Prologue

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Cette petite salle aux murs couleur sable me semblait trop étroite, étouffante.
Les quatres murs autour de moi me donnaient l’impression de se rapprocher petit à petit les uns des autres. L’oxygène me manquait de plus en plus et mes poumons ne cessaient de redemander de l’air.

Installée sur le gros canapé vert qui prenait autant de place que la table basse disposée en face de lui, mes doigts ne cessaient de tapoter mes genoux tout comme mes pieds sur le sol.

Étant donné l’heure plutôt tardive, l’établissement aurait dû être vide, et par conséquent silencieux, mais au contraire, de lourdes voix s’élevaient de derrière les murs, seuls protecteurs qui me restaient.

J’étais seule et pourtant, les nombreuses voix dans ma tête faisaient trop de bruit pour que je puisse me concentrer. Mais le pire était les cris de mon frère, qui semblait aussi haineux que malheureux.

Y penser contractait de nouveau mon estomac et une montée d’acide arriva dans ma gorge, manquant de me faire vomir.

Je fermai mes yeux, comme dans l’espoir de faire disparaître tout ce qui se trouvait autour de moi. Que cela ne soit plus qu’un très mauvais cauchemar.

Les voix se faisaient plus fortes et plus violentes. Je ne pus empêcher mon gémissement de douleur de sortir d’entre mes lèvres.

J’étouffais.

Mais alors que leurs voix résonnaient dans ma boite crânienne comme un écho dans une grotte, deux douces mains se posèrent sur mes oreilles, faisant taire ces démons.

Deux petits bouts de plastiques furent insérés dans mes oreilles et “Come as you are” de Nirvana résonna dans ma tête.

La personne vint alors m’étreindre, m'enveloppant dans un cocon de chaleur. Je me sentais en sécurité.
Je laissai une larme s’écouler avant de relever la tête. Ma meilleure amie, Kyoka, me serrait de toutes ses forces comme si elle avait peur que je parte. Elle me relâcha légèrement et je pu voir ses sourcils froncés et ses lèvres pincées.

_ Je ne sais pas qui il est, chuchota-t-elle, ni qu’est ce qu’il a fait, mais ce que je suis sûre de savoir c’est que je ne veux pas que tu partes avec lui.

Je tentais un rire qui sortit plutôt comme un sanglot et essayai de dire ironiquement :

_ Bah alors KyoKyo, tu n’es pas très calin d’habitude. C’est ton amour pour Denki qui te ramollit.

Elle sourit doucement mais je pouvais toujours voir de ses beaux yeux violets sombres, une peine profonde.

_ Ils sont toujours dans la salle à côté ? demandai-je après avoir soufflé tout l’air de mes poumons.

_ Oui, affirma-t-elle en tournant la tête vers la porte.

A côté de la petite salle de repos dans laquelle nous nous trouvions,  était située la salle de conférence de Yuei, et dans celle-ci, deux hommes dont les veines renfermaient le même sang que le mien. Accompagnant mon paternel et mon frère, Aizawa tentaient certainement de les empêcher de s’entretuer.

Je soufflais de nouveau avant d’enlever les écouteurs de Kyoka, de les lui rendre et de me lever.

_ Je dois y aller, affirmai-je.

_ Sakura…

_ Non, il le faut. Il a affirmé avoir ma garde, pourtant cela fait des années que c’est Keigo qui l’a. Je dois être au courant.

Elle posa sa main sur mon avant-bras, planta son regard mauve dans le mien doré, et me chuchota :

_ D’accord, mais devant la porte, dès que ça dégénère, tu sors et on se barre.

J’hochai la tête et nous sortîmes dans le couloir vide de notre lycée. Devant la porte, j’entendais clairement la voix bien trop forte de l’homme qui aurait dû m’élever. N’attendant pas plus longtemps, j’abaissai la poignée et pénétrai dans la salle.

Mon frère et mon père se faisaient face, comme essayant d’être plus imposant que l’autre.

Aizawa, derrière eux, était appuyé contre le mur, les bras croisés et les sourcils froncés.

_ Sakura, s’exclamèrent les deux blonds en se tournant vers moi.

Je pu alors détailler un peu plus mon paternel. C’était de lui que nous tenions la couleur de notre chevelure mais ses prunelles noires s’opposaient aux nôtres. Il portait la barbe coupée à ras et ses dents jaunis me firent penser qu’il fumait.

Il était plutôt grand mais pas bien large, tout de même les nombreuses cicatrices couvrant son visage témoignaient de ses nombreux combats.

Ignorant les deux, je m’avançai jusqu’à mon professeur et lui demandai un résumé de la situation .

_ Ton père a obtenu ta garde en disant au conseil que ton frère, étant un héros, ne pouvait pas s’occuper de toi. Il veut que tu retournes habiter chez lui.

_ Je suis totalement contre, clama mon frère.

_ Mais je ne t’ai pas demandé ton avis ! répondit mon père.

_ Kenzo, dis-je en grimaçant, Keigo s’occupe très bien de moi et…

_ Appelles moi papa, voyons, me coupa-t-il.

_ Non, il n’y a pas de “papa” qui tienne. Un vrai père aurait été là pour mon éducation. Un vrai père aurait soutenu ma mère pour mon élevage. Un vrai père n’aurait pas battu son fils ! Donc non, je ne t’appellerais pas comme cela et je ne te considère pas comme tel. Je ne partirais pas avec toi. Je fais mes études ici et je deviendrai une héroïne. C’est ici ma maison et que tu ai ma garde ou non m’importe peu. C’est mon frère qu a toujours été là, et ça depuis ma naissance. Il est légitime que je reste avec lui.

Le visage de mon paternel tourna soudainement au rouge mais je ne le laissa pas parler et sortit rapidement de la pièce, ne voulant pas en entendre plus.

Je claquai la porte derrière moi pour trouver Kyoka devant moi.

_ Très beau discours, me confia-t-elle en souriant.

Je lui souris à mon tour et nous partîmes toutes deux en direction de l’internat.

Lorsque j’ouvris la porte d’entrée un troupeau de buffle me fonça dessus. Les questions de mes camarades s’enchainaient et se mélangeaient. Je voyais flou et les oreilles sifflaient.
Mais soudain une forte poigne me tira de là et m'emporta plus loin. Izuku fonçait vers sa chambre, toujours en me tenant.

J'entendais au loin les explosions d'un Katsuki certainement pas content.
Enfin Zuku referma la porte derrière nous et la ferma à clé.

_ Il est revenu ? Me demanda-t-il.

Il suffit que j'hoche la tête pour qu'il me prenne dans ses bras.
Izuku était la seule personne qui savait. Il savait qu'il avait battu Keigo, qu'il nous avait abandonné mais surtout que c'était l'un des plus grands criminels du Japon.

Hawk(s) Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant