Chapitre 14

12 1 0
                                    

Mina entre précipitamment dans la chambre des garçons au beau milieu de la nuit.

-Charlie ! Appelle-t-elle.

Celui-ci ouvre péniblement les yeux.

-Laisse-moi dormir ! Grogne-t-il.

-Où est la malle ?! Demande-t-elle en le secouant. Où est la malle avec les médocs ?!

-Sous mon lit pour...

-C'est Rosa, sa peau est en train de se déchirer.

-Quoi ?! Sursaute Kheïry.

-C'est ce que Charlie nous a expliqué quand on s'est échappés du labo. Nos corps vont commencer à rejeter les transformations ! Explique-t-elle en prenant un médicament.

-D'accord mais attend...On est pas sûrs à 100% que ces médicaments soient fiables...Dit Charlie.

-C'est pas ce que tu disais quand on est sortis du labo !

-C'est une supposition mais il y a toujours une part de doute et...

-Peu importe, elle souffre alors on a pas le choix ! Dit Mina en ressortant de la chambre suivie des garçons.

Lukiaz, lui, n'a rien entendu, une fois endormi, rien ne peut le réveiller.

Mina arrive dans la chambre et tend le cachet à Rosa qui se tord de douleur par terre. Elle l'aide à se redresser et Kheïry arrive avec un verre d'eau.

-Prend-le vite Rosa, ça devrait arrêter les douleurs.

Elle le prend sans réfléchir. Son visage fait peur : il est tordu par la douleur. Une fois le médicament pris, Mina et Kheïry l'aide à se rallonger dans son lit. Charlie reste en retrait : il contemple ses bras avec un air terrifié.

Il s'approche d'elle.

-Rosa ? Je peux voir tes bras s'il te plaît ? Demande-t-il.

Elle étend son bras devant lui. Sa peau est comme percée, son bras est en sang et des liquides de couleurs étranges s'en écoule.

Les adolescents restent près d'elle un moment, le temps que la douleur se calme.

-Est-ce que ça passe ? Demande Kheïry.

-Oui. Dit Rosa qui semble épuisée.

-Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Interroge Charlie.

-J'ai commencé à avoir vraiment très chaud et peu à peu j'ai ressenti comme des décharges électriques dans mes bras. La douleur s'est faite de plus en plus vive. Quand j'ai allumé la lumière j'ai vu que ma peau était en train de se décomposer et...

Elle éclate en sanglot. C'est un sanglot plein de douleur, une douleur qu'eux seuls peuvent comprendre.

Mina s'approche pour lui caresser les cheveux tandis que Kheïry lui apporte un mouchoir.

-Tu avais raison Charlie...Nos corps vont finir par nous lâcher. J'en ai eu un aperçu cette nuit et c'était horrible. Plus horrible encore que toutes les opérations...

-A ce point ? S'étonne-t-il.

-Oui. Vous savez, je ne vous l'ai pas dit parce que j'ai l'impression d'être la seule à ressentir ça mais...Je ne me sens pas bien parmi les autres au lycée...Je...J'essaie de faire comme si de rien était mais plus ça va et plus je me rends compte que...Que je n'ai presque plus rien d'humain. Je me sens comme une bête.

-Tu n'es pas une bête ! Et si tu l'es alors on l'est tous ! S'écrie Kheïry.

-C'est vrai ! Et puis tu sais je ne me sens pas très à l'aise non plus au lycée ! La rassure Mina. Et Charlie pareil ! Hein Charlie ?

Il est assis sur le bord du lit et contemple ses chaussures.

-Rosa est-ce que ta peau saigne toujours ? Demande-t-il.

Elle regarde son bras.

-Non, les saignements se sont arrêtées.

-Je peux savoir pourquoi tu as ignoré ma question ?! Questionne Mina.

-Vous ne comprenez pas ce que ça implique ?

Mina et Kheïry s'interrogent du regard.

-Ce que Rosa vient de vivre, on va finir par le vivre nous aussi. Si les médicaments sont le seul moyen de continuer à survivre ça signifie que lorsqu'il n'en restera plus...

Mina plaque sa main sur sa bouche. Elle lance un regard épouvanté à Kheïry. Celui-ci ressent le besoin de s'asseoir.

-Il y a combien de cachets à peu près ? Demande ce dernier.

-A vu d'œil, si on en a tous besoin, je dirais qu'on peut finir l'année. Tout dépend de combien on en a besoin et à quelle fréquence...On ignore encore les effets que le manque d'injections va produire...

-Ok. Pour l'instant nous, on en a pas besoin. Je pense que le cachet devrait soulager Rosa pour un moment, on verra. Maintenant, quand nos crises commenceront, il va falloir qu'on en prenne uniquement lorsqu'on ne tiendra plus ok ?

Ils hochent la tête, Rosa elle s'est endormie.

-Quand on aura fini les cachets on...Commence Mina.

-Non. J'ai pas envie de parler de ça maintenant ! S'exclame Charlie en se relevant. Il quitte la chambre sans un mot et se rue dans le couloir pour dissimuler ses larmes.

-Il a raison, mieux vaut ne pas y penser pour l'instant.

Mina retourne dans son lit. Kheïry pose une main sur le front de Rosa pour vérifier sa température.

En voyant Rosa endormie, un flash lui remonte soudain à l'esprit.

-Kheïry ? Ça va ? Demande Mina.

-Je viens d'avoir...Un souvenir...

-Un souvenir ? D'avant le labo ?

-Non, du début. Peu après notre arrivée. Je...Je me souviens que...Je m'étais enfuis de ma cabine et j'étais allé retrouver Rosa, je savais qu'elle était dans la cabine d'à côté. Ils l'avaient endormi et...Elle était en salle de réveil. Je ne comprenais pas encore tout ce qu'il se passait parce que j'étais trop petit mais...J'ai eu très peur qu'elle...J'ai eu peur qu'elle meurt.

Kheïry se rapproche de Mina pour lui confier un peu plus bas :

-Aujourd'hui encore j'ai peur pour elle Mina...Au lycée j'ai toujours peur qu'il ne lui arrive quelque chose...

Elle pose sa main sur son poignet.

-Elle me dit toujours, et je suis d'accord avec elle, que tu te préoccupes toujours beaucoup plus des autres que de toi-même.

-Parce que vous êtes devenus ma famille, si vous n'étiez pas là...Je n'aurais pas de raison de me battre...

Mina regarde Rosa avec inquiétude.

-Je dois t'avouer que je ne la sens pas très sereine depuis la sortie du labo. Pas du tout même. Elle est très tourmentée et elle fait tout le temps des cauchemars je veux dire...J'ai l'impression que ça la hante...Je ne sais pas comment l'expliquer...On est tous traumatisés mais, c'est comme si...Comme si une partie d'elle était restée au labo...

Ils la regardent, inquiets.

Kheïry aimerait la voir trouver sa place dans le monde extérieur ou au moins la voir sourire.

Il l'a regarde dormir et au fond, il se rend compte qu'il l'a voit toujours avec ces centaines d'électrodes collées partout sur son corps.

Elles ne semblent pas vouloir la laisser partir...



Les essaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant