Quelle journée affreuse ! Nous sommes rentrés à l'hôtel de ville pour recevoir les soins nécessaires. Mais mon état est bien moins critique que celui de la fée.
Les elfes ont fait le nécessaire pour refermer les plaies dans le dos. Malheureusement ça ne rendra pas les ailes de mon pauvre ami.
Toute la nuit, j'ai entendu Alças pleurer à côté de moi. Je doute que ce soit uniquement à cause de la douleur...
Il était tellement attaché à ses ailes, bien que ces dernières lui aient été inutiles toute sa triste vie. Je ne sais pas comment le réconforter. Rien que de voir ses mains chercher ses membranes disparues dans son dos me provoque énormément de peine. Pauvre Alças...
Au matin, Djax frappe à notre porte. Je me lève pour lui ouvrir pendant que mon ami reste sous les draps.
— Alors, comment va Alças ?
— Il n'est pas vraiment d'humeur à parler...
Le nain jette un regard sur l'alchimiste, recroquevillé dans ses draps.
— Je sais que ça ne réparera pas la casse, ajoute le bourgmestre, mais j'ai réussi à obtenir du souffre d'Almat pour vous. Vous ne rentrerez pas les mains vides.
— Les elfes ont assuré qu'il valait mieux qu'Alças reste au lit encore quelques semaines...
— Restez autant de temps que vous le souhaitez !
Djax s'avance vers la couche et tapote l'épaule de la fée :
— J'enverrai un rapport au prince Morgal dès son retour d'Arminassë. Je compte sur lui pour allier nos forces et évincer cette maudite secte. Vanh Doublatch doit payer.
Alças hausse les épaules sans répondre.
— En attendant, vous serez logés comme ma famille. Je veux bien que les elfes restent dans leurs appartements. La crise diplomatique menace assez les Forges de Baarl.
Comme il n'obtient aucun mot de son ami, le nain tourne les talons et s'apprête à sortir de la chambre. Avant de disparaitre, il me fait signe de le suivre dans le couloir pour me parler.
— Je ne vous garantis pas de rentrer en sa compagnie, la gnome, déclare-t-il sombrement.
— Pourquoi ? Les elfes ont assuré qu'il s'en sortirait.
— Les blessures sont soignables mais pas l'esprit. Ses jours sont comptés avant qu'il ne se supprime lui-même. La vie lui est insupportable, sans ses ailes.
— Une reconstitution valique est impossible ?
— Je crains que oui. Recréer des membres perdus, ça s'est toujours fait sous condition de plusieurs années et de mages expérimentés. Mais là, il s'agit d'ailes de fée. Ce n'est pas pour rien que les Gardiens de la Justice les ont arrachées ; la composition est particulière, extrêmement rare.
Je baisse la tête, attristée de cette nouvelle. J'avais un peu d'espoir... Maudite secte !
Mais aussitôt, l'image de Ràva me vient en tête, avec sa longue chevelure rouge, similaire à une cascade de sang. Cette Affamée pourrait supprimer le Vala de races entières ! Aidés de la science, les gnomes pourraient ensuite changer leur sort. Si tentés qu'ils le veuillent... Mes congénères se complaisent dans l'esclavage. Ils aiment être soumis. La liberté les effraie. Qu'importe, j'agirai.
Les jours ont passé et Alças s'est lentement remis de sa blessure. Il déambule tristement dans la chambre comme une âme en peine. Ses vêtements entaillés dans le dos pour faire passer les ailes lui rappellent continuellement la perte de ces dernières.
VOUS LISEZ
Journal d'une Soubrette en Goguette
FantasiaÉlevée par sa mère sur l'île des sirènes, Püpe est bercée depuis sa naissance par la mélodie sulfureuse d'un environnement consumériste et décadent. Bien qu'elle appartienne à la race la moins crédible de toute la Dimension, la jeune gnome refuse d...