Chapitre 20

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Notre petite troupe au complet trottina jusqu'au bus, moi, la main dans celle d'Izuku. Les conversations allaient de bon train et l'excitation se faisait ressentir. Après tout ce qui s'était passé une semaine de "stage", comme le disait Aizawa, était juste le moyen le plus simple de souffler, respirer de nouveau. Nous savions tous que nous allions baver avec les exercices de notre professeur, mais nous étions au complet. Et puis changer de paysage faisait toujours du bien !

Depuis que j'étais revenue, je ne cessais de me dire que rien ne serait comme avant. Ce que j'avais vécu là bas était un traumatisme, une blessure encore bien ouverte qui allait laisser une cicatrice. Mais "tout ce qui ne tue pas rend plus fort", c'était ma devise et je comptais bien me la rappeler tous les jours.

Ce qui m'affligeais le plus était l'état de mes amis. Ils ne me disaient rien à part quelques "tu nous as manqué" lancés de temps en temps. Pourtant je ne pouvais pas éviter leurs regards.
Les yeux disent les choses que la parole ne peut pas transmettre.

Ils avaient peur.

Peur que je m'efface encore une fois. Peur qu'un petit matin, je ne sois pas présente au petit déjeuner. Peur que je disparaisse sans un mot, comme je l'avais involontairement fait plus tôt.

Ils vivaient dans la peur constante que l'on m'arrache à eux.

Je le voyais aussi de par leurs actions.

Katsuki refusait catégoriquement de dormir sans moi. Kirishima m'avait fait la confidence que pendant ma captivité, lorsqu'il se levait le matin, le blond était toujours assis sur les marches du perron.

"Je l'attends là, au cas où elle rentrerait cette nuit".

Il sembait bien plus blessé que n'importe qui d'autres. Il ne criait plus, se fichait de tout sauf de moi. Je savais que c'était passager, mais je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter. Il me disait toujours que ça allait, qu'il était costaud mais je voyais bien son regard inquiet, tous les matins. 

Kyoka, elle, refusait les dates que lui proposait son copain. Elle ne voulait pas être trop loin de moi. Aller en ville reviendrait à être trop loin pour agir si quelque chose m'arrivait.

Izuku, lui, avait bien changé. Je voyais dans son regard une noirceur que jamais je n'aurais pu imaginer dans son vert clair. Il semblait avoir vécu des choses bien pire que ce que j'avais pu endurer là bas.

Le reste de la classe était plus en retrait mais je voyais qu'ils s'inquiétaient tous. L'enlèvement de l'un des leurs étaient effrayant. Tous redoutaient certainement de se voir à leur tour enlevés. 

Je ne savais pas ce qui me faisait le plus mal : souffrir ou les voir souffrir.

Alors je gardais la tête haute, je ne montrais pas mes faiblesses. Je retenais mes larmes et souriais. Ainsi, ils pouvaient respirer.

Pourtant les cauchemars ne cessaient pas, ils me hantaient. J'avais toujours peur de me réveiller de nouveau dans cette chambre qui n'était pas la mienne. Je n'avais réussi à raconter ce qui s'était passé à personne, hormis devant la police. C'était la seule fois où je m'étais exprimée, et la dernière. 


_ Kira ?

La voix de mon meilleur ami me tira de mes songes et je tombai dans son regard inquiet.

_ Tu es ailleurs, me fit-il remarquer en souriant pour cacher son inquiétude. 

_ Je suis désolée, soufflai-je en passant ma main sur mes yeux. J'ai peu dormi. On y va ?

Je déposai mes bagages et montai dans le bus.

_ Comme je vous l'ai déjà dit, nous indiqua Aizawa. Nous avons un peu moins de trois heures de route. Profitez-en pour finir votre nuit et me laissez la paix.

Je souris et posai ma tête sur l'épaule de Zuku, bien décidée à suivre les indications de notre professeur. Peu à peu, bercée par les vrombissements du moteur, je plongeais dans le sommeil.



_ Kira, on est arrivés.

Je papilloneai des yeux et découvrais le reste de la classe en train de descendre du bus. Encore sous l'emprise du sommeil, je suivis Izuku à l'exterieur et le laissai prendre ma valise. Kyoka s'approcha de moi et me frotta les cheveux en rigolant.

_ Tu fais la même tête que Denki, dit-elle.

Ce dernier laissait sa tête reposer sur l'épaule de sa petite amie et regardait dans le vide. Je fis de même de l'autre côté.

_ C'est lui.

Quelques chuchotements me firent ouvrir les yeux et je tombai mon professeur face à nous.

_ Bon, il me semble que vous en avez tous entendus parler, clama-t-il. Un nouvel élève va intégrer la 1-A. J'espère que vous accueillerez tous avec sympathie malgré son retard.

La réplique de mon professeur me fit me redresser d'un coup.

_ Haru ? chuchotai-je pour moi-même.

_ Puisqu'il est approximativement remis de ses blessures, ils nous accompagnera afin de faire connaissance avec nos règles et l'ensemble de la classe.

Je m'avançais hésitante et découvrais mon ami derrière le professeur. Son regard glissait sur la classe comme s'il cherchait quelque chose.

_ Haru ! hurlai-je en m'élançant vers lui.

Son regard capta le mien et s'illumina. Il me rattrapa in extremis dans ses bras et me serra contre lui. Il sentait l'hôpital et le shampoing. Je voulus m'éloigner de lui pour constater ses blessures mais il me maintient contre lui.

_ Je savais que tu n'avais rien mais...


Sa voix s'enroua à la fin de sa phrase mais je compris. Il avait eu peur. Quand on fait partie de la mafia, même dans le lieu le plus sécurisé du monde, on est en danger. Il avait dû se sentir tellement seul ces derniers jours.

_ Je suis désolée, reniflai-je. On m'a interdit de venir te voir.

_ Je sais, chuchota-t-il en me frottant les cheveux. Ils voulaient voir si j'étais apte à entrer à Yuei. Je ne t'en veux pas.

Un raclement de gorge me fit sursauter et m'éloigner d'Haru. En me tournant je tombais dans le regard flamboyant de Kats qui semblait vouloir égorger quelqu'un.

_ Tu dois être Haru, intervint Kirishima en se plaçant devant le blond. Bienvenue parmi nous !

Mon ami reprit contenance et hocha la tête pour le remercier. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse ami-ami avec les autres mais je savais qu'il allait en apprendre plus grâce à ma classe. Il n'était plus seul.

_ Bon, les mioches, gronda Aizawa. Le bâteau finira par partir sans nous. On embarque tout de suite.

J'attrapai ma valise, la main d'Haru, mon frère, et celle de Kats, mon copain pour me diriger vers notre embarcation, le sourire aux lèvres. Nous nous installâmes sur un des bancs rouge du véhicule et je tapotai des mains, excitée. 

_ Ca fait si longtemps que je n'ai pas pris le bâteau ! m'extasiai-je. 

Le son du moteur englouti ma voix et nous quittâmes enfin le port. J'étais si bien ici, ma famille était enfin réunie. 



Chapitre très très courts, mais c'est une reprise ! Je recommence enfin cette histoire ! J'ai vu tous vos commentaires et ça m'a fait tellement chaud au coeur que je me suis dis : " je ne peux pas les laisser sur une œuvre inachevée". Je me doute que plus grand monde n'attends la suite, mais la voici tout de même. Je promets de faire de mon mieux pour la continuer, et la finir !


La suite arrive demain ! Promis !

Hawk(s) Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant