Chapitre 46

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Je me réveille doucement et ouvre les yeux. Je suis à l'infirmerie, la pièce est vide. Je me redresse. J'observe mes mains: coupées, brûlées. J'ai l'impression que tout mon corps est de verre, fragile. Je me tourne et m'assois au bord du lit. Je pose un premier pied au sol, puis un deuxième. Je me lève. Une douleur me surprend dans les jambes. Je fais un pas en prenant appui sur le lit puis m'avance vers le miroir. Je découvre un corps extrêmement abimé. Je passe ma main devant mon visage puis sur tout mon corps. Mon épaule est difficilement mobilisable. Je fais disparaitre toutes cicatrices, toutes traces de coups, de blessures. Les larmes me montent aux yeux.

- Je suis vivante, je murmure.

Je souris, heureuse. La porte s'ouvre et William entre. Il court et me sert dans ses bras. Il me porte et je m'accroche à son cou.

- Tu es vivante, souffle-t-il.

- Je vais bien

- J'ai eu si peur. C'était tellement horrible.

- Je l'ai fait, je l'ai tué, je dis dans une grande respiration, comme un soulagement. C'est fini. J'ai tué Frédéric.

Il s'écarte et me fixe.

- Quoi ? Demande-t-il surpris.

- Tu as trouvé le corps ?

Il me fixe avec incompréhension. Non, je ne peux pas le croire. Il est mort, je l'ai tué. Il n'a pas pu survivre.

- William, tu as trouvé le corps de Frédéric ? Je demande à nouveau.

- Tu l'as tué ?

- Oui. Oui, j'affirme. Je l'ai tué.

Je disparais et réapparais dans ma chambre. Je retire la chemise, enfile douloureusement un sweat et un jogging et disparais. Je réapparais au château des serpents où les vampires, loups et sorciers ont disparus. Je m'avance et commence à chercher. Je traverse le terrain, contourne les troncs d'arbre. Il est forcément là. J'éteins le feu qui brûle encore, refroidis le magma et le recouvre de fleurs. Je sens une présence et me retourne. Antoine approche.

- Est-ce que ça va ? Demande-t-il timidement.   

- J'ai tué Frédéric et son corps est forcément ici.

Il approche doucement. Je continue de chercher.

- Lucie, je te crois. Tu devrais rentrer te reposer.

- Je dois en être sûre. Après tout ce qu'on s'est échangé je ne peux pas croire qu'il puisse s'en être sorti. Je lui ai brisé la nuque, j'ai fait exploser l'intérieur de son corps, il ne peut pas avoir survécu, il avait du magma encore collé à son épaule Antoine. Il est forcément mort.

Il me fixe.

- Oui. Avec tout ça il est mort, affirme-t-il.

- Mais s'il y avait un infime risque que, comme moi, il est pu survivre ?

Je tombe alors sur une main. Je me penche, écarte les feuilles mais la main est seule, tranchée. Il y a du sang partout autours. Je la prends du bout des doigts.

- C'est la sienne. Tu peux sentir l'odeur du sang et savoir s'il a bougé ?

Antoine s'approche, prend la main, l'observe.

- Non, l'odeur s'arrête ici.

- Alors soit il a disparu, soit son corps s'est désintégré.

- Lucie, ce que tu as fait est incroyable.

Je le sers dans mes bras.

- J'ai eu tellement peur, souffle-t-il.

- Moi aussi, j'avoue.

- Tu m'impressionnes tellement...

Je m'écarte.

- On peut rentrer ? Je demande.

Il sourit et hoche la tête. Je disparais et réapparais à l'infirmerie où la meute attend avec William, Camille et Malika. Antoine apparait à son tour derrière moi. Malika s'approche et me sert dans ses bras.

- J'ai eu tellement peur, souffle-t-elle

- Je vais bien.

- On a vraiment cru te perdre.

Je m'écarte. Jules avance vers moi et me sert dans ses bras.

- Content de te voir debout.

Je souris.

- Merci. Tu as été incroyable, je dis.

- Visiblement tu l'as été plus que moi.

Je les salue tous un par un. William s'approche de moi.

- Tu as trouvé des traces de son corps.

- Juste une main mais Antoine dit qu'il n'a pas bougé donc soit son corps s'est désintégré soit il a disparu.

- Alors tu l'as vraiment tué ? Demande Malika.

- Oui. Enfin, il serait improbable qu'il ait survécu. J'ai recouvert son corps de magma pris au centre de la terre. J'ai fait exploser l'intérieur de son organisme, lui ai brisé la nuque et il a perdu une main.

- Est-ce que tu pourrais tout raconter ? ça parait vraiment intéressant, demande Florentin.

Je m'assois sur un lit et commence à raconter ce qu'il s'est passé.

Le soir, dans ma chambre, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je ne cesse de repenser à ce qu'il s'est passé. Je me lève et décide d'aller à la bibliothèque. J'enfile un legging et un pull et quitte ma chambre. Une fois dans la bibliothèque, je prends un livre et m'assois sur le fauteuil de papy. Après une demi-heure, j'entends la porte s'ouvrir et Antoine me rejoint.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Je demande.

- Tu ne devrais pas dormir ?

- Je n'arrive pas à dormir.

- Tu veux dormir avec moi ? Propose-t-il.

Je le fixe un peu déconcertée.

- Non, ce n'est pas une bonne idée.

Il s'approche.

- Parce que je te fais craquer, dit-il avec un sourire amusé.

- Tu le sais très bien.

Je me lève et le rejoins. Nous nous asseyons sur une marche.

- Pourquoi es-tu allé seule là-bas ?

- Parce que je ne pouvais pas demander à William de venir, ses réactions excessives m'auraient empêchées d'aller au bout.

- Peut-être que ça t'aurait évité autant de souffrances.

- C'était pour une bonne chose.

- Je ne suis pas d'accord. Est-ce que tu sais ce qu'il a ressenti, ce que j'ai ressenti quand je t'ai trouvé ?

Je détourne le regard.

- Je ne voulais pas passer ma vie à fuir.

- Et attendre d'élaborer un réel plan ?

- Qu'est-ce que ça aurait changé ? Il n'y a que moi qui puisse battre Frédéric.

- Tu as failli nous abandonner.

- Je ne l'ai pas fait.

- Tu te sens soulager ? Qu'il soit mort ?

- Oui, même si j'ai une petite appréhension qu'il puisse avoir survécu.

- D'après ce que tu as décrit, ça parait peu probable.

J'hausse les épaules.

- ça va aller maintenant, tu vas vivre une vie normale.

- Je n'arrive pas encore à le réaliser.

- C'est normal, tu as presque toujours vécu comme ça. Il va falloir du temps pour le comprendre.

J'hoche la tête et la laisse reposer contre son épaule. Il passe son bras derrière mes épaules et me ramène contre lui.  

L'école Fantastique 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant