Anbus sous haute tension (itasaku)

24. Juste une pichenette

Ce matin-là, Sakura Haruno s'était réveillée nue dans des draps froids. Elle ne reconnut pas l'endroit dans un premier temps et fut perdue dans l'espace et dans le temps. Puis les souvenirs de la nuit lui revinrent en mémoire et elle se mit à rougir des bribes qui lui traversaient l'esprit : les baisers d'Itachi, ses caresses, sa manière de lui faire l'amour, ses mots, la tendresse de ses bras dans lesquels elle s'était endormie.

Son premier réflexe fut de regarder sur sa droite pour s'apercevoir avec un curieux soulagement qu'il n'était pas là. N'importe quelle femme se serait offusquée d'une fuite de son amant au petit matin, mais au vu de la situation et de la complexité qui allait s'en suivre, Sakura en était heureuse. Elle savait Itachi assez intelligent pour l'avoir compris et s'être éclipsé volontairement pour ne pas ajouter une tension qui était déjà bien trop présente.

La jeune femme avait alors pris le temps de se lever et de se préparer en essayant autant que possible d'évacuer de son esprit les images qu'il repassait en boucle. Elle finit par accepter qu'elle n'y arriverait pas et que la seule manière de résoudre le problème était de travailler. Le travail avait toujours été son échappatoire et cette fois-ci n'allait pas déroger à la règle, alors elle s'était assise dans le canapé avec un thé et avait terminé de lire l'ordre de mission, s'étonnant de réussir à faire la part des choses entre le Itachi qui était concerné par la mission qui l'attendait et celui qu'elle avait découvert la nuit dernière. Car, de toute évidence, il s'agissait de deux personnes différentes.

Ce fut à la tombée du jour que le président de l'Anbu refit surface, la qualifiant d'un bonjour presque amical et d'un ordre bien précis qui consistait à rentrer à Konoha un peu plus tôt que prévu. Il était prudent et sage sans laisser transparaitre une once de regret. Sakura savait qu'il ne regrettait rien, tout comme elle, mais ils savaient tous deux que le plaisir n'allait pas de pair avec la sagesse et qu'ils s'étaient ainsi mis dans une drôle de situation qu'il ne servait à rien d'empirer, alors sans un mot sur leur dérapage, ils firent leurs affaires et prirent ensemble la direction du village.

Le trajet retour fut similaire à celui de l'aller même si le silence était un peu moins présent. Ils avaient échangé leur avis sur l'annonce de leur rapprochement aux autres, Sakura penchant pour une approche douce alors qu'Itachi lui préférait la brutale. Finalement, ils décidèrent de couper la poire en deux et d'agir chacun comme ils l'auraient fait en fonction de leur propre personnalité. Sakura essayerait de protéger son amitié avec Naruto et Sasuke tandis qu'Itachi se ficherait bien des qu'en dira-t-on en affichant sa relation sans toutefois être trop démonstratif pour ne pas contraster avec son comportement connu habituel.

Ils finirent par arriver devant les portes du village, puis aux portes du domaine des Anbus. La tension était palpable, et bien que différente de celle qui les animait la veille, elle était tout aussi intense. Les deux adultes avaient conscience que leur mission était double ; tout d'abord ils devaient être capables de faire semblant. Puis, à cause de leur troublant rapprochement, ils devaient maintenant faire semblant de faire semblant.

Sakura tourna la tête vers son supérieur et attendit qu'il avance pour le suivre mais fut surprise par son immobilité. Sharingan activé, il fixait avec attention les fenêtres allumées du bâtiment à travers lesquelles des silhouettes s'activaient.

Dans le réfectoire du centre d'entrainement, quatre hommes riaient de bon cœur –enfin trois, voire plutôt deux. Voilà bientôt deux jours que Shisui et Obito faisaient vivre un enfer aux deux nouvelles recrues, que cela soit à cause de l'entrainement intensif qu'ils s'subissaient ou des insinuations douteuses sur l'intérêt que porterait Itachi à Sakura.

Sasuke n'était pas naïf, il savait que les deux abrutis en face de lui aimaient jouer de sa patience, relatant avec un réalisme presque surprenant tous les pires scénarios possibles entre son frère détesté et sa meilleure amie. Même s'il avait gardé son calme sachant que c'était tout bonnement impossible qu'il y ait un quelconque rapprochement entre eux, Sasuke ne supportait plus d'avoir ce genre d'images dans la tête, au point de souhaiter la mort aux deux idiots qui déblatéraient sans cesse.