Chapitre 28

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Chapitre 28

Il y a 9 ans

Printemps 2010
Brixton, Londres

De la musique dans les oreilles, je fixais un point face à moi et tentais de contrôler ma respiration. Ça faisait pratiquement quarante minutes que je courais. Vêtue seulement d'une brassière de sport et d'un legging, ma peau nue brillait sous la chaleur des rayons du soleil.

Je repensais à ce matin-là, il y avait maintenant deux semaines. Où Casey et moi, nous nous étions embrassés. Je n'en revenais toujours pas. Comment cela avait-il pu arriver ?

D'accord, il était tout à fait mon style physiquement, mais rien que son caractère de merde aurait dû me dissuader de tenter quoi que ce soit. Et puis c'est mon patron, je ne peux pas avoir une relation autre que de l'amitié avec lui. Ça ne serait pas raisonnable.

Ah parce que travailler pour lui, c'est raisonnable peut-être ?

Courir dans les rues de Londres me permettait de souffler un peu. Tous les jours, depuis ce matin-là, je voyais notre relation évoluer bizarrement. Je ne savais pas si nous faisions comme si de rien était ou si nous assumions. Nous n'en avions pas reparlé, ce qui m'agaçait tout particulièrement. Mais d'un côté, ce n'était pas comme si nous cachions nos regards un peu trop appuyés.

Même ceux qui dévient sur nos lèvres ou sur notre corps, nous ne les loupions pas.

Alors en ce moment, une tension étrange régnait dans l'appartement. Sortir me laissait un peu de temps avant de le recroiser soit pour le boulot soit pour rentrer du boulot. Une sorte d'échappatoire, le temps que tout ceci se tasse.

Perdue dans mes pensées, je ne vis pas la moto qui me passa devant à une vitesse hallucinante. Je m'arrêtais les yeux écarquillés et retirais mes écouteurs lorsque d'autres arrivèrent par la suite, s'arrêtant peu à peu autour de moi.

Je dévisageais les hommes face à moi sans savoir qui ils étaient. Tous portaient un casque avec une visière opaque. Je déglutis difficilement lorsqu'un homme descendit de sa moto et fit quelques pas en avant.

Merde, merde, merde !

Putain, c'est qui ça encore ?!

Petit à petit, alors que l'inconnu s'avançait, il défit son casque, puis l'enleva. Ce fut là que je le reconnus. Cet homme. Que me voulait-il ?

Les sourcils froncés, j'essayais de ne pas montrer que sa présence me perturbait.

Ça faisait pratiquement deux ans que je n'en avais plus entendu parler. J'avais pratiquement oublié son existence.

Et pourtant, il était là, à observer mon corps une lueur malsaine dans le regard.

Luciano Morrow.

Afin de briser le silence devenu trop pesant pour moi, je pris la parole en première.

— Que faites-vous ici ?

J'étais parvenue à garder une voix claire et sans tremblements. Pourtant les tremblements ce n'était pas ce qu'il manquait.

Il me fit un grand sourire se voulant peut-être rassurant, mais il fit tout le contraire et me glaça le sang.

— Et bah alors ? N'es-tu pas contente de me revoir ? La petite pute de Casey se promenant seule dans la rue, c'était trop tentant ! Il fallait que je vienne te toucher deux mots. Tu les transmettras bien sûr à ton boss.

Je ne relevais même pas son insulte, trop paniquée de dire la moindre chose qui pourrait le chiffonner.

— Alors écoutes moi bien. S'il ne me rend pas le double de ce que je lui ai demandé avant la fin du mois, il peut me dire adieu et à sa petite protégée aussi, dit-il en me regardant avec luxure.

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