Il y a 11 ans
5 mai 2008
Quartier de Brixton, Londres— Joyeux anniversaire ! Entendis-je. Allez debout, on se lève !
Un grognement s'échappa de ma gorge lorsqu'elle commença à me secouer. Je me tournai sur le ventre et mis mon visage dans mon oreiller crasseux et jauni par le temps. Cependant, elle n'abandonna pas pour autant et commença à chanter cette fameuse chanson gênante qu'on entendait tous les ans depuis notre naissance.
Celle où quand tu étais gosse te rendait fier, car tu avais un an de plus et que tu devenais grand et fort. Mais maintenant la seule chose qui me rendait un tant soit peu fière était le fait que j'étais encore de ce monde après dix-sept ans.Lorsqu'elle eut fini sa chanson, elle me tendit une petite boîte blanche nacrée. Pendant quelques secondes, mon regard vacilla entre cet étrange objet et ses yeux noirs. Je fronçai les sourcils quand elle me confirma mes peurs. C'était un cadeau. Ce mot sonnait étrangement mal dans mes oreilles.
Bien entendu, chaque année, ma mère m'offrait un présent, mais jamais elle ne m'en achetait un. Nous n'avions pas les moyens. Soit elle le faisait elle-même, soit elle trouvait quelque chose dans la rue qui pourrait me faire plaisir. Ou bien elle volait un truc, elle ne me l'avait jamais avoué, mais j'en étais certaine.
— Bon allez on ne va pas attendre l'an prochain pour que tu l'ouvres ! Dit-elle.
Elle sautillait pratiquement sur place tant elle avait l'air heureuse de sa surprise. Je pris la petite boîte pas plus grande que ma main et soulevai délicatement le couvercle.
— Wouah. Elle est magnifique. Dis-je émerveillée.
Une montre. Elle venait de m'offrir une putain de montre. Le bracelet était en cuir noir, le cadrant également était noir, mais les contours et les fines aiguilles en acier étaient dorés. Ma mère, sans perdre une seconde, prit mon poignet droit et l'entoura de cette merveille. À la fois élégante et raffinée, elle n'avait rien de tape-à-l'œil et restait discrète. Elle ne s'était pas trompée sur mes goûts, je n'aurais pas choisi mieux.
Ma mère afficha un sourire radieux, elle était si belle dans cette robe fleurie. Ses cheveux bruns, lâchés en cascade, lui arrivaient à la naissance de sa poitrine. Quant à moi, je ne comprenais pas comment elle avait pu prendre possession d'un tel objet.
— Maman comment as-tu eu cette montre ? Demandai-je.
— Eh bien je l'ai acheté. Pourquoi elle ne te plaît pas ? Questionna-t-elle soudain inquiète.
— Si si bien sûr qu'elle me plaît, elle est superbe ! Mais avec quel argent l'as-tu achetée ? Tu sais autant que moi que nous n'avons pas les moyens.
— Bien sûr que j'ai les moyens ! J'avais quelques économies de côté. Alors pour ma merveilleuse fille, je les ai dépensés.
Je me levai brusquement de mon matelas posé à même le sol et me dirigeai dans la pièce adjacente. Elle représentait le salon, mais ma mère avait un jour décidé que je devais avoir un peu d'intimité, elle était alors partie dormir le soir sur le canapé minable que nous avions. Il était sale, déchiré et moisi par endroits, puis il n'était pas très grand. Lorsqu'elle se couchait dessus, elle devait évidemment plier les genoux. Depuis, c'était devenu sa chambre, la salle à manger, et même la cuisine.
Lorsque je m'approchai du bocal contenant toutes nos économies, j'aperçus que les trois-quarts avaient disparu. Je me retournai vivement et affrontai du regard celle qui m'avait mise au monde. J'étais dans une colère noire.
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Paradis de Mensonges
RomanceUne réputation sans précédent : Elle est brillante. L'Angleterre se la dispute. Rose Turner. Avocate connue pour n'avoir jamais perdu un seul procès. Toutefois, lorsque l'un des fantômes de son passé se retrouve accusé pour meurtre, son monde utopiq...