l'avions ensuite cherché pendant un bon moment. Là aussi, il avait pleuré.

Mais Isaac ne pleurait pas parce qu'il avait fait un simple cauchemar, ça n'était jamais arrivé. J'ouvris alors mes paupières et le regardai. Son visage d'enfant encore rebondi était couvert d'un torrent de larmes. Lorsqu'il vit que je m'étais enfin réveillée, il tendit les bras afin que je le porte. Je le fis immédiatement. Je me redressais et vêtue seulement d'un long tee-shirt, sortie de la chambre.

Nous nous dirigeâmes vers le canapé sur lequel je m'assis, Isaac, reposé sur ma hanche, fit donc de même. Je caressais ses cheveux bouclés afin de le rassurer. Je tentais différentes approches, je parlais, lui racontais une petite histoire, lui fis des guilis, jusqu'à ce que ses larmes tarissent. Lorsque qu'il fut calme, je lui demandais ce qui n'arrêtait pas de me tracasser depuis mon réveil :

— Alors, tu vas me dire ce qu'il se passe ? Pourquoi te mets-tu dans cet état, petit monstre ?

J'embrassais doucement le haut du crâne de mon fils. Il m'observa quelques instants jusqu'à dire une phrase qui me glaça le sang :

— Il...il y avait un Monsieur dans ma chambre.

Il n'ajouta rien de plus. Il venait de poser cette phrase puis me laissait dans l'incompréhension totale.

— Pardon ? Que veux-tu dire par là ?

— J'avais envie de faire pipi du coup, je me suis réveillé et...et quand j'ai allumé la lumière, un monsieur était assis sur le fauteuil. Il m'observait. Il m'a dit de me...me taire puis il est parti par la fenêtre. Il..il m'a fait peur !

Un nouveau sanglot traversa sa gorge. Je me levais lentement puis me dirigeais à pas de loup vers la porte entrouverte au fond du couloir. J'avais chaud tout d'un coup, mes pas n'étaient pas assurés.

Quand la porte me fis face, je restais plusieurs secondes à l'observer. Mon cœur pompait anormalement vite. Mon souffle aussi. Oui, j'avais peur. Je pris une grande inspiration puis poussais le bois devant moi. Le grincement incessant, augmenta cette tension noire et violente.

Lentement, la chambre illuminée se dévoila sans danger quelconque. Je soufflais, soulagée. J'appelais Isaac qui arriva quelques secondes plus tard. Il se dirigea immédiatement vers son lit afin de récupérer son doudou. Un lapin qu'il avait eu quand il était encore dans le berceau. Ce dernier ne ressemblait plus vraiment à un animal, aujourd'hui.

Je lui demandais de me répéter à nouveau ce qu'il avait vu. Quand il me parla du fauteuil, mon regard se dirigea brusquement dessus. Je déglutis difficilement lorsque je vis ce dernier vide, il n'y avait plus rien dessus. La veille, j'y avais posé les camions qui traînaient au sol.

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