La Boxe et la Médecine

8. L'accident

PDV Mia
Flashback

Je suis dans les vestiaires en train de m'échauffer, ce soir c'est le grand soir, le match final. Tout se joue, soit je perds mon titre, soit je deviens une nouvelle fois championne du monde dans ma catégorie. Je suis stressée, mais je sens le bon stress. J'enfile mes gants, prête à monter sur le ring. On toque à la porte et je vois le visage de mon père, je suis un peu déçue.
- Ne t'inquiète pas ma chérie, elle va arriver, elle n'a jamais loupé un match.
- Je sais, mais d'habitude elle est là avant que je monte sur le ring. Depuis que j'ai commencé la compétition, c'est la première fois que je me dirige vers un combat sans être à ses côtés.
- Mia, dit-il doucement en posant sa main sur ma poitrine, tu sens, elle est là, toujours près de toi. Concentre-toi sur ton match, tu verras qu'elle sera juste derrière toi à attendre sans que tu t'en rendes compte.
- Merci papa, dis-je avant de le prendre dans mes bras.

Il m'a motivée, je sors des vestiaires accompagnée de la musique d'entrée, du coach, de mon équipe et du soigneur.
Je passe entre les cordes, enlevant ensuite mon peignoir et mon protège-dents à leur place. Un dernier coup d'œil, constatant qu'elle n'est toujours pas arrivée. Je me trouve face à mon adversaire, l'arbitre vérifie nos gants, puis lance le combat. Celui-ci se déroule en 3 à 5 reprises, entre 2 à 3 minutes. Le seul moyen de gagner est de mettre mon adversaire hors d'état de combattre, c'est-à-dire par K.O.

Ellipse reprises

C'est ma dernière reprise, j'ai 3 minutes devant moi. Nous sommes, mon adversaire et moi, fatiguées. Les coups s'enchaînent, on esquive, on encaisse, on frappe, on donne tout. Sur un moment d'inattention de mon adversaire, j'arrive à placer un low kick qui la déstabilise, me permettant de lui porter un hammer kick. C'est un coup de pied retombant, dont la trajectoire finale redescend généralement au niveau de la base du cou de l'adversaire. Ce dernier mouvement fait tomber mon adversaire, la menant directement au K.O final.
La fin du match est annoncée par l'arbitre, qui lève mon poignet en me déclarant pour la deuxième fois consécutive championne du monde. J'en pleure en récupérant ma ceinture, toute l'équipe me saute dans les bras, me portant par ma victoire. Je salue également mon adversaire après qu'elle a retrouvé ses esprits, d'une accolade, en lui glissant un « merci pour ce super combat ».
Je descends du ring, cherchant la femme que j'aime, qui aurait dû arriver maintenant. Je la cherche dans la salle, difficile avec toutes ces félicitations, mais j'arrive à rejoindre mon coach. Je lui saute au cou en pleurs, tellement heureuse d'avoir réussi. Il m'enlace aussi, mais à la fois tendu. C'est ainsi que ce mauvais pressentiment et cette crainte s'emparent de mon corps.

PDV Érika

Merde, putain ! Je suis à la bourre là ! Je m'énerve contre ce satané feu rouge en bas de chez moi. J'ai fini tard au travail, avec cette maudite réunion qui a duré. Normalement, je devrais arriver au début, j'aurais raté pour la première fois son entrée. Je n'ai jamais manqué un de ses matchs, depuis toujours je reste sa première supportrice. Je sors de la ville, prenant l'autoroute. J'ai au moins 20 minutes avant d'arriver à la grande salle des sports. Le trafic est fluide, surtout à 21 heures. Ce soir, c'est le grand soir, le dernier match de l'année, la finale du championnat du monde. Je ne m'inquiète pas, je sais qu'elle en est capable, je suis tellement fière d'elle et de son parcours. Savoir que ma copine sera peut-être, enfin je suis sûr, pour la deuxième fois championne du monde de sa discipline, me rend heureuse qu'elle atteigne ses rêves. Si elle continue dans cette lancée, elle pourra peut-être intégrer l'équipe participant aux jeux olympiques. Le seul fait de la savoir y participer me rend fière, mais être titrée de championne olympique devient plus qu'une fierté nationale, c'est aussi pour son père. Lui étant un ancien boxeur, je suis sûre qu'elle souhaite à son tour posséder ce titre olympique. Après l'effort, le réconfort, mais avant cela, elle doit gagner ce combat.
Je suis concentrée sur ma route, les lumières des lampadaires défilent sous la vitesse sur l'autoroute. Puis la lumière de ces derniers m'éblouit, aveuglée. C'est au dernier instant que mon esprit comprend qu'il ne s'agit pas de la lumière des lampadaires, mais les phares de cette voiture fonçant sur moi. Ainsi, de la lumière je passe à l'obscurité la plus totale. Je ne sais plus où je suis, tout est noir, mes seules pensées pour la femme que j'aime. Celle qui m'attend pour la soutenir dans ce match si important pour elle.

PDV Mia

Je suis dans les vestiaires, à tourner en rond, attendant qu'on me dise ce qui se passe. Mon père entre enfin.
- Papa, j'ai un mauvais pressentiment ! Où est Érika ? Elle devrait être arrivée, je ne l'ai pas vue en sortant du ring.
- Chérie, assieds-toi s'il te plaît.
- Dis-moi ce qu'il se passe ! Lui hurlé-je dessus.
- C'est Érika, elle... elle a eu...
- Non ! Ne dis pas ça, je t'interdis de dire ça ! Lui dis-je en me débattant alors qu'il essaie de me prendre dans ses bras.
- Je suis désolé, ma fille...
- Dis-moi !
- Un homme ivre sur la route, il s'est déporté sur sa voie, ils ont tout essayé, mais elle est...
Il ne finit pas sa phrase que je m'écroule, mes jambes ne me portent plus. Je me sens vide, les larmes coulent sans arrêt, mais cette fois plus de joie de ma victoire, mais de comprendre désormais celle qui me faisait me battre chaque jour. Ma victoire devient fade, sans goût, laissant cet arrière-goût amer. Je sombre dans ce trou noir, sans fond, l'espoir et la future vie que nous allions fonder disparaissent au fur et à mesure que les minutes passent, en réalisant cette perte.
Je me relève avec tellement de difficulté, utilisant mes dernières forces pour sortir d'ici et la rejoindre. Je crains déjà de voir la une des nouvelles.

Ellipse d'une semaine

La semaine vient de passer, je me suis enfermée chez moi, continuant à soulager ma peine. Je ne suis pas sortie, j'ai sauté tous les entraînements et annulé mes rendez-vous. Je ne souhaite voir personne, la seule à qui je souhaiterais voir le doux visage c'est le sien, mais elle est partie si haut, si loin dans les étoiles. Mais un jour je la retrouverai, on sera ensemble, la première et la dernière femme que mon cœur aura aimée. J'attends avec impatience de la rejoindre parmi les cieux, mon ange s'est envolé avec mon cœur et mon âme, aujourd'hui je reste vide et sans attache jusqu'à ce que nous nous retrouvions.
Je balance le magazine du mois à l'autre bout de la pièce, haïssant ces vautours, ce combat, ma victoire.

Si je n'étais pas allée jusqu'en finale, si j'avais eu ce combat plus tôt, si ce connard n'avait pas pris le volant aussi alcoolisé.

- Mia, petite cœur, hey ! Dit Carter en ramassant le magazine. Je sais que c'est dur. Tu vas t'en sortir, tu verras. Laisse le temps à ton cœur de se réparer, même s'il reste fragile. Un jour, tu trouveras quelqu'un qui saura le faire battre comme Érika le faisait battre. Pour l'instant, on va prendre soin de toi, tu n'es pas seule, tu ne l'as jamais été. Pense à elle, à ce qu'elle aurait aimé, elle ne voudrait pas que tu abandonnes tout, que tu arrêtes de te battre. Le kickboxing c'est ta passion. Laisse vivre son esprit en continuant le combat, c'est ce qu'elle aurait voulu, finit-il par me dire en me prenant dans ses bras où j'y verse encore des larmes.

Fin du flashback

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NDA : Effectivement, Mia traverse un moment extrêmement difficile, entre la réalisation de son rêve de devenir championne et la perte tragique de son premier amour. La douleur et la confusion qu'elle ressent sont compréhensibles. Et comme le suggère Carter, il est possible qu'un jour Mia puisse trouver quelqu'un qui l'aime et qui saura raviver son cœur, même si elle-même doute de cette possibilité. Parfois, l'amour peut surgir de manière inattendue et apporter de la lumière dans les moments les plus sombres.