Anbus sous haute tension (itasaku)

26. Triptyque

Le mois de Décembre était déjà bien étamé quand la neige décida de pointer le bout de son nez. Le cauchemar de l'Anbu avait commencé depuis plus de 3 mois et Sakura Haruno ne s'était toujours réveillée. Prendrait-il fin un jour ?

Cela faisait plus de cinq jours que l'incident s'était passé, l'incident même où Sasuke, son ami, avait décidé d'essayer de la tuer avant de se faire laminer le système nerveux par nul autre que son grand frère détesté. Depuis la jeune femme n'avait eu aucune nouvelle du cadet, elle ne l'avait pas croisé, ne l'avait pas vu sourire, ni même l'insulter.

Il s'était rabaissé à son statut d'Anbu et, sous les conseils précieux de Shisui, avait fait l'effort incroyable de considérer son frère comme son supérieur en laissant couler tout ce qu'il y avait autour. En fin de compte, Sasuke s'était mis dans sa bulle, effaçant volontairement de son esprit toutes les personnes qui pourraient lui causer un trouble. Sakura n'était qu'une coéquipière inintéressante et Itachi un supérieur autoritaire à qui l'on doit le respect si l'on ne veut pas se retrouver avec des missions minables.

Finalement, Sakura aurait encore préféré qu'il l'insulte. Elle aurait au moins eu l'impression d'exister.

De l'autre côté, son grand frère s'était fait très présent, mission oblige. Les promenades au village étaient quasi quotidiennes, les sourires amoureux étaient les pires. Elle était devenue la nouvelle coqueluche de Konoha, celle qui avait réussi à ravir le cœur froid de l'indomptable héritier Uchiwa.

Grande prêtresse aux yeux des plus sages, salopes aux yeux des jalouses.

Peu importe, elles avaient toutes tort. Elle n'avait rien ravi du tout, si tant est qu'il y ait quelque chose à ravir ressemblant à un cœur chez Itachi. Après tout, il avait volontairement fait du mal à son petit frère, quel être humain ferait cela ?

Sakura n'avait pas de chance. Elle ne pouvait pas faire avec Itachi ce que Sasuke faisait avec elle. L'ignorer était compliqué quand la mission consistait à se reprocher amoureusement de l'homme. Alors elle avait fini par accepter quand il lui prenait publiquement la main où quand il lui susurrait des mots doux à l'oreille, même si ceux-ci n'étaient que des phrases sans queue ni tête pour faire bonne figure ou des ordres déguisés du style « souriez » ou encore « posez votre tête sur mon épaule. »

Et tout le monde trouvait cela mignon. Ils disaient que le couple était un don du ciel et que jamais Itachi n'aurait pu trouver femme plus douce, ni Sakura homme plus protecteur que le protecteur de la nation. Quelle bande d'idiots.

Ce jour-là n'échappa pas aux autres. Le couple idyllique rentra à l'Anbu en fin d'après-midi, avec la nuit. Itachi raccompagna la jeune femme jusqu'à son appartement sans lâcher sa main pour ne éveiller aucun soupçon auprès de ses coéquipiers. Puis il s'arrêta devant sa porte et attendit qu'elle l'ouvre, restant sur le palier.

Cette fois-ci, Itachi ne la laissa pas lui offrir de baiser sur la joue pour lui souhaiter une bonne soirée. A vrai dire il ne souhaitait pas la voir faire cette affreuse grimace de dégout à chaque fois qu'elle créait un contact avec lui, sa fierté en prenait un coup et, aussi loin qu'il s'en souvienne, elle n'avait pas toujours été dégoutée par sa présence. Bien au contraire.

Décidé à ne pas laisser passer l'occasion de mettre les choses au clair, Itachi bloqua la porte avec son coude et pénétra dans l'appartement de la jeune femme, impassible face à son incrédulité.

« J'aimerai que mes soirées m'appartiennent. » Siffla-t-elle, croisant ses bras sur son torse, clairement énervée contre l'homme qui s'était invité.