15 : Chamallows grillés

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Chanson : I want it all

Groupe : The Script

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Un sourire fier et malicieux se dessine sans doute sur mon visage quand je vois l'étonnement qui s'imprime sur celui de Zihao, sortant tout juste de la gare. Il s'attendait probablement à ce que je vienne le récupérer pour faire le chemin à pied, et non que je sois adossé contre un magnifique SUV noir rutilant.

— J'ai raté un truc, déclare-t-il en fronçant les sourcils, tandis que tel un gentleman, je prends sa valise pour la glisser dans le coffre (je fais ça en réalité pour qu'il ne découvre pas ce que j'ai rangé dans ce dernier).

Zihao s'installe côté passager, je reprends ma place côté chauffeur, non sans crâner face à sa surprise omniprésente.

— Tu es allé chez un concessionnaire automobile pendant mon absence ? Ou tu as fait un hold-up chez un concessionnaire ? demande-t-il.

— Je suis un honnête homme, qui a emprunté la voiture d'Ulrick. Bon, tu le connais, il est tellement maniaque que forcément, on dirait que sa voiture sort du concessionnaire.

La réalité sonnerait plus comme un : « j'ai supplié Ulrick avec dix arguments différents pour qu'il me laisse sa voiture ». Ce n'est pas qu'il ne me fait pas confiance, mais Ulrick est maniaque. Trop maniaque. Donc il m'a mis trente fois en garde, minimum, sur le fait qu'il ne fallait pas manger dans sa voiture, faire attention à ne pas l'accrocher, et éviter de monter dedans avec des chaussures poussiéreuses. Ulrick, quoi.

— Et tu as ton permis, au moins ?

— Zihao ! Quand même ! Oui, j'ai mon permis. Tu crois vraiment qu'Ulrick aurait laissé sa voiture à quelqu'un qui ne l'a pas ? J'ai même dû lui dire mon score à l'examen. Si ça t'intéresse aussi, j'ai eu un quasi sans faute.

— Je te crois. Et du coup, tu ne voulais pas me faire marcher jusqu'à ton appart ?

— Nope. J'ai une surprise.

D'un coup, je vois ses yeux qui s'écarquillent, et se mettent presque à pétiller. Un éclair de joie vient illuminer son visage. Et je crois que je donnerais tout, à ce moment-là, pour que le temps se fige et que je puisse rester là, à l'admirer.

— Une surprise ? répète-t-il. C'est quoi ?

— Hé, si je te le dis, ça n'en sera plus une. J'espère que tu n'avais rien de prévu jusqu'à demain, parce que désormais, c'est le cas.

— Je... Morten ! Et Jones ?

Je ricane, et probablement que cela fait encore plus flipper mon ami.

— Il a reçu un appel de ton père disant que tu restais finalement un jour de plus avec lui, ça faisait tellement longtemps que vous ne vous étiez pas vus...

— Mais... Comment tu as fait ?

— Désormais, Ivan est ton père. Promis, je lui dirai d'éviter d'appeler l'entraîneur quand il est bourré en soirée.

Je fais éclater de rire Zihao. Et je réalise. Quand je l'entends rire dans cette voiture, un rire clair, heureux, mélodieux. Je réalise que c'est le plus beau son sur Terre pour moi. Zihao se redresse sur son siège, d'un coup pris d'une excitation nouvelle et augmente le son sur l'autoradio qui diffuse ma playlist (désolé Ulrick, la tienne était... Zihao allait croire que je l'amenais pour une valse). La musique résonne fortement dans l'habitacle, et je l'entends commencer à chantonner. C'est du danois, et comme à son habitude, il baragouine quelque chose d'incompréhensible, mais il y met tout son cœur. Alors, je fais de même. Une cacophonie retentit la plupart du temps de la voiture, mais quand les chansons sont en anglais, avec nos niveaux respectifs, on arrive à tenir concurrence aux plus grands groupes de rock et de pop dans ce monde (au moins).

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