14 : Espoirs des JO

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C'est en raison de mon nouveau programme d'étirements que le midi, au lieu de manger avec Aske et les gars de l'équipe de hockey comme on le fait souvent avec Zihao, je rejoins Ulrick et Freya, ainsi que Cynthia. L'ambiance est lourdement pesante, parce qu'Ulrick et Freya ne s'adressent pas un moindre mot lors du repas, et Cynthia me jette des regards de tueur. Elle s'est encore levée du mauvais pied celle-là.

Quand on arrive dans la salle de danse, Madame Anastasia, ancienne danseuse du corps de ballet russe de l'opéra de Moscou nous attend. Bon clairement, dès qu'on la retrouve, on sait que l'on va morfler. Freya s'installe dans les tribunes, en raison d'une blessure au genou qu'elle s'est fait la veille et qui nécessite un peu de repos. Anastasia murmure juste un « mhh » convaincu, avant de nous faire signe de nous placer près des barres de danse classique.

— Position. Et un, deux, trois.

Anatasia a un accent russe quand elle parle anglais qui pourrait lui donner un air comique ou adorable, mais qui n'est qu'un leurre face à ses attitudes de tyran. Ah, elle ne vient pas du pays de Staline pour rien.

— Cynthia, ton dos ! Si tu arrêtais de toujours grignoter des conneries, tu serais bien plus souple ! A Moscou, si j'avais mangé comme toi, j'aurais à peine fait deux jours !

Ajouté à cela, Anastasia nous rappelle toujours son passé de ballerine, qui est sa plus grande fierté. Elle n'en a rien perdu, entre son maquillage toujours impeccable et son chignon strictement serré, ainsi que ses manières délicates. C'est peut-être un tyran, mais comme tous les tyrans, je fais partie du peuple qui les aime quand même, en raison d'une admiration démesurée. Elle est exigeante, mais c'est une excellente professeure. Et puis elle m'aime bien depuis que j'ai énormément amélioré mes compétentes. Je partais de loin avec mes blessures qui me rendaient raide comme un piquet.

— Ulrick ! C'est quoi, cette souplesse de planche de bois ? C'est terrible ! Ah, où est passé l'ancien Ulrick aussi souple qu'un chat ?

Je tourne la tête vers Ulrick qui masque un sourire quand la professeure lui parle avec son accent russe, ses R roulés et ses V qui sont infiniment longs.

— Morten, concentre-toi ! D'habitude, tu fais l'imbécile avec ton colocataire, alors profitons du fait que tu puisses être au maximum de tes capacités aujourd'hui ! Allez, en position de grand écart vertical.

Comme mes deux amis, je m'éloigne légèrement de la barre que j'accroche avec mes deux mains, avant de lever délicatement ma jambe gauche. Mon dos se courbe, mes cuisses se tendent, mais je ne ressens rien. Je repense parfois au petit Morten, qui grimaçait dès qu'il fallait effectuer ces exercices de souplesse exigeants. Mais finalement, j'en ai tellement fait qu'aujourd'hui, j'effectue un grand écart sans aucune difficulté, naturellement, comme si j'avais simplement fait un pas.

— Cynthia, c'est quoi ce grand écart ? Les deux hommes à côté de toi y arrivent mieux !

— J'aime pas les étirements...

— On ne peut pas faire que des sauts en patinage ! Tu es aussi souple qu'un hippopotame ! Tu ne fais pas suffisamment bien tes exercices d'étirements tous les jours, j'en suis sûre.

Cynthia maugrée, donnant malgré elle raison à notre coach. On peut parler de ma désinvolture, mais Cynthia marque pas mal de points elle aussi.

— Regarde Morten, lui, il nous fait une figure parfaite ! Ta souplesse s'est vraiment améliorée depuis ton rétablissement complet et ta carrière en individuel, me complimente la professeure.

— Merci.

— C'est vrai, je critique beaucoup mais...

— Tu fais que ça, Anastasia, lui rétorque Ulrick.

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