Chapitre 6

21 2 6
                                    

Il y a 11 ans

26 mai 2008
Quartier de Brixton, Londres

- Et encore, Échec et mat.

Il renversa alors mon roi tandis que j'inspirais profondément afin de ne pas craquer. J'avais eu la pire idée possible en lui proposant une partie d'échecs. Six jeux plus tard, je n'avais pas vu l'ombre d'une victoire. Ce n'était pas possible, il cachait quelque chose. Il n'y avait qu'une seule façon de gagner autant de fois.

- Tu triches, en conclus-je.

J'avais relevé la tête et mes yeux lançaient des éclairs. Les bras croisés autour de ma poitrine, je faisais la gueule. Oui, je boudais. Son sourire suffisant me chauffait. Son visage posé dans le creux de sa paume, il m'observait. Puis il se mit à rire tout en secouant la tête en remplaçant nos pions sur le plateau. Je me redressai subitement de ma chaise et m'éloignai à grands pas de cette dernière.

- Ah non, c'est bon ! Tu me fais tourner en bourrique depuis une heure ! Je fais que de perdre et toi, tu ne me dis jamais pourquoi ! Non j'en ai marre, joue tout seul à ton jeu de merde, là.

Cette fois-ci, il éclata de rire et se releva également afin de se placer devant moi. J'étais une très mauvaise joueuse, alors il ne fallait pas m'énerver davantage.

- Tu n'aimes pas perdre, à ce que je vois. Toutefois Heaven, ce n'est pas de ma faute si tu ne sais pas jouer.

- Allez, c'est bon, va te faire foutre Sullivan !

Je me dirigeai vers le lit - toujours autant crade, au passage - et récupérai ma veste noire. Je l'enfilai puis pris mon sac de cours. Toujours furieuse, j'allais en vitesse vers la porte du garage. Cependant, je n'eus pas le temps d'abaisser la poignée que cette dernière s'ouvrit en grand, manquant de m'ouvrir le crâne. Je reculais brusquement.

Ses yeux verts me sondaient. Je fis encore quelques pas en arrière jusqu'à arriver au côté de Sullivan, qui c'était immédiatement raidit à son arrivée. Casey nous détailla l'un après l'autre puis posa son regard sur notre jeu d'échecs posé au centre de la table. Ses pupilles rencontrèrent les miennes. Il brisa ce silence glacial.

- Que s'est-il passé, pourquoi allais-tu partir ? Me demanda-t-il.

Je déglutis difficilement, ne sachant pas quoi répondre. Oh, ne t'en fais pas, je suis simplement une mauvaise joueuse ! Absolument pas. Il aurait une trop bonne raison de me traiter de gamine.

- J'avais des trucs à faire, alors je comptais m'en aller. Pousse-toi, tu me bloques le passage.

Sa main agrippa fermement mon épaule afin de me placer face à lui. Nous nous fixâmes plusieurs secondes. Sa mâchoire était fermement serrée.

- Comment m'as-tu parlé, là ? Répète un peu pour voir ?

Un sourire insolent se dressa sur mon visage. Oui, il me faisait flipper, mais je ne voulais surtout pas qu'il le sache. Alors je ravalais ma peur et levai un sourcil nos regards encrés l'un dans l'autre. Mes poumons se remplirent discrètement d'air, afin de gagner un peu de courage, je retorquai.

- Les oreilles, c'est comme les huîtres, ça se dessable.

Pendant une fraction de seconde, je crus apercevoir ses iris s'assombrir. Cependant, je n'eus pas le temps de m'y attarder qu'il m'attrapa fermement la queue-de-cheval et me la tira en arrière. Un petit cri d'étonnement mélangé à la douleur franchit mes lèvres. Son visage s'approcha lentement du mien puis s'arrêta lorsque nos nez se touchaient pratiquement.

Paradis de MensongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant