9. Les qualifications (partie 2)

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Je frappe le sac sans relâche, laissant ma colère et ma frustration s'exprimer à travers chaque coup que je donne. Mais soudain, une voix féminine me tire de ma concentration.
- À ce rythme-là, il va finir par percer ce pauvre sac ! dit Alexie derrière moi.
- Alors qu'il perce, dis-je en frappant toujours plus fort sans m'arrêter, sans même me retourner pour la regarder.

J'entends ses pas approcher de moi, de plus en plus, et finalement, je la vois apparaître dans mon angle de vue, mais je ne m'arrête pas pour autant.
- Thalia m'a dit que je te trouverais ici. Elle a pensé que tu me parlerais plus qu'aux autres.
- Alexie, dans mon travail on ne cogne plus qu'on ne parle, alors tu peux t'en aller. Je préfère être seule pour l'instant.
- Ok...dit-elle en s'éloignant.

Je ne la regarde pas, persuadée qu'elle finira par s'en aller, mais à ma grande surprise, je la vois revenir. Elle jette à mes pieds des pattes d'ours.
- Alors cognons ! Mais je te préviens, je n'y connais absolument rien.

Surprise par sa détermination, je m'arrête enfin et lui fais face. J'analyse sa posture, me demandant si elle est sérieuse.
- Tu veux apprendre ? dis-je, moi-même surprise par ma question.
- Et pourquoi pas ? Tu me dis que tu préfères ça à parler, alors faisons ça. Et parlons en même temps, répond Alexie en enfilant mes gants d'entraînement.

Mais comment a-t-elle trouvé mon matériel ? Elle a dû fouiller dans mon casier, je suppose. Je soupire, décidant que cela pourrait peut-être me détendre de lui apprendre quelques coups. J'attaque en enfilant les pattes, et nous montons sur le ring.
- Tu es sûre de toi ? je lui demande.
- Absolument pas, mais si je peux t'aider et apprendre par la même occasion...

Je ris doucement à sa réponse. Je commence par lui expliquer les bases, le positionnement de son corps, de ses poings. Au début, elle cogne sans trop de force, n'ayant jamais fait ça auparavant. Puis elle se lâche un peu, et je la conseille pas à pas, comme on le fait pour les débutants que l'on surnomme ici les "baby boxe". Après plus d'une heure, nous décidons de faire une petite pause pour reprendre notre souffle.

C'est à ce moment-là qu'Helene, une de mes amies, arrive au bord du ring.
- Wow, je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais continue. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu Mia faire du coaching, surtout avec quelqu'un qui ne fait pas partie du milieu, dit-elle en direction d'Alexie.
- Comment ça ? demande Alexie, curieuse.
- Depuis la...Helena se fait interrompre en recevant l'une des pattes d'ours au visage.
- Tais-toi. Ce n'est pas... si... mais c'est plus pour moi qu'elle dit ça, intervins-je pour ne pas m'exposer davantage devant la jeune femme à mes côtés.

Je préfère minimiser et ne pas me dévoiler davantage devant Alexie, alors je réponds brièvement et m'apprête à mettre fin à la séance. J'ai besoin de prendre une douche pour me rafraîchir et me libérer de toutes ces émotions.

PDV Hélène

En entrant dans le gymnase, je fus très surprise de voir Mia porter les pattes d'ours. Elle qui avait refusé d'impliquer qui que ce soit dans ce sport depuis un moment. Je me rappelle qu'une fois qu'elle avait atteint un certain niveau, Érika, qui passait son temps à assister à ses entraînements et compétitions, avait voulu essayer le kickboxing. Mia avait alors enfilé son rôle de coach et avait commencé à lui apprendre, plus par plaisir sportif que par réelle envie de compétition. Toutes les deux passaient leurs journées ensemble, sauf quand Érika travaillait, et elles faisaient des séances d'entraînement nocturnes. Après l'accident, Mia avait vraiment sombré, passant la majeure partie de son temps soit enfermée chez elle, soit à maltraiter un sac de frappe ou ses coéquipiers lors de matchs entre eux.

Plusieurs personnes avaient voulu l'avoir comme coach, elle qui avait tout appris de son père. Cependant, elle n'avait jamais accepté. Érika avait été la première personne qu'elle avait coachée pour le simple plaisir, et elle était également la dernière jusqu'à aujourd'hui. Jamais je n'aurais pensé la voir endosser à nouveau son rôle de coach. Elle avait un véritable don, atteignant désormais un très haut niveau professionnel. Elle m'avait dit il n'y a pas si longtemps qu'un jour son père lui léguerait le gymnase pour qu'elle devienne coach à son tour, et pour faire naître et élever d'autres futurs et potentiels champions.

La Boxe et la MédecineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant