Chapitre 12 - Retard de seize ans

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Alors qu'elle faisait la vaisselle, Erwin s'occupait de préparer le thé. Comme d'après lui c'était tout un art, quand elle finissait la petite vaisselle, il était encore en préparation des différentes herbes séchées.

— Tu peux choisir le film ? J'ai presque terminé.

L'écoutant, elle se rendait au salon et remarquait le nouveau téléphone du blond.

— Tu arrives à utiliser ton portable ? Je suis contente que tu te sois enfin débarrassé de ton antiquité.

Elle entendait Erwin rire depuis la cuisine et soudainement, le téléphone sonnait. En totale panique, elle prévenait Erwin qui lui disait d'ouvrir même si le numéro n'était pas enregistré ; c'était sûrement Livaï.

Cependant, c'est la voix d'une femme qui répondait à Elisa. Se figeant, elle espérait que son interlocutrice comprenne l'anglais et ce fut le cas.

Se mettant en sourdine, Elisa appelait Erwin.

— C'est une amie à toi, une certaine Marie.

Elle finissait à peine sa phrase que le blond arrivait avec la théière en main.

— Tu peux la chauffer, je ne serais pas long.

Il prenait le téléphone des mains de la jeune femme et s'enfuyait vers sa chambre en claquant la porte derrière lui.

Surprise, la brune haussait les épaules en se rendant à la cuisine. Dans sa précipitation, Erwin avait fait tomber le bocal en verre plein d'herbes sèches.

Posant la théière sur la plaque, elle finissait par se pencher et ramassait les plus gros morceaux de verre à l'aide d'une balayette.

Des bruits de pas traînant se faisaient entendre et quand Erwin arrivait en se signalant, elle sursautait tout en se blessant légèrement la main ; elle le cachait au blond.

— Ça va ? Tu sembles bien pâle Erwin ?

Erwin posait son téléphone sur le comptoir de la cuisine.

— Ça va. Je crois que j'ai réussi à me mettre en mode avion. Tu peux juste vérifier ?

Elle jetait un coup d'œil sur l'écran et hochait la tête.

— C'était pour quoi à cette heure aussi tardive ?

Il était plus de vingt-deux heures passées.

— Rien à part un appel en retard de seize ans.

Il remarquait enfin les morceaux de verre au sol et se penchait.

— Je l'ai fait tomber dans la précipitation. Ce n'est pas à toi de ramasser.

Et pourtant, elle ne lui tendait pas la balayette.

— Tu peux ramener l'aspirateur ? Je peux m'occuper des gros morceaux.

Il revenait avec l'aspirateur et la trousse de secours.

— Lâche cette balayette au moins le temps d'arrêter ce saignement.

Il l'avait vu.

Elisa jetait les morceaux à la poubelle avant de se laver les mains et tendait la blessure vers Erwin.

— Ce n'est rien de bien grave. Ce n'est sûrement pas profond.

Après avoir séché la main de la jeune femme, il tamponnait et déposait une compresse de gaze stérile avant de faire tenir le tout avec du sparadrap médical.

— J'aurais dû faire médecine.

Il souriait sans quitter des yeux son œuvre alors qu'Elisa tournait sa main dans tous les sens.

— Tes patients seraient morts.

Et elle riait en tendant sa main dont le bandage bougeait déjà ; il n'avait pas osé serrer davantage.

Il ne l'écoutait plus et se penchait pour balayer la suite des morceaux de verre. De son côté, Elisa branchait l'aspirateur que le blond lui prenait des mains.

— C'est à moi d'aspirer les morceaux.

Se tenant en retrait, elle guidait le blond pour s'assurer qu'il ne restait plus aucun morceau au sol. Une fois terminé, elle débranchait le câble et attrapait l'aspirateur.

Alors qu'elle revenait en cuisine, Elisa remarquait qu'Erwin était assis devant l'îlot central les mains sur le crâne. Il avait la tête penchée en avant et semblait plongé dans ses pensées.

— Erwin ?

Il ne réagissait même pas quand la jeune femme l'appelait et c'est seulement quand elle posait sa main sur son épaule qu'il revenait à lui.

— Tu disais ?

Il fronçait les sourcils alors que voyant la tristesse dans le regard du blond, Elisa attrapait une de ses grandes mains.

— Le thé est prêt, je l'emmène au salon. Va déjà t'y asseoir, je te suis.

Chancelant et l'esprit ailleurs, il se rendait au salon en traînant les pieds.

Confuse de ce changement de comportement, Elisa se demandait si elle ne devait pas rentrer chez elle pour le laisser seule. Il avait peut-être besoin de son intimité pour songer. Mais voyant l'état du blond assis sur le tapis du salon tel un pantin détaché de ses fils, elle se résignait à rester et lui faire cracher le morceau.

— C'était qui ce coup de fil en retard de seize ans ?

Erwin levait les yeux vers Elisa en tentant un sourire.

— Un appel bien en retard.

S'asseyant en tailleur à côté du blond, Elisa servait le thé.

— J'ai tout mon temps. Et puis, si je pars après le dernier bus de la soirée, soit j'appelle un taxi, soit je pique une de tes chambres d'invités pour la nuit. Et il faudra que tu m'expliques un jour pourquoi tu as quatre chambres agencées pour accueillir plusieurs personnes.

— C'est une erreur de jeunesse.

— Les chambres ?

— Non, Marie.

Sentant le regard de la jeune femme posé sur lui, Erwin avait l'impression que son visage brûlait. Il se levait et retournait en cuisine. Là, il attrapait deux verres à pieds et revenait avec une bouteille de vin rouge.

Alors qu'il déposait le tout sur la table, il se retournait et revenait avec un pack de bières.

— J'en aurai besoin.

Comprenant que ce qu'il allait lui dire était d'une certaine manière insoutenable pour le blond, Elisa s'attachait les cheveux pour être entièrement à son écoute. Le blond quant à lui avait délaissé le thé que seule la jeune femme buvait et attaquait le vin rouge. Il faisait rouler son verre dans la main avant de l'apporter à sa bouche.

— Marie était ma première copine.

Et il se figeait noyé par les souvenirs.

Another book (Erwin Smith x OC) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant