Ellipse de plusieurs semaines
Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis son premier match, que Mia avait remporté haut la main. Au fil du temps, Gwen et moi avions été rapidement acceptées dans leur petit cercle d'amis. Mon travail aux urgences rendait difficile la possibilité de passer du temps avec eux en journée, surtout lors de mes gardes. Cependant, je restais en contact régulier avec Mia par messages, bien qu'elle n'ait pas eu de nouveaux combats à part des séances d'entraînement. Le mois de mars s'annonçait plutôt calme pour la boxeuse, avec des rendez-vous espacés. Profitant de ce temps libre, j'avais eu l'occasion de découvrir une toute autre facette de sa personnalité. Même si je l'avais déjà vue faire la fête à Ibiza, ici à Miami, elle semblait s'amuser d'une manière différente.
Nous étions vendredi après-midi, j'étais en repos, ce qui faisait un bien fou. Ce matin-là, j'avais passé du temps avec Mia au coffee shop, histoire de prendre le petit-déjeuner ensemble. Nous avions discuté pendant deux heures en sirotant notre café, lorsque Mia avait reçu un appel de son coach pour un rendez-vous de dernière minute. Puisque Gwen était au travail, j'étais seule pour le moment. J'avais envoyé un message à Mia pour savoir si elle avait fini ses rendez-vous, et elle m'avait répondu qu'il ne lui en restait plus qu'un.
"Passe chez moi quand tu auras fini, je m'ennuie," lui avais-je écrit.
"Je serai là dans 1 heure, je finis un rendez-vous et j'arrive," m'avait-elle répondu.
Un sourire s'était dessiné sur mes lèvres, heureuse à l'idée de la voir un peu en tête-à-tête. La plupart du temps, nous étions entourées d'autres personnes. Cette fille me plaisait de plus en plus, et j'avais une heure devant moi pour prendre une douche et me préparer.
Une fois prête, vêtue d'un short en tissu et d'un débardeur décontracté, j'avais allumé la télé pour avoir un fond sonore. J'étais sur le point de m'asseoir sur le canapé quand on avait frappé à la porte. Je m'étais précipitée vers la porte avec un sourire aux lèvres. J'avais presque ouvert la porte avec l'intention de sauter dans les bras de Mia, mais mon visage s'était figé en voyant les invités qui se tenaient devant moi. Mon expression avait changé rapidement, passant de la surprise à la consternation lorsque ma sœur m'avait pris dans un câlin inattendu.
- Cam ! Papa ! Maman ! Thibault ! Mais qu'est-ce que vous faites là !
- Nous aussi on est content de te voir, Lexie, dit le mari de ma sœur.
- Non, euh... c'est juste que... vous auriez pu appeler au moins.
- Rohh, mais écoute-là ! Comme si tu étais occupée, ajoute Camille en s'invitant directement dans mon appartement, suivie du reste de ma famille.
- Jolie déco, belle-sœur, tu...
- Laisse-moi cette télécommande, dis-je à ma sœur en la lui coupant. Désolée, mais vous tombez mal là, on peut faire quelque chose demain ?
- Toi, tu as un rencard !
- Papa ! Non ! Juste une... amie qui ne devrait pas tarder...
- Une amie ou une AMIE, confie ma mère en rigolant.
- Ok, j'abandonne, faites comme chez vous, dis-je en soufflant.
Je vois ma famille s'installer sur mon canapé en écoutant la chaîne d'information nationale. J'en profite pour rejoindre la cuisine et leur préparer un verre. Du coin de l'œil, je remarque le sourire de ma grande sœur, un sourire que je connais que trop bien.
- Lex ! C'est qui Mia ?
Je relève la tête, étonnée, et je comprends qu'elle a mon téléphone entre les mains. J'accours presque pour le lui reprendre avant qu'elle ne fasse sa fouine, mais c'est peine perdue quand j'entends qu'elle lit le message que je viens de recevoir.
« Je suis là dans 15 minutes, l'interview a pris plus de temps. Je hais ces vautours, surtout que la fédération m'a assigné au match de demain. Je ne sais pas comment ils ont eu cette info, je l'ai appris cinq minutes avant mon rendez-vous. Du coup, changement de plan pour l'apéro bière, ça sera soft pour moi. Je prends des trucs à grignoter, bisous à tout de suite. »
- Cam ! Rends-moi ça !
- Ouais, attends, dit-elle en répondant au message.
Mon cœur commence à s'emballer, que va-t-elle lui dire ? Une fois les verres posés sur la table, je réussis à récupérer mon téléphone. Mes yeux s'écarquillent en lisant la réponse que ma sœur a écrite, et mes invités se mettent à rire face à mon expression.
- Sérieusement, Camille, ça va pas la tête ! Pourquoi tu as fait ça ! Mia est une amie, je vais rattraper ça comment moi maintenant. « T'inquiète, prends ton temps, même si j'ai hâte de te voir. Bisou ma belle. »
Une fois lu à voix haute, ils n'arrivent pas à retenir leur amusement. Pour ma part, c'est surtout du stress. Je pose mon téléphone sur la table basse, m'affale dans l'angle du canapé, la tête entre mes mains.
- Ne stresse pas, petite sœur...
Je la regarde d'un regard noir. Elle a peut-être gâché mes chances. Certes, Mia et moi avons déjà eu un rapport, mais dans la situation actuelle, je commence seulement à ressentir davantage pour elle. La vibration de mon portable me fait détourner le regard, hésitante à voir sa réponse. Ma mère pose une main sur mon épaule, me ramenant à la réalité.
- Chérie, tu l'aimes bien, cette fille, pas vrai ? me dit-elle.
J'acquiesce, en la regardant, mais aucun son ne sort de ma bouche.
- Prends ton temps, chérie. Je sais que tu n'as jamais eu vraiment de chance en amour, mais on est là pour te soutenir, tu le sais.
- Je n'ai jamais été en couple, ni même ressenti...
- Ne jamais dire jamais, fit Thibault, ce qui nous fait rire. Bon, tu lis ce message ?
Je m'exécute, tant bien que mal. Je le lis à voix haute. Dans ma famille, nous sommes très soudés, sans tabous.
« Je suis au parking souterrain, je me gare. Je te manques déjà ? Mais moi aussi j'ai hâte de te voir. Ce n'est pas comme si on n'avait pas pris notre petit-déjeuner ensemble pendant 2 heures ce matin, ma belle. D'ailleurs, peut-être que toi aussi, ce sera soft pour l'apéro. Il ne faudrait pas que ça dérape comme à Ibiza. »
Je les regarde, grimaçant. Ma famille semble bouche bée.
- Vous avez déjà couché ensemble ! ajoute le mari de ma sœur.
- Je... euh... on ne se connaissait pas à ce moment-là. Je ne pensais pas la revoir, encore moins devenir amie par la suite.
Je raconte les grandes lignes, en rigolant de l'ironie du sort. Je ne manque pas de préciser que Mia n'est pas le genre de fille à se caser.
- Peut-être que ce sera différent avec toi, me dit mon père.
- Je ne sais pas. Nous venons de deux mondes complètement différents.
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La Boxe et la Médecine
RomanceEntre les cordes du destin se croisent deux vies diamétralement opposées : L'une offre des coups L'autre prodigue des soins. D'un côté, une âme intrépide défie constamment les limites, tandis que de l'autre, une âme bienveillante œuvre pour guérir...