La Boxe et la Médecine

15. Le tournoi

3 semaines après l'arrivée à Miami
PDV Mia

Je suis concentrée, je bloque, j'esquive et je frappe. Je recommence cet enchaînement, une fois de plus, tout en encaissant les coups que l'on me porte. Mes yeux se détournent brièvement vers l'extérieur de la zone, mais son regard me trouble et me transperce, m'hypnotisant. Je reçois un coup au sternum qui me projette contre la grille de la cage. À genoux, cherchant désespérément de l'air, la bouche entre ouverte et haletante, je sens le contact avec mon adversaire se dissiper. Je ne perçois plus qu'une vision trouble et opaque, lutant pour ne pas sombrer. Je ferme les yeux un instant, me concentrant sur ma respiration pour la retrouver peu à peu. Sa voix me parvient, me motivant et me guidant. Je me redresse sur mes pieds, les bras le long du corps, me laissant guider par mon instinct. Lorsque la cloche sonne la fin du combat, j'ouvre enfin les yeux et découvre mon adversaire au sol, vaincu. Savoir se battre les yeux fermés est une technique que j'ai mis du temps à maîtriser. Je lève la tête et souffle un bon coup en réalisant que j'ai encore gagné, les yeux fixés sur le plafond de l'arène. Ce combat fut intense, chargé de coups et d'encaissements. Mon corps se détend, quittant l'arène pour gagner les vestiaires.

Face au mur, je me mets à frapper celui-ci encore et encore jusqu'à l'épuisement et la douleur. Je m'arrête avant de donner un autre coup, perturbée par la sensation d'être observée. Je n'ose pas me retourner, débordante de colère.
- Tu te sens mieux ?
- Absolument pas... dis-je en m'adossant au carrelage que je venais de cogner.
- Le but du tournoi était d'avoir un nouveau champion, pas que tu gardes ton titre, annonce Tessa d'un ton ironique.
- Et gagner un titre aussi important si facilement ne vaut aucun mérite si l'adversaire se laisse faire. Ce n'était pas rendre service à mon adversaire.
- Mais t'acharner sur ce mur est inutile... à moins que tu veuilles retourner à l'hôpital, ajoute Alexie avec un sourire taquin.
- Inutile, à moins que ce ne soit pour que tu te punisses d'avoir encore gagné.
- Tess, c'est toi qui m'a mise dans cette galère. Je ne voulais pas combattre, et encore moins gagner.
- Personnellement, je ne comprends plus. Fallait-il abandonner ?
- Ne cherche pas à comprendre, Mia combat pour une raison, et ce n'est pas la victoire, mais plutôt la défaite. Elle veut perdre, elle veut tout perdre.
- Quoi ?
- Tu ne lui as jamais expliqué pourquoi tu te bats constamment ? Dit Tessa en me regardant.
- Non, cela ne servirait à rien, et cela ne ferait avancer personne d'en connaître les raisons, tant que ce sont les miennes.
Je vois Tess hausser les épaules et sortir, me laissant seule avec Lexie, qui s'approche de moi.
- Tu sais que j'ai envie de t'en coller une !
- Alors fais-le...
- Dans tes rêves, DESACRE ! Dit-elle avant de saisir mon visage entre ses mains pour y déposer ses lèvres sur les miennes.
Le baiser est doux, délicat, presque amoureux, mais je m'y refuse. Je ne peux plus aimer, j'ai perdu ce privilège, et maintenant je dois me contenter de cet instant. Nous nous séparons à bout de souffle, aucune de nous ne parle, comme si ce qui venait de se passer était normal.
- Mia, ouvre-moi ton cœur. J'aimerais savoir ce que tu ressens. J'aimerais entendre la même chose que ce que je ressens pour toi. J'ai aimé te découvrir, et je sais qu'il me reste encore beaucoup de mystères à percer chez toi. J'ai envie de m'aventurer dans cette histoire...
La peur me paralyse, les mots me manquent. J'aimerais dire oui, mais je ne peux pas. J'aimerais lui avouer que je ressens quelque chose, mais je ne veux pas la perdre comme j'ai perdu Erika. Cette fois, je ne m'en remettrais peut-être pas. Voyant que je ne réponds pas, elle recule et sort du vestiaire.
- Quand tu réaliseras qu'il ne faut pas vivre dans le passé ni dans l'avenir, mais uniquement dans le présent, peut-être sera-t-il trop tard, et tu auras perdu bien plus que tu ne l'aurais pensé. Mais sache que moi, je suis là, je ne bouge pas. Tu sais où me trouver quand tu te seras réellement retrouvée toi-même. Alors peut-être vivras-tu la meilleure chose que tu n'aurais même pas imaginée, finit-elle par dire avant de disparaître derrière la porte.
C'est à ce moment-là que je ressens un vide, un manque qu'elle vient de me laisser. Oui, je tiens à elle, oui, je l'aime...