39 : L'ange déchu

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Musique : Memento (artiste : Toru Kitajima)

Si vraiment je devrais vous conseiller une seule musique, ce serait celle-là, qui va parfaitement avec la chorégraphie de Morten. Ah, et écoutez les autres chansons de l'artiste, c'est une de mes pépites. 

Bonne lecture, Chloé (c'est un de mes chapitres prefs, j'espère que vous aimerez aussi)

***

Mon plan se déroule à la perfection, comme si les astres, après m'avoir longtemps détesté, étaient enfin de mon côté. Peut-être parce qu'ils comprennent que je fais ça pour la personne qui représente mon univers entier.

Je me réveille à l'aube, provoquant des grognements de la part d'Aske, qui se frotte les yeux sans toutefois se lever. Je vais prendre une rapide douche, avant que quelques coups retentissent sur ma porte. J'ouvre cette dernière, face à une Eden à peine éveillée, mais dont les yeux gonflés par le sommeil s'écarquillent à ma vue.

— Wow, Morten, je...

— Oliver m'a arrangé le costume de Zihao hier soir, expliqué-je simplement, face à ses prunelles qui détaillent chaque centimètre de mon corps camouflé par un vêtement noir et provoquant, qui m'avait déjà marqué le jour où je l'avais découvert dans l'atelier de notre styliste.

— Une bouille d'ange dans un corps de diable. Laisse-moi te maquiller pour te rendre plus démoniaque encore, ajoute-t-elle avec un sourire mesquin.

Eden a compris où je voulais en venir. On s'est installés dans ma salle de bain, où pendant près d'une demi-heure, ses pinceaux ont effleuré ma peau. Quand je découvre mon nouveau visage dans le miroir, je souris. Je n'ai plus seulement le regard qui donne l'impression d'être sorti des enfers pour se venger comme la veille, désormais, j'en ai le visage. Mes yeux sont cernés d'un fard vaporeux, intensément obscur près de mes yeux, tirant vers l'argenté léger plus loin sur mes paupières, accentués par la pâleur exacerbée de ma peau. Mes lèvres sont elles aussi peintes d'un noir métallisé.

— Il manque juste un dernier détail, mon cher ange déchu, déclare Eden.

— Ah bon ?

Elle me montre un pot de vernis noir. Je souris. C'est comme si elle lisait dans mes pensées. Je pense qu'elle a deviné, au fond.

— ­Fais-toi plaisir, Eden.

Je suis fin prêt quand il est un peu moins de huit heures. Aske se réveille enfin complètement, et reste abasourdi quelques secondes face à ma silhouette.

— Wow, tu me réveillerais en pleine nuit, je croirais à un cauchemar. Ou à un fantasme, j'ai encore du mal à décider.

Je souris, peut-être narquoisement. Son frère ne tarde pas à nous rejoindre dans ma chambre, ne masquant pas lui aussi sa surprise.

— Bon, je crois que notre plan « révolution du patinage artistique » va commencer, j'ai hâte ! s'écrit-il.

— Je vous rejoins tout à l'heure. J'essaierai de calmer Katrina qui se demandera où tu es parti, comprend Eden.

— Merci.

— Je t'en prie. Si jamais tu as besoin d'une retouche de maquillage de dernière minute, je te laisse mes palettes.

— Merci encore.

La seconde partie de mon plan est la plus compliquée : partir de l'hôtel sans être remarqué, malgré mon maquillage et mon costume. J'enfile un énorme sweat à capuche pour me camoufler au mieux, sans savoir si ça marche réellement. C'est pour cela que les deux hockeyeurs me sont d'une grande aide. Ils arrêtent un taxi et montent avec moi, m'aidant également à porter mes sacs de matériel. Le trajet se passe sans un bruit, la tension commençant à monter dans mon corps, mais se transmettant probablement à celui de mes amis. J'arrive largement en avance à la patinoire olympique de Toronto. Hugh se charge d'aller chercher mon ordre de passage tandis que je me dirige avec Aske dans le couloir isolé que j'avais repéré sur le plan des lieux la veille. Personne ne doit y passer, vu la poussière des lieux. Il y a même des toilettes dans un coin et un vieux miroir cassé en deux. Je regarde mon reflet qui n'a pas changé.

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