3. Petit dérapage

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Ellipse de la semaine

Je soupire, épuisée. Nous sommes samedi soir. Je me trouve dans les vestiaires, prête à monter sur le ring. Ce soir, c'est quelques petits combats entre nous. La semaine a été intense, mais le samedi soir est l'un de mes préférés pour deux raisons : tout d'abord, le lendemain, je suis totalement en repos, pas de footing, pas d'entraînement, je fais ce que je veux. Et deuxièmement, pour décompresser de la semaine, nous organisons des combats d'entraînement entre nous. C'est un moment pour relâcher la pression accumulée.

Le coach m'appelle, je monte sur le ring, mon adversaire est prête. Nous entamons le combat, j'arrive sans problème à esquiver quelques coups et à en placer quelques-uns pour la déstabiliser. Mon adversaire tente une feinte, que j'anticipe facilement, mais je néglige ma garde. Son crochet du gauche percute ma pommette, me faisant reculer vers les cordes. Puis, elle enchaîne avec des coups répétés, et je tente de me dégager. Je peux encaisser, mais je reste humaine, et étant consciente de ma forme physique actuelle, je ne pourrais pas tenir plusieurs heures dans cette situation. Après un énième coup dans les côtes, je pivote pour échanger nos positions et lui rendre les coups qu'elle venait de me porter. Le coach siffle la fin de notre combat, je prends mon adversaire dans mes bras pour la féliciter, et elle fait de même. Je quitte le ring en direction des vestiaires pour prendre une bonne douche et faire quelques étirements. Il est 23 heures 30 lorsque je quitte enfin la salle. Thalia m'attend déjà à l'extérieur. Nous décidons d'aller dans un bar pour nous détendre un peu. Carter et Silvio nous rejoignent rapidement. Hélène n'a pas pu se libérer ce soir, elle a eu la visite de son frère.

- Sil ! Tu as prévu quelque chose pour ce soir ? Dit Thal.
- Non pas encore, si je trouve personne ici, j'irai chez mon plan cul. Pourquoi ?
- A une table, un blond assez grand te fixe depuis que tu es arrivé, lui dis-je avec un grand sourire.
Il se tourne vers l'homme, au sourire de notre ami nous avions compris qu'il allait s'éclipser.
- Sérieusement ce gars c'est toi mais en mec, lâche Carter en me regardant.
- Comment ça ?
- Mia, tu sais que je t'aime mais il a raison, t'es incapable de... elle se tut un instant.
- De quoi ? De te caser ? Tu sais aussi bien que moi que je ne peux pas. Et je n'ai pas le temps d'être en couple, je dois me préparer pour mon championnat et gagner ma qualification pour les Jeux olympiques.
- Roohh ! Arrête bien sûr que tu peux, t'as juste peur de l'engagement, affirme Cart.
- Non pas de l'engagement. Et puis vous pouvez parler vous êtes aussi célibataires à ce que je sache ! Dis-je énervée.
- T'énerve pas M, on dit juste que tu peux.. peut-être.. essayer de trouver quelqu'un... avec qui tu te stabilises, ajoute ma meilleure amie.
- C'est ça, une personne avec qui tu pourrais avancer et...
- Avancer ? Alors, qu'est-ce que tu veux ? Que je trouve quelqu'un d'autre pour l'oublier, elle ?
- Non, pas du tout... je veux dire...
- C'est bon, je vois très bien ! Je vais prendre l'air et je reviens, dis-je agressivement à mes amis avant de sortir du bar.

Putain ! Ils font chier ! Je ne peux pas, j'arrive pas à m'attacher, impossible. D'accord, je couche sans lendemain, mais ma vie c'était elle, bon sang. La seule avec qui je voulais fonder une famille, on avait des foutus projets. Mais quoi ! Maintenant je dois tourner la page, aussi facilement, elle est partie, merde ! Pire dans tout ça, c'est ma faute..." pensais-je, avant d'être tirée de ma réflexion par des éclats de voix un peu plus loin. Encore des mecs bourrés, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment. Je me rapproche et constate deux hommes en train de se disputer, en écoutant leur conversation et en analysant le jeune homme. Je le reconnais, c'est le gars qui était avec Silvio. Je comprends que celui en face est son ex, et ça ne sent pas bon. J'allais pour m'approcher encore un peu, me demandant où est Silvio. Je fronce les sourcils et plisse les yeux, puis je remarque un corps au sol. À ce moment-là, je disjoncte, m'avançant rapidement pour les rejoindre.
- Merde Sil ! Dis-je en m'accroupissant près de mon ami au sol.

Je me redresse, le regarde sombrement, les poings serrés.

- Qui a osé le frapper ? Hurle ai-je en regardant les deux hommes, même si je savais pertinemment la réponse.
- Mêle-toi de tes affaires, pétasse, me dit l'ex.
- T'aurais pas dû, mec !

Je m'approche de lui et sans vraiment réfléchir, je libère ma colère en lui assénant un coup de poing. C'est là que tout dérape. On se bat, je vous laisse deviner qui est au tapis.
- La prochaine fois, ce n'est pas à l'hôpital que j'enverrai, dis-je avant de retourner près de mon ami.

La bagarre avait attiré les regards, Thalia et Carter nous rejoignent rapidement.

- Merde, Mia ! Ton visage... il saigne, me dit Thalia.

Effectivement, j'avais reçu un coup à l'arcade et à la lèvre, qui se sont fendues.

Carter aide Silvio à se relever, il aura un bon cocard mais rien de grave.

- D'accord, on va aux urgences, tu ne peux pas rester avec ça, me dit Cart en désignant mon arcade sourcilière.
- Ça va aller, ce n'est pas bien méchant. J'ai eu pire, affirme ai-je.
- N'en discute pas ! Et Silvio devrait voir un médecin aussi, au cas où.

J'accepte sans rien dire, sachant pertinemment qu'ils ne me laisseront pas rentrer chez moi dans cet état.

Arrivés aux urgences, nous prenons la direction des services surchargés, comme c'est souvent le cas le soir. Nous sommes dans la salle d'attente et vu la vitesse à laquelle les choses se passent, nous allons sans aucun doute y passer la nuit. Je réfléchis déjà à ce que va dire le coach, je soupire d'avance.

- Mademoiselle Desacre, c'est à vous ! Suivez-moi.
Je me lève et suis l'infirmier, il me conduit à une salle de consultation.

- Installez-vous, une infirmière va venir réparer tout ça, dit-il avec humour.
J'hoche la tête, lui souris, et j'attends cinq bonnes minutes avant que la porte ne s'ouvre. Mon visage se fige, bouche bée, elle n'avait pas quitté ma fiche des yeux.

Elle se dirige vers moi, en lisant.

- Alors, comment vous êtes-vous fait ça ? Y a-t-il un rapport avec un certain homme venu plus tôt suite à une altercation devant un bar ? Me dit-elle en restant concentrée sur sa feuille.

- Il a frappé mon ami et m'a traitée de pétasse, je n'ai pas apprécié, dis-je en la regardant.

- Vous ? Ajoute-t-elle en relevant la tête.

- Je vous jure, il la méritait, dis-je amusée de la situation.

- Euh... je... balbutie-t-elle en cherchant ses mots.

- Le monde est petit, hein.

- Oui, finit-elle par dire après avoir repris ses esprits. Bon, je vais peut-être...

- Allez-y.

Elle s'occupe de mon arcade et de ma lèvre, je sens qu'elle est légèrement déstabilisée. Je me laisse faire, n'ajoutant rien, et c'est vingt minutes plus tard qu'elle a terminé. L'infirmière m'accompagne jusqu'à la porte, je sors et manque de percuter quelqu'un qui patiente sur le côté. Je lui dis au revoir, remarquant au dernier moment que sa blouse n'est pas totalement fermée, laissant apparaître son haut.

- Au fait, sympa le t-shirt, j'avais le même mais on me l'a gentiment kidnappé, dis-je avec un sourire en coin.

- Peut-être que vous allez recevoir une rançon.

- Qui sait ! Dis-je.

La personne qui attend se tourne vers nous et se racle la gorge.

- Excusez-moi, je dois recevoir cette personne, me dit-elle en désignant la femme qui patiente encore.

- Pas de problème, dis-je avant de me tourner vers l'autre femme. À plus tard, Gigi, ajouté-je en m'éloignant.

Mais j'ai eu le temps de voir son regard me fusiller, je savais pertinemment que Gwen ne supportait absolument pas ce surnom et je ne me prive jamais de le faire.

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NDA : On peut dire que le monde est petit. Comment Mia a-t-elle bouleversé l'infirmière, et surtout elle connaît sa meilleure amie Gwen ! Le prochain chapitre nous dévoilera cela.

La Boxe et la MédecineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant