4 : Scénario hollywoodien

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Je claque la porte de mon appartement, après m'être enquis que Zihao ait bien pris toutes ses affaires. C'est incroyable, je deviendrais presque comme ma mère. Alors qu'en plus, il était prêt avant moi et m'attendait au pied de la porte.

Copenhague quitte progressivement le calme de la nuit, et j'apprécie cela. Quelques gazouillis d'oiseaux, des enfants qui marchent sagement vers l'école, des vélos par centaines qui traversent les rues piétonnes. Mon appartement suppose de marcher un bon kilomètre pour atteindre le Centre, mais finalement, ça permet de se réveiller un peu avant d'attaquer la journée.

— ­­Après, si jamais à l'avenir tu préfères prendre ton petit-déjeuner au Centre, tu n'hésites pas, informé-je Zihao alors qu'il marche à côté de moi.

— Non mais si tu dis ça par rapport au thé, je te jure qu'il était très bien.

J'éclate de rire. Zihao me fait un peu changer mes habitudes. C'est-à-dire que ce matin, quand je lui ai demandé ce qu'il voulait boire et qu'il m'a demandé un thé, je me suis senti un peu con. Je n'ai qu'une vieille boîte de thé que je n'utilise que lorsque Freya et Ulrick me rendent visite. Je ne sais même pas s'il est bon. Pour ma part, je reste avec mon lait chocolaté chaque matin et ce depuis plus de vingt ans. Ce qui a amusé Zihao.

— ­Promis, j'achèterai d'autres sachets. Je te disais ça juste parce que je ne veux pas t'imposer mon rythme de vie. Je ne vais jamais prendre mon petit-déjeuner avec les autres parce que j'ai du mal à émerger le matin.

Je pense qu'il avait compris sans que je lui précise. Le problème, c'est que je ne m'endors jamais tôt le soir, au final, les matins tirent. Oui, pour un sportif, mon hygiène de vie ne casse pas trois pattes à un canard. Du coup, ce matin, comme beaucoup d'autres, je sais que j'arriverai avec dix minutes de retard au Centre. Ce qui doit stresser Zihao qui regarde frénétiquement sa montre.

— T'inquiète, Katrina a l'habitude, l'informé-je. Même elle vient en retard. Tant que l'on n'a pas rendez-vous avec Ulrick, tout le monde cautionne le retard. Avec lui, en revanche, il faut être là cinq minutes à l'avance, sinon, on n'est officiellement plus à l'heure. Il est psychorigide avec ça. C'est flippant.

— Ulrick, c'est le grand brun qui fait du patinage en couple ?

— Oui, c'est ça. Il est avec Freya, la blonde aux très longs cheveux.

— Celle qui était ton ancienne partenaire ?

— Comment tu sais ça, toi ?

Je me tourne vers Zihao, et je crois qu'il m'adresse son premier rictus moqueur. Je suis heureux de le voir peu à peu prendre ses aises ici. Je veux que son séjour, peu importe la raison ou la durée, se passe bien.

— Tu ne te renseignes pas sur tes concurrents, toi ? me demande-t-il.

— Si, j'ai d'ailleurs appris que Zihao Qián est l'étoile montante du patinage en Chine. Huit heures d'entraînement par jour, six jours sur sept ? Tu tiens à la mort ?

Il secoue la tête, je crois que je l'amuse quand même.

— C'était comme ça en Chine.

— Je sais, c'est pour ça que vous êtes autant imbattables. Tu vas déchanter quand tu vas découvrir mon rythme.

— Déjà, tu t'es levé tard ce matin, me fait remarquer mon colocataire. Et tu t'es couché tard.

— Je sais, je sais. D'ailleurs, je ne t'ai pas dérangé ? Quand je suis revenu du taxi, tu étais au lit, non ?

— T'inquiète, je ne t'ai pas trop entendu.

— Pas trop ?

— Tu as échappé la bouteille de shampoing dans la douche, non ?

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