Another book (Erwin Smith x OC)

Chapitre 14 - Petit-déjeuner

Alors qu'il titubait jusqu'à sa chambre, Erwin finissait par se laisser tomber sur son lit une main posée sur l'arête de son nez. Il positionnait sa tête en arrière et se maudissait déjà de la quantité d'alcool ingurgitée.

— Imbécile.

Il avait légèrement honte de son geste envers la jeune femme et secouait la tête pour ne plus y penser. Il finissait par s'endormir rapidement en évitant de repenser à la brune dormant dans la chambre à côté.

Le lendemain, les deux sortaient de la chambre en même temps. Leur mine était affreuse et en voyant la tête d'Erwin, Elisa se retenait de rire.

— Tu as vraiment abusé sur la consommation d'alcool.

Il faisait mine de ne pas l'écouter et se rendait vers la cuisine avant de leur préparer un remède miracle contre la gueule de bois. Ils espéraient que les effets du remède agissent très vite sur leur organisme.

Alors qu'il sirotait son café fumant, le téléphone du blond sonnait.

— Je pensais l'avoir mis en mode avion.

Et ce n'était pas le cas. Sur l'écran, il y avait trois appels manqués du même numéro ainsi que quelques messages. Erwin était pâle.

Elisa qui finissait son propre café au lait levait les yeux vers le blond.

— C'est Livaï ?

Il secouait la tête.

— Marie.

Tendant sa main pour récupérer le téléphone, Elisa prenait un air sérieux.

— Tu veux sérieusement te débarrasser d'elle ou tu comptes lui donner une chance ?

Le blond n'hésitait pas en gardant le dos bien droit.

— Plus aucune chance. J'ai trop attendu.

— Et tu attendais toujours avant ce coup de fil.

Il jouait avec sa tasse en réfléchissant de longues minutes alors que le téléphone sonnait encore. Ne supportant plus la sonnerie, Elisa répondait.

Blême, Erwin observait la scène alors que la brune prenait son meilleur accent anglophone. Elle parlait de manière fluide sans perdre une seule fois le sourire sur ses lèvres. Quand elle raccrochait, Erwin semblait ne pas avoir entendu un seul des mots sortis de la bouche d'Elisa.

— Tu viens de lui dire quoi ?

Elle tendait son téléphone à Erwin.

— Tu n'as pas entendu ?

— Je t'avoue que non. 

— Je lui ai demandé d'arrêter de t'harceler puisque tu es actuellement avec quelqu'un. Que tu ne veux et ne peux la voir étant actuellement dans une relation amoureuse.

Il fronçait les sourcils.

— Tu lui as sérieusement dit cela ?

Elle claquait des doigts devant le blond.

— Au début j'étais gentille en disant que tu ne voulais pas la voir, mais elle m'a poussé dans mes retranchements donc j'ai attaqué. Sa voix a changé quand je lui ai annoncé que tu voyais quelqu'un. C'était épique.

Prenant son air neutre, Erwin glissait son téléphone dans la poche de son pantalon.

— Une chose de réglée. Merci à toi de m'aider.

Elle faisait un geste du menton.

— Il n'y a pas de quoi.

Et elle continuait de manger mine de rien.

Faisant tourner son téléphone dans la main, Erwin hésitait sérieusement à rappeler Marie, mais le regard déterminé de la brune l'en dissuadait.

— Je suppose que tu as la journée de libre suite à ces trois jours mouvementés ?

Erwin hochait la tête en terminant son café.

— Alors, nous allons faire un peu de tri dans ton dressing. Je n'ai jamais vu autant de vêtements pour un homme. Même si je vivais trois vies de plus, je ne crois pas que je pourrais avoir autant de vêtements.

Il se levait et s'approchait de la machine à café pour s'en servir un second.

— Je suis obligé d'avoir des tenues différentes et surtout pleins de vêtements quand je sors. N'oublies pas qu'on épie chacun de mes faits et gestes.

Il attrapait son téléphone et réussissait à aller sur la page internet sans se tromper. Il tapait son nom dans la barre de recherche et une quantité ahurissante d'articles apparaissaient.

— Si tu regardes les dates et heures, le plus récent date de y'a moins d'une heure.

Il pointait le titre écrit en japonais.

— Cet article parle de mon style vestimentaire durant le salon du livre. Il ne parle même pas de mon dernier livre, quel échec.

Elisa était restée sur l'article et essayait de déchiffrer les kanji en se concentrant au maximum.

Lui retirant le téléphone des mains, Erwin souriait.

— Pourquoi le Japon ? Pourquoi pas un pays francophone ou anglophone ?

Elle haussait les épaules.

— À quoi bon étudier dans un pays où je gère la langue ou l'écriture ? Autant apprendre quelque chose de nouveau.

— Et donc, pourquoi le Japon ?

Elle rougissait.

— Pour comprendre les animés sans les sous-titres.

Erwin se tapait le front de sa grande main alors que la jeune femme rougissait.

— C'est tellement cliché que ça ne m'étonne même pas.

Elle haussait les épaules.

— Si je te dis que je vis en France, à ton avis, d'où je viens exactement ?

— Paris ?

— C'est aussi cliché. Tous les français ne viennent pas de Paris.

Il humait son café.

— Alors, d'où viens-tu ?

Elle se levait de table.

— En vrai, on s'en moque puisque je ne compte pas y retourner de si tôt.

Elle se rendait au salon pour ranger le capharnaüm qu'ils avaient créé la veille.

Alors qu'elle était au salon, Erwin recevait un message ; c'était encore Marie. Il ouvrait le message, le lisait, ne répondait pas et le supprimait ; il ne devait pas retomber.

Pourtant, il fixait son téléphone en se demandant s'il ne devait pas tout simplement le jeter à la poubelle.

En le fixant de ses grands yeux, il sentait une vibration et refusait l'appel de ce numéro inconnu. Plusieurs fois, il refusait ce même numéro insistant. Et c'est quand Elisa arrivait dans la cuisine téléphone en main que le blond comprenait que le numéro qu'il refusait depuis avant était celui de Livaï. Le noiraud hurlait à plein poumons avant même qu'Erwin n'attrape le téléphone.

Quand la discussion se terminait, Erwin se levait pour se changer.

— Tu vas travailler un jour de repos ?

Elisa qui se tenait dans l'embrasure de la porte l'observait enfiler ses chaussettes.

— Il n'y a pas de repos pour les écrivains.

Il passait à côté d'elle en lui faisant signe de le suivre.

— Je vais te déposer chez toi au passage. En vrai, pas besoin pour toi de travailler aujourd'hui. Repose-toi et on rangera le dressing un autre jour.

Elle acceptait heureuse de ce jour de libre et ils sortaient de la maison quelques instants plus tard.