Chapitre 19

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Ce matin, je descends jusqu'aux cuisines pour avaler un bon petit déjeuner. J'ai l'estomac dans les talons ! Mais je suis d'excellente humeur : il fait un temps radieux et la vue de tout ce ciel bleu me ravit. Ça m'a permis de mieux observer les façades du palais. Je suis éblouie par une telle beauté. La pierre est noire mais d'une manière inexplicable, le château resplendit de mille feux. Hâte de découvrir l'intérieur et tout son luxe.

Je traverse le corridor du dortoir, le visage illuminé. Les filles gnomes que je croise fronce les sourcils devant ma tenue peu adaptée. Haha, je ne viens pas des mêmes quartiers qu'elles.

Mais le visage rubicond de Dame Lina apparait brusquement dans mon champ de vision :

— Püpe, qu'est-ce que c'est que cette tenue ?

— L'uniforme ?

— Je vois vos bas jusqu'au porte jarretelle. Les talons sont proscrits et les bijoux aussi.

— Ce sont mes porte-bonheurs.

— La jupe est trop courte, votre culotte se verra dès que vous aurez à vous pencher.

— Oh, mais je n'en porte pas, soyez rassurée.

Elle tire la tête.

— Je plaisante, Madame.

— J'ignorais embaucher une gourgandine, râle-t-elle.

— Je ne fais pas payer mes compagnons, Madame.

— Assez ! Disparais ! Et tâche de refermer les boutons de ta chemise !

Pourquoi les cacher ? Ils se sentent très bien comme ça. Pauvre majordome, je vais lui en faire baver, haha. Bon, c'est parti pour trouver le réfectoire.

II se trouve dans les étages du bas. Encore monter et descendre des marches ! Il faudrait inventer une machine pour nous simplifier la tâche !

J'arrive dans la vaste salle basse de plafond et m'avance d'une foulée sûre. J'aperçois Binarvivox, s'entretenant avec un cuisinier chauve. Parfait, commençons à mettre mon plan à exécution.

Comme partout ailleurs, les domestiques d'ici sont composés essentiellement de gnomes. J'aime ce petit côté identitaire mais je crains que tous ne soient lobotomisés par la propagande elfique.

Bref, je rejoins le gnome et l'interpelle :

— Binarvivox, commencé-je d'un air affable, je voulais vous remercier pour hier. Sans vous, je serais toujours sur ce chemin à chercher ma route.

Ses yeux sont alors comme captés par ma présence. Haha, je crois que j'ai fait mouche. Il a l'air très intrigué par mes bas-résilles et ma jupette.

— Mais ce n'est rien Püpe. Si je peux vous être utile.

Mouai, tu vas vite t'en enorgueillir, hein ? Rien que voir ton regard se balader sur mon corps en dit long sur la profondeur du personnage. Il ne me voit que comme de la victuaille si j'en juge son égarement dans mes nichons. Ses oreilles papillonnent alors qu'il se mord inconsciemment la lèvre.

— Eh bien oui, justement, assuré-je en réajustant ma coiffe noire qui refuse de tenir, je suis un peu perdue.

— C'est normal pour un début, tente-t-il d'articuler, l'entretien avec Lina s'est bien passé ?

Je hausse les épaules :

— Rien d'extraordinaire. Elle m'a fait une réflexion sur mon uniforme, ce matin.

Il se retient de glousser un « tu m'étonnes ! ». En tout cas, je semble lui plaire, à ce je vois ! Ce pauvre gnome est carrément en chien, sans doute à cause des restrictions de Lina. Il sera fort aisé à séduire et à retourner. Par contre, ses œillades perverses commencent à me gêner. Je m'éclaircis la gorge pour le sortir de sa contemplation mammaire. Il rougit devant mon regard fâché et m'adresse un sourire forcé avant de rejoindre ses amis.

Journal d'une Soubrette en GoguetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant