3 : Colocataires et venue indésirable

620 83 95
                                    

Je tourne la clé dans la porte de mon appartement, avant de m'écrier :

— Tadaa !

Zihao ne dit rien tout d'abord, mais garde la bouche ouverte de stupéfaction.

— C'est très beau, chez toi. Et grand.

— Chez nous, tu veux dire.

Et enfin, je lui fais décrocher son premier sourire franc. Je reprends son énorme sac de sport sur l'épaule, et l'amène dans la pièce à vivre. J'aime bien mon appartement. Au début, mes parents me payaient le loyer de celui-ci le temps de ma récupération suite à ma blessure, quand je ne pouvais rester au Centre. Puis je l'ai gardé, étant plus spacieux que les petits studios pour sportifs là-bas, et surtout, parce que j'avais l'impression d'être encore plus un adulte comme c'était mon cocon, et non un toit prêté par le Centre. D'autant plus qu'avec mes revenus, je peux désormais payer mon loyer moi-même, ce qui c'est pas rien pour un bien dans la capitale. Deux chambres, une pièce à vivre séparée de la cuisine, une salle de bain, et la cerise sur le gâteau : un balcon. Ma plus grande fierté, même si pour l'instant, il sert plus de cimetière aux pots de fleurs qui contenaient autrefois des succulentes données par Cynthia. Je n'ai pas la main aussi verte qu'elle. Et mes deux semaines aux Bahamas ont fini le carnage.

— Donc, là c'est la salle de bain, à côté les toilettes, ici, ma chambre, et en face, ce sera la tienne. Bon, par contre, je me servais de la chambre d'amis un peu comme débarras, mais t'inquiète, je récupérerai mes affaires.

— Non, mais ne t'inquiète pas, me rassure Zihao.

Il ne sait pas. Mais dès qu'il a mis un pied dans la pièce, son visage se décompose un peu. En soit, rien ne traîne sur le lit, parce que j'ai l'habitude qu'un Ivan complètement torché m'appelle à trois heures du mat pour que je l'héberge sur ce dernier. En revanche, l'immense bibliothèque en face contient tous mes mangas, pour la plupart rangés, mais dont plusieurs piles viennent s'entasser au sol. Si on ajoute les figurines, les boites de jeux vidéo et toutes les babioles qui traînent -souvenirs de vacances-, c'est un peu critique. Sachant qu'ici est la planque de tout le bazar que je ne peux pas mettre dans la pièce à vivre, pour ne pas ressembler à un type trop bordélique, ou pour éviter que ma mère fasse un scandale quand elle débarque à l'improviste dans mon appartement (c'est son chic).

J'ouvre les portes coulissantes présentes dans cette chambre, et fais un peu la moue devant mon matériel encombrant de ski et de patinage qui y traîne, ainsi que quelques poids et objets fitness.

— Je te ferai de la place, déclaré-je, mais un peu déprimé face à la tâche qui m'attend.

Zihao doit regretter son choix. Dans un hôtel, à part un peignoir blanc et deux savons pour le corps, il n'aurait rien eu de plus dans un placard.

— Je t'aiderai à ranger si tu veux. Je peux garder mes vêtements dans mes valises en attendant.

— Non, ce sera l'occasion de faire du tri. Je suis vraiment désolé.

— C'est déjà très gentil à toi de m'héberger.

Je commence donc à entasser tous les mangas au sol ensemble, histoire d'en faire une seule pile géante. Bon, j'achèterai un autre meuble d'étagères. Zihao installe sa valise dans l'espace dégagé, tandis que je m'approche des portes coulissantes. Je regarde les sept paires de patins qui trainent. Sachant que j'en ai toujours une dans mon sac, et celle de compétition dans mon casier du centre. J'abuse, clairement. Surtout qu'il y en a où la lame ne pourrait même pas couper une plaquette de beurre.

— ­Bon, j'ai au moins trois paires à jeter, me résigné-je.

— Je te jure que ça peut attendre, sinon...

RevalerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant