-Chapitre 8-

3.5K 168 12
                                    

Chapitre 8:
POV Nicolas

"Silence hurts more than truth"
-Perry Poetry.

Mes yeux parcourent les lignes à l'encre noire sur le dernier meurtre du Slicer. Je n'arrive pas à me concentrer en sentant les vibrations incessantes de mon téléphone. Mais je ne peux m'empêcher à chaque fois de regarder qui m'envoie un message, intérieurement, je prie que cela soit elle, mais je sais bien que ce n'est pas le cas.

Pourtant, quand mon téléphone se met à vibrer pour la centième fois, ma main glisse automatiquement dans ma poche pour le sortir. Le prénom qui s'affiche est tout sauf le sien, c'est celui d'Ashley. Tout espoir disparaît en moi. Je voudrais juste qu'elle m'envoie un message pour me dire qu'elle va bien et peut-être même qu'elle voudrait que je passe la voir. Mais rien de tout ça ne se passe, elle me fait le traitement du silence.

Mon doigt parcourt les notifications, j'ai vingt messages non lus d'Ashley. Sûrement, pour éviter de culpabiliser, je me répète que je lui répondrai plus tard. Avant de retourner à mon travail, je vérifie tout de même que je n'ai pas d'appels manqués de Cassy. Rien. Cela fait des jours, je dirais bien que cela fait une, voire deux semaines que je ne l'ai pas vu, pourtant, je n'ai eu aucune de sa part. La dernière fois, c'était le soir où je lui ai annoncé qu'elle n'était plus sur l'enquête. Je sais qu'elle doit sûrement être en colère contre moi, je lui ai fait un sacré coup bas, mais je n'avais pas le choix. C'est pour ça que je lui laisse du temps à s'en remettre, je connais Cassy depuis des années et si j'ai appris une chose, c'est qu'elle a besoin de temps pour pardonner quelqu'un.

J'ai été contraint de faire ce que j'avais à faire. Peut-être qu'elle ne s'en rend pas compte pour l'instant, mais elle me remerciera plus tard quand elle se sentira mieux. J'avoue que peut-être que ce n'était pas le meilleur choix que j'ai fait, mais je ne regrette pas.

Je pose mon téléphone face cachée sur mon bureau, en espérant pouvoir me concentrer. Je m'en veux de l'avoir dit au patron, mais il fait me comprendre, je voyais ma meilleure amie s'affaiblir de jour en jour. Je le voyais tomber dans un cycle vicieux qui pourrait très bien mettre sa vie en danger. Alors, oui, je savais quand allant voir le chef, il allait la retirer de l'enquête, mais c'était la seule option que je voyais pour la remettre sur le droit chemin.

Mais au moment où je lui annoncer la nouvelle et que j'ai vu son visage se décomposer, j'ai su que j'avais fait une erreur. Quand j'ai vu le peu de couleur qui lui restait se remplacer par du rouge. Je ne voulais pas la faire souffrir, seulement prendre soin d'elle. Apparemment, je ne peux pas réussir une seule chose sans blesser quelqu'un.

J'ai la tête dans les papiers, mais je suis loin d'être concentré, si je tourne la tête, je peux voir le bureau de Cassy qui me rappelle que c'est par ma faute qu'elle n'est pas là. J'essaye tout de même de me concentrer sur mon travail. Je tape mon stylo contre ma feuille à un rythme régulier. Mon téléphone n'arrête pas de vibrer, mais je sais que si je vérifie de qui ils proviennent, je tomberai sur le nom d'Ashley.

Je relis encore et encore la première phrase du document « la victime a été retrouvé avec une seringue dans le bras », je la relis encore et encore. À chaque fois que je finis de la lire, je reçois un nouveau message.

Je me sens tellement mal d'abord, c'est de ma faute si elle ne fait plus partie de l'enquête, mais en plus maintenant, c'est moi qui m'occupe de celle-ci. Et le pire dans tout ça, c'est que maintenant, je comprends pourquoi elle en est tant obsédée. Je voudrais savoir comment elle faisait pour rester concentrée ou alors pour ne pas perdre espoir ? Est-ce que ce n'est pas un peu hypocrite de ma part ?

Je voudrais aller la voir, mais je ne pense pas que je sois vraiment la bienvenue. Je ne sais pas quoi faire. Si elle m'avait pardonné, elle aurait sûrement répondu à l'un de mes messages. Je culpabilise de l'avoir laissé rentrer le soir dans la nuit et le froid, seule. J'aurais dû la rattraper et l'obliger à monter dans ma voiture, mais non je l'ai laissé seule triste et en colère dans le froid de la nuit. Je suis vraiment un ami de merde.

J'essaye de me remettre au travail, mais Cassy reste dans ma tête. Ma jambe bouge de haut en bas. Plus je pense à elle, plus je me demande s'il ne lui serait pas arrivé quelque chose. Non. Je prends mon téléphone et je tape son numéro que je connais par cœur. La sonnerie retentit, je croise les doigts pour que cette fois-ci, elle décroche. Je me fais une promesse, si elle ne décroche pas je vais aller lui rendre visite.

La sonnerie sonne toujours puis je tombe sur le répondeur. Je réessaye une dernière fois au cas où elle ne l'aurait pas entendu. Je regarde l'heure sur ma montre, elle m'indique qu'il est 9 h donc normalement elle est réveillée. Mais la même chose, je tombe sur le répondeur.

Je ne peux plus attendre ici. Je me lève et j'enfile mon blouson. Je devrais peut-être me rassurer et me dire qu'elle n'a tout simplement plus de batterie, mais je préfère aller vérifier par moi-même. Bon, alors, je vais aller voir si elle va bien puis, si elle est en pleine forme, je pourrai lui présenter mes excuses et retourner travailler avec l'esprit tranquille.

Je sors du bureau, mais avant de partir, je passe dans le bureau de mon patron. Je toque à sa porte où se trouve une plaque gravée dessus « officer Mcgray ».

Entrer, me dit-il de l'autre côté de la porte de sa voix rugueuse.

J'ouvre la porte, mais je ne rentre pas dans le bureau. Je me cale contre l'embrasure de la porte. Mes yeux se posent sur son bureau au milieu de la pièce, sa tête est baissée sur des dossiers. Il ne prend pas la peine de voir qui est rentré dans son bureau, il sait que c'est moi.

J'ai une urgence, j'en ai pour vingt minutes, lui explique-je en faisant sous-entendre que j'ai besoin de sa permission.

Il ne lève pas les yeux de ses dossiers, restant concentré sur ce qu'il fait.

D'accord, me répond-il, mais ne soyez pas trop long. Je vous paye pour travailler sur une enquête et pas pour des urgences sinon vous seriez sûrement ambulancier ou un truc dans le genre et non pas enquêteur.

Je hoche la tête puis je referme la porte avant de descendre les escaliers pour sortir du bâtiment. Sans plus attendre, je pars en direction de ma voiture sans faire attention à la demoiselle qui me fait les yeux doux à l'accueil. Je m'installe et je mets le moteur en route et prends directement la route pour aller chez Cassy.

Arrivé devant chez elle, j'ai sûrement grillé trois feux rouges et en rentrant chez moi, je vais bien avoir cinq amendes à payer dans ma boîte aux lettres. Je gare ma voiture et je sors de celle-ci. Dans mon élan, en sortant, je claque la portière. Je fais des grandes enjambées pour arriver le plus vite possible devant son porche.

Maintenant que je suis devant la porte, je ne sais pas si je dois vraiment toquer ou si je devrais partir comme si rien ne s'était passé. Est-ce que les cinq amandes qui vont être dans ma boîte aux lettres en valent le coup ?

D'une main hésitante, je frappe mon poing légèrement contre la porte. Je la retire aussi vite que possible et je fais un pas en arrière. Je ne sais pas comment elle va réagir, est-ce qu'elle va m'insulter de tous les noms ou alors me frapper ? Et si elle fondait en larmes devant moi ? Je passe ma main dans mes cheveux, un vieux réflexe que j'ai gardé quand je suis stressé.

J'arrête de réfléchir quand je me rends compte que cela fait un petit moment que j'attends là. Je me rapproche une dernière fois et tape sur la porte. Cette fois-ci, je reste à ma place. Le souci vient s'ancrer dans mes veines. J'attends, mais rien, je décide d'aller jeter un coup d'œil vers la fenêtre de sa chambre. Ça se trouve, elle dort encore. Vu l'état de fatigue dans lequel elle était la dernière fois que je l'ai vu cela ne me surprendrait pas. Je regarde par la fenêtre et je vois que le lit est défait. Ce qui me rassure ça veut dire qu'elle était bien rentrée saine et sauf. Mais où est-elle maintenant ?

Je regarde le voisinage, peut-être qu'elle est allée se lier d'amitié avec les voisins. Cette pensée est ridicule, jamais elle ne dirait plus de deux phrases à ses voisins. Je continue de regarder et c'est là que je me rappelle. Je peux voir au loin une indication qui mène au parc. Cassy aime beaucoup se balader, voire courir dans ce parc. Elle est sûrement allée se défouler, je voudrais bien l'attendre, mais malheureusement, je ne peux pas, j'ai promis à Mr Mcgray que je reviendrais rapidement et ça fait déjà un peu moins d'une heure que je me trouve ici, alors si je ne veux pas subir ses vieilles blagues, il va falloir que je rentre maintenant. Ce n'est pas grave, je repasserai.

Je rentre dans ma voiture et je retourne au travail avec l'esprit tranquille sachant que Cassy va bien et qu'elle est en sécurité.

A psycho's love obsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant