Chapitre 11

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Chapitre 11

Il y a 11 ans

22 juillet 2008
Quartier de Peckham, Londres

— Mais où va-t-on ?

— Comme tu l'as si bien fait remarquer il y a quelques instants, tu n'aimerais pas rester seule ici. Alors maintenant, soit tu me suis, soit tu reste ici. Mais dans ce cas rien de ce qui t'arrivera sera de ma faute.

Je lui lançais un regard mi-horrifié, mi-colérique. Comment pouvait-il dire ça sans une once de culpabilité ?!

Déglutissant difficilement, je le dépassais, déterminée. Non sans le bousculer au passage. Un petit sourire narquois scotché sur les lèvres, il me suivit.

Après m'avoir présenté le nom de l'établissement illégal, Casey m'avait amené jusqu'à un couloir plutôt sombre au bout d'un nouvel escalier. C'était quand j'entendis des cris d'exclamation que je lui demandai où nous étions.

Il ne me répondit pas.

Nous longions rapidement le couloir parsemé de portes de chaque côté, avant de s'arrêter devant celle du fond. Je n'étais pas à ma place, je le sentais. Une désagréable sensation me prit au ventre.

Je me retournais soudainement moins confiante vers le brun. Son rictus toujours présent, il me fixa attentivement. Notre regard devenant insupportable, je détournais le regard. Il avait une façon d'observer les gens bien à lui.

C'était perturbant.

Sa voix me fit presque sursauter, tant j'étais dans mes pensées.

— Lorsqu'on franchira cette porte, tu seras vu comme mon associée, alors ne me fout pas la honte, je t'en prie. Heaven regarde-moi, ordonna-t-il.

Sa remarque précédente m'avait laissé un arrière-goût amer. Je fis tout de même ce qu'il me demandait et levais mon regard. Il soupira avant de continuer.

— J'aimerais, si tu y parviens, que lorsque nous entrerons dans cette pièce, dit-il en la pointant du doigt, tu retrouves toute la confiance en toi qu'il t'a fallu quand tu as eu le culot d'insister pour travailler pour moi. Ou encore lorsque tu m'as bousculé la tête haute, il y a quelques minutes. Je veux voir cette femme et pas la gamine qui était à deux doigts de pleurer quand je l'ai forcé à me suivre tout à l'heure.

Aïe, ça fait mal à l'égo.

— Je ne t'interdis pas d'avoir peur, ni même d'être stressée. Je ne veux simplement pas que tu le montres. Je veux que tu te fasses croire, même si c'est sûrement faux, que tu as une putain de confiance en toi. Montre-leur que tu n'es pas un simple morceau de viande et entre avec la même détermination que quand tu m'as fait ton discours sur l'apparence des autres.

Sur sa dernière phrase, ma bouche s'étira doucement.

— Et garde ce sourire, tu es très belle, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

Je ris légèrement de sa dernière remarque en secouant la tête. Le rouge me réchauffant délicatement les joues. J'inspirais un bon coup et lui fis signe que j'étais prête. Il opina à son tour et passa devant moi pour ouvrir la porte.

C'était sûrement le but, mais son compliment m'avait un peu détendue. C'est pourquoi, lorsque qu'il franchit le seuil de la porte, je relevais mon regard et le suivis.

Heaven, tu as confiance en toi.

Tu vas y arriver.

Une dizaine d'hommes se retourna à notre arrivée. Je les observais discrètement et vis que les âges variaient beaucoup allant de la vingtaine à la soixantaine. Deux femmes se trouvaient au fond de la pièce, mais elles n'étaient pas là pour la réunion.

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