Another book (Erwin Smith x OC)

Chapitre 38 - Verres de saké

Le lendemain midi, Erwin et Dilan se retrouvaient l'un en face de l'autre dans un petit restaurant en plein centre-ville. Le blond avait fait privatiser une petite salle juste pour eux deux et maintenant, le silence régnait dans la pièce.

Dilan le fixait des ses grands yeux sombres qui n'avaient rien à voir avec ceux chaleureux d'Elisa.

— J'aime sincèrement et profondément votre sœur.

Dilan arquait un sourcil en apportant à ses lèvres la cuillère pleine de soupe de miso.

— Et ?

— Et je ne veux pas qu'elle parte. Enfin, si c'est bien son choix de rester.

Le frère Aslan grimaçait en avalant la soupe et repoussait le bol.

— C'est assez spécial, disait-il.

Erwin tentait de garder un air calme, mais bouillait intérieurement. Même s'il avait passé une soirée mémorable, tout semblait s'envoler.

— C'est simple, elle rentre en France et vous faites comme si vous ne vous êtes jamais rencontrés. Elle continue sa vie là-bas et toi ici. Tout est bien qui finit bien. Et puis, ce n'est pas comme si en l'espace de...

Il comptait sur ses doigts.

— En l'espace de huit mois, bientôt neuf que votre amour est éternel. Une fois avoir posé son pied sur le sol français, elle t'aura vite oublié. Et avant même que l'avion ne décolle, tu auras une autre fille dans ton lit.

Il sortait de son sac un livre et le jetait sur la table.

— Je vois que tu es très populaire ici et puis, je suis sûr d'avoir déjà vu cette couverture de livre dans nos librairies françaises. Tu as donc dépassé les frontières de ton pays.

Erwin apportait à ses lèvres son verre de saké.

— Et que dois-je faire pour que tu acceptes de la laisser tranquille et qu'elle reste à mes côtés ? Si c'est l'argent, ce n'est pas le souci.

Dilan secouait son index et montrait son annulaire bagué.

— Non, c'est l'influence le plus important.

Erwin inspirait fortement en croisant les bras sur son torse.

Les deux hommes finissaient par débattre de longues minutes qui se transformaient en une longue heure. Pendant ce temps, Erwin remplissait le verre de saké que Dilan lui tendait.

À un moment, Dilan ne se sentait plus de rester le dos droit et s'avachissait sur la table en marmonnant des mots incompréhensibles. Erwin en profitait pour lui reposer la question :

— Que dois-je faire pour que tu acceptes de la laisser tranquille et qu'elle reste à mes côtés ?

Dilan levait les yeux sans arriver à les maintenir ouverts ; ils roulaient.

— Engrosse-là, épouse-là, kidnappe-là, j'en sais rien moi. Un truc qui fait que mes parents n'en veulent plus et qu'elle ne soit plus à mettre sur le marché du "bétail".

Il pointait sa propre bague.

— J'ai pas pu fuir, tu peux peut-être l'aider.

Le vrai Dilan sans la pression des parents sur le dos surgissait enfin et se permettait de conseiller le blond.

— Le plus simple serait qu'elle disparaisse, mais c'est bien impossible. Ils arriveront à la retrouver.

Le brun posait son pouce sous son menton :

— Si elle t'a laissé la toucher, peut-être l'engrosser ?

C'était la deuxième fois qu'il parlait de cette possibilité et la deuxième fois qu'Erwin manquait de s'étouffer. Malgré tout, il gardait un air neutre en sirotant son verre d'eau comme s'il s'agissait d'une tasse de thé. Il n'en revenait pas que le propre frère d'Elisa parle de la sorte dans son dos.

— Je ne compte pas faire cela.

— Alors, l'épouser ?

Erwin posait ses mains à plat sur la table et soufflait.

— C'est une idée, mais il nous faut en parler. C'est trop précipité.

Dilan haussait les épaules en posant sa tête sur le dossier de sa chaise.

— Ce n'est jamais assez précipité quand il s'agit d'amour. Ne laisse pas passer ta chance.

Et le brun se levait de la table en titubant pour finir par s'éffondre au sol sans qu'Erwin n'ait le temps de réagir.

Dans sa voiture, Erwin priait silencieusement pour que le frère Aslan ne vomisse pas dans son intérieur en cuir beige. Il avait juste eu envie d'envoyer Dilan dans un taxi, mais sa conscience l'avait malheureusement freiné.

Une main sur le volant et l'autre tenant son téléphone à son oreille, Erwin attendait patiemment qu'Elisa ne réponde et se rendait compte qu'elle devait être en cours. Il lui laissait un message quand il se trouvait au feu rouge.

Jetant un coup d'œil sur un Dilan endormi, Erwin se pinçait les lèvres ; il n'arrêtait pas de penser à sa suggestion.

En fin d'après-midi, adossé contre sa voiture et une cigarette en bouche, Erwin attendait Elisa à sa sortie des cours. Elle n'avait pas eu le temps de le rappeler et le blond ne pouvait rester ainsi sans réponse.

Quand elle remarquait la présence d'Erwin, Elisa s'approchait de lui en fronçant les sourcils.

— C'était quoi ce message ?

Elle pointait son téléphone face à Erwin et penchait la tête.

— Tu ne m'as pas répondu.

— Que dois-je répondre ?

— Oui. Puis m'embrasser en choisissant déjà le nom de notre chien et de quelle couleur tu veux notre chambre à coucher.

Elisa s'approchait d'Erwin les mains sur les hanches.

— Pas de bouquet, pas de bague ?

Le blond souriait avant d'ouvrir la portière. Il tendait à la jeune femme un bouquet et ancrait son regard bleuté dans celui sombre de la jeune femme.

— Je pense que tu souhaites me voir un genou à terre ?

Elle secouait la tête de manière négative :

— Non, j'aurai l'impression que tu me supplies d'accepter. Rentrons d'abord.

Mais avant, elle attrapait le bouquet, se mettait sur la pointe des pieds et embrassait la joue du blond.

— Je pense que nous avons sérieusement besoin de parler de ton restaurant avec mon frère et comment tu en es arrivé là ?

Le blond démarrait la voiture en croisant sa main à celle d'Elisa.

— Mon frère t'a forcé ?

Elle se tournait vers lui :

— Ou c'est à cause de hier soir ?! Tu n'as pas à te forcer pour si peu ! C'était parfait, mais tu ne me dois rien.

Erwin riait en tirant la main de la jeune femme à ses lèvres.

— Non, ton frère m'a juste fait réfléchir et aussi fait comprendre qu'on ne sait pas ce qui peut se passer demain. Donc, je ne compte pas perdre mon temps et je veux passer ma vie avec toi à mes côtés.

— C'est pour ça le sms ?

— Oui. Je te repose la question mais cette fois en face, veux-tu m'épouser ?